Illustration et quatrième de couverture
« Ce n’est qu’une illusion terrestre de croire que les minutes s’égrènent comme les grains d’un chapelet et qu’une fois disparues elles le sont pour de bon. »
Billy Pilgrim mène plusieurs existences à la fois. Il fait des sauts dans le temps et l’espace : il est tantôt un vieil opticien américain, tantôt un tout jeune vétéran qui revit sa lune de miel ou bien encore un humain que les Tralfamadoriens ont kidnappé pour l’exhiber dans un zoo sur leur planète.
Et surtout, Billy est ce soldat américain prisonnier à Dresde dans un ancien abattoir au moment du bombardement et de la destruction totale de la ville en 1945.
Billy Pilgrim mène plusieurs existences à la fois. Il fait des sauts dans le temps et l’espace : il est tantôt un vieil opticien américain, tantôt un tout jeune vétéran qui revit sa lune de miel ou bien encore un humain que les Tralfamadoriens ont kidnappé pour l’exhiber dans un zoo sur leur planète.
Et surtout, Billy est ce soldat américain prisonnier à Dresde dans un ancien abattoir au moment du bombardement et de la destruction totale de la ville en 1945.
Abattoir 5, page de titre | Photo @ Bruno Blanzat, édition privée
Fiche de lecture
La quatrième de couv nous parle tout de suite de Billy Pilgrim, mais on oublie que c’est le livre d’un gars, Kurt Vonnegut Jr., qui « a participé à l’offensive des Ardennes avant d’être fait prisonnier à Dresde ». Ville ouverte, garantie sans arme ni armée, mais que l’armée américaine a pilonnée, faisant plus de morts qu’à Hiroshima. L’auteur était enfermé dans l’abattoir n°5, là où l’on égorgeait les porcs.
De ce souvenir si grave, il a cherché longtemps à en faire un livre. Mais il ne savait pas par quel bout prendre cette histoire. Il nous le dit dès la première ligne, « c’est une histoire vraie, plus ou moins », des fois qu’on n’aurait pas pigé ce qu’il se passe dès la page de titre (voir photo ci-contre).
Alors il va chercher un type qui a connu l’horreur comme lui, mais pas franchement enthousiaste à l’idée de retourner là-bas, de revivre ces instants. Alors il convoque Billy Pilgrim, le héros américain archétypal, une sorte de Forrest Gump, celui qui traverse les époques et à travers lequel on redécouvre l’Histoire, la grande, celle avec un H qui vous écrase.
Billy Pilgrim est particulier, il a été enlevé par les Tralfamadoriens, des extraterrestres qui lui ont appris une chose essentielle :
« Une personne qui meurt ne meurt pas vraiment. Elle continue à vivre dans le passé et il est totalement ridicule de pleurer à son enterrement. Le passé, le présent, le futur ont toujours existé, se perpétueront à jamais. (...) Ce n’est qu’une illusion terrestre de croire que les minutes se succèdent comme les grains d’un chapelet et qu’une fois disparues elles le sont pour de bon. »
Donc, quand on annonce la mort de quelqu’un, ou de quelques-uns, la seule réponse appropriée est Tralfamadorienne : « Ainsi vont les choses ».
C’est important de poser ce préalable, parce que le reste de l’histoire est une litanie de « ainsi vont les choses », une succession de morts absurdes ou atroces, révoltantes, répugnantes. Mais l’émotion de ces vies fauchées se trouve toujours emportée par le cours du temps : ainsi vont les choses. On reste malgré tout frustré : où vont-elles ? So it goes dans la version originale : le fataliste accepte ce qui advient, pas forcément ce qui est.
De ce souvenir si grave, il a cherché longtemps à en faire un livre. Mais il ne savait pas par quel bout prendre cette histoire. Il nous le dit dès la première ligne, « c’est une histoire vraie, plus ou moins », des fois qu’on n’aurait pas pigé ce qu’il se passe dès la page de titre (voir photo ci-contre).
Alors il va chercher un type qui a connu l’horreur comme lui, mais pas franchement enthousiaste à l’idée de retourner là-bas, de revivre ces instants. Alors il convoque Billy Pilgrim, le héros américain archétypal, une sorte de Forrest Gump, celui qui traverse les époques et à travers lequel on redécouvre l’Histoire, la grande, celle avec un H qui vous écrase.
Billy Pilgrim est particulier, il a été enlevé par les Tralfamadoriens, des extraterrestres qui lui ont appris une chose essentielle :
« Une personne qui meurt ne meurt pas vraiment. Elle continue à vivre dans le passé et il est totalement ridicule de pleurer à son enterrement. Le passé, le présent, le futur ont toujours existé, se perpétueront à jamais. (...) Ce n’est qu’une illusion terrestre de croire que les minutes se succèdent comme les grains d’un chapelet et qu’une fois disparues elles le sont pour de bon. »
Donc, quand on annonce la mort de quelqu’un, ou de quelques-uns, la seule réponse appropriée est Tralfamadorienne : « Ainsi vont les choses ».
C’est important de poser ce préalable, parce que le reste de l’histoire est une litanie de « ainsi vont les choses », une succession de morts absurdes ou atroces, révoltantes, répugnantes. Mais l’émotion de ces vies fauchées se trouve toujours emportée par le cours du temps : ainsi vont les choses. On reste malgré tout frustré : où vont-elles ? So it goes dans la version originale : le fataliste accepte ce qui advient, pas forcément ce qui est.
Abattoir 5 | Photo @ Bruno Blanzat, édition privée
La force de cette tournure d’esprit Tralfamadorienne, c’est sa capacité réparatrice, très émouvante, de la marche arrière :
« Les bombardiers ouvrent leur trappe, déploient un magnétisme miraculeux qui réduit les incendies, les ramasse dans des cylindres d’acier et enfourne ceux-ci dans le ventre des coucous.(...) Au-dessus de la France, les chasseurs allemands paraissent de nouveau et remettent tout et chacun à neuf. Quand les bombardiers regagnent leur base, les cylindres d’acier sont ôtés des râteliers et réexpédiés aux Etats-Unis où les usines tournent nuit et jour pour les démanteler et séparer les dangereux composants, les réduisant à l’état de minéraux. Il est émouvant de voir que le travail est surtout accompli par des femmes. Puis on envoie ces minéraux à des spécialistes, dans des régions lointaines. Il s’agit pour eux de les enfouir, de les dissimuler habilement, afin qu’ils ne puissent jamais plus nuire à personne. »
La sagesse se trouve aussi logée entre les seins de Montana Wildhack, la compagne de captivité de Billy quand il séjourne chez les Tralfamadoriens :
« Que Dieu m’accorde la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de transformer celles qui s’y prêtent, et la sagesse de toujours savoir les distinguer. »
« Les bombardiers ouvrent leur trappe, déploient un magnétisme miraculeux qui réduit les incendies, les ramasse dans des cylindres d’acier et enfourne ceux-ci dans le ventre des coucous.(...) Au-dessus de la France, les chasseurs allemands paraissent de nouveau et remettent tout et chacun à neuf. Quand les bombardiers regagnent leur base, les cylindres d’acier sont ôtés des râteliers et réexpédiés aux Etats-Unis où les usines tournent nuit et jour pour les démanteler et séparer les dangereux composants, les réduisant à l’état de minéraux. Il est émouvant de voir que le travail est surtout accompli par des femmes. Puis on envoie ces minéraux à des spécialistes, dans des régions lointaines. Il s’agit pour eux de les enfouir, de les dissimuler habilement, afin qu’ils ne puissent jamais plus nuire à personne. »
La sagesse se trouve aussi logée entre les seins de Montana Wildhack, la compagne de captivité de Billy quand il séjourne chez les Tralfamadoriens :
« Que Dieu m’accorde la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de transformer celles qui s’y prêtent, et la sagesse de toujours savoir les distinguer. »