Derniers poèmes | Late in the Day & So Far so Good | Ursula K. Le Guin | 2015

Par | 13/01/2024 | Lu 369 fois




Illustration et quatrième de couverture

Adulée pour ses chefs-d’œuvre de science-fiction et de fantasy, Ursula K. Le Guin (1929-2018) se voyait avant tout comme une poétesse. Les éditions Aux forges de Vulcain publient pour la première fois en français une partie de cette œuvre poétique magistrale. Jouant avec les formes traditionnelles de la poésie de langue anglaise et les influences taoïstes qui lui étaient chères, Ursula K. Le Guin écrit une poésie à la fois quotidienne et métaphysique. Ses deux derniers recueils sont un regard en arrière et une réflexion lancinante sur le grand âge et la mort comme voyage vers l’ouest.

Sommaire

- En fin de journée (Late in the day), poésie
- Jusqu'ici tout va bien (So far so good), poésie

Fiche de lecture

Cherchant des cadeaux de Noël pour des amies au rayon poésie, je suis tombé sur ce recueil inédit dUrsula K. Le Guin, édité par Les Forges de Vulcain que nous ne saurions trop remercier de sattaquer enfin à cette partie importante de son œuvre.
 
Intitulé, Derniers poèmes, il reprend deux recueils édités en langue anglaise, Late in the day (En fin de journée, 2015) So far so good (Jusquici tout va bien, 2018). L’édition prend le soin de nous proposer une version bilingue qui retrouve avec bonheur le style elliptique et expressif de cette grande autrice.
 
On mesure la taille de l’œuvre à sa diversité : Ursula K. Le Guin est devenue célèbre par ses romans, mais elle na jamais cessé de s’épanouir dans tous les genres, que ce soit à lintérieur de la fiction, où elle a abordé avec la force que lon sait, tant la science-fiction, la fantasy, que le récit historique et fantastique, dans une veine proche de Tolstoï ou Dostoïevsky (Chroniques Orsiniennnes) ou dans dautres formes, beaucoup de nouvelles — dont certaines ne sont pas encore traduites —, où elle sessaie aussi au récit féministe, des formes plus étonnantes, mais aussi des conférences, des traductions et enfin cette partie si importante de son œuvre, la poésie. Joublie les récits pour lenfance.
 
Sa poésie explore la nature, se remémore lesprit du Taoïsme, le Tao Te King… Je trouve remarquable la langue, l’épure et sa recherche du sens qui se résume par la quête d'une sobriété dans l'expression. Ursula K. Le Guin se caractérise par une économie du mot : elle affine son écriture par la concision, donne toute sa force à un mot, et entrelace ainsi les sens par la parenté qu'ils entretiennent par leur proximité.
 
Je me contenterais dun exemple, « Parenté » (page 19) que je recopie ci-dessous.

Parenté

Dans la forêt, le grand arbre se consume doucement
  dressé dans le léger creux de la neige
  que fait fondre autour de lui la chaleur subtile et tenace
  de son être et de sa volonté d’être
  racines, tronc, feuilles, et de connaître
  la terre noire, le soleil éclatant, la caresse du vent, le chant de
                                                                           l’oiseau.
 
Sans racine, sans répit, êtres au sang tiède,
  nous brûlons de ce brasier qui nous rend
  aveugles à ce haut frère lent, feu de vie aussi vigoureux
  aujourd’hui que dans la jeune pousse il y a deux siècles

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