D'Amour, d'historiens & d'éléphants | Lorris Murail | 2023

Intégrale des nouvelles de Lorris Murail réalisée par Bernard Henninger

Par | 26/08/2023 | Lu 322 fois




Illustration et quatrième de couverture

D'Amour, d'historiens & d'éléphants @ 2023 Blogger de Loire | Illustration de couverture @ Vael Cat
La première fois que j'ai suis entré en contact avec Lorris Murail, je lui ai demandé s'il serait intéressé par la publication d'une nouvelle. Il m'a répondu :

— Tout ce que j'ai a été publié.

Je n'étais pas particulièrement surpris que quelqu'un qui écrive aussi bien n'ait rien de disponible, je m'apprêtais à renoncer quand il a rajouté :

— Enfin, si, mais quelque chose qui ne ressemble à rien...

(Bernard Henninger)

A propos de cette intégrale

D'Amour, d'historiens & d'éléphants est un recueil intégral des nouvelles de Lorris Murail (1951-2021) réalisé par mes soins. Des textes absolument introuvables ont été remis d'aplomb, exhumés d'archives obscures ou secrètes, on y redécouvre le premier texte potache d'un jeune homme, et des textes d'une grande lucidité sur le climat des années baba...

Lorris Murail était un écrivain engagé et ses nouvelles nous entraînent dans une ambiance à cheval entre fantastique, poésie et ironie.

Voici des perles qui témoignent des années soixante-dix/quatre-vingt avec une justesse qui les rend – paradoxalement – puissamment actuelles...

FRAGMENTS DE LUTTE (extrait de la préface de François Landon)

Un garçon un peu extérieur à notre bande d’amies et d’amis – c’était les années 70, on ne disait pas alors la bande, mais la famille – nous l’avait présenté. Lorris s’intégra aisément, avec ses yeux en amande d’un vert surnaturel, son mépris du style vestimentaire, sa culture originale et sa bonté qui dépassait de loin la simple gentillesse. Piéton de Paris et gastronome actif, il battait la ville pour rapporter l’ingrédient qui mettrait le point d’orgue à une recette d’exception, telles ses côtes de marcassin et poires mi-pochées, sur une sauce au cacao. Leur perfection a traversé les années. Doué du sens du jeu, il achetait à Drouot, lorsqu’il était en fonds, une ou deux caisses de vins anciens dont il nous faisait profiter. Il se trompait rarement. Plus tard, alors qu’il testait des restaus pour Gault & Millau Magazine, je l’ai vu, tête mi-levée, heureux mais concentré comme un laser sur sa cible, analyser la bouchée, la gorgée et, de son écriture aigüe, noter d’un jet le verdict.

Il s’attelait toujours à son clavier aux petites heures de la nuit, quand aucun parasite n’empêcherait son imagination de s’étendre aux limites de l’univers. Lui créait à contre-temps du monde des vivants. Vivait-il aussi à contre-temps ? Partiellement sans doute, comme le Jack des ombres de Zelazny vit partagé entre la science et la magie. Il eut un temps deux bureaux, se faisant face et séparés par une cloison, chacun dédié à une œuvre en cours.

(préface, extrait, François Landon)

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