Destination ténèbres @ 2011 Denoël | Illustration de couverture @ Manchu
Illustration et quatrième de couverture
En mission d'exploration sur Séthi IV, le jeune Moineau dévisse d'une falaise. Echappant miraculeusement à la mort, il est rapatrié sur son vaisseau-génération, l'Astron, pour y être soigné.
Alors qu'il se remet lentement de ses blessures à l'infirmerie, on tente, sans succès, de l'empoisonner.
Guéri, mais amnésique, Moineau ne peut que redécouvrir le monde où il est né : un vaisseau délabré, hanté par un équipage indifférent, voire hostile.
Le capitaine de l'Astron, immortel, semble avoir perdu la raison : il veut traverser la Nuit, une partie de la Galaxie totalement dénuée d'étoiles, pour aller chercher des signes de vie extraterrestre de l'autre côté.
Un voyage de cent générations, qui paraît bien impossible pour un vaisseau aussi abîmé que l'Astron.
Alors qu'il se remet lentement de ses blessures à l'infirmerie, on tente, sans succès, de l'empoisonner.
Guéri, mais amnésique, Moineau ne peut que redécouvrir le monde où il est né : un vaisseau délabré, hanté par un équipage indifférent, voire hostile.
Le capitaine de l'Astron, immortel, semble avoir perdu la raison : il veut traverser la Nuit, une partie de la Galaxie totalement dénuée d'étoiles, pour aller chercher des signes de vie extraterrestre de l'autre côté.
Un voyage de cent générations, qui paraît bien impossible pour un vaisseau aussi abîmé que l'Astron.
Fiche de lecture
La seule chose dont je me souviens, c'est que j'ai vu quelque chose d'extraordinaire le matin du jour où je suis mort. J'avais accompagné l'équipe à bord du Module d'atterrissage à six heures, alors que le soleil du système projetait un délicat éclat lavande sur le sol de la vallée. J'étais le dernier à descendre l'échelle et, comme ma botte s'était prise entre deux barreaux, j'ai dû faire un saut de côté pour ne pas me vautrer sur la surface de la planète. Apparemment, personne n'a rien remarqué, mais les indicateurs de stress ont sifflé dans mon casque et mon écran a affiché en accéléré une série de diagrammes, qui s'est interrompue un instant pour reprendre aussitôt. Pulsations cardiaques anormales, respiration anormale, sécrétions corporelles anormales... La séquence de chiffres présentait elle aussi une anomalie, un clignotement trahissant un court-circuit, et j'ai étouffé un juron. J'avais inspecté le baudrier électrique et l'affichage du casque avant de quitter le vaisseau et je savais qu'un de mes équipiers était repassé derrière moi. Cela n'aurait pas dû se produire.
En explorant une planète inconnue, Moineau est victime d'un grave accident et tombe dans le coma. Lorsqu'il se réveille, il est à l'infirmerie à bord de l'Astron, un vaisseau-génération, son monde. Il souffre d'amnésie, mais étonnement, personne ne semble enclin à l’aider à retrouver la mémoire. Le jeune homme va donc devoir se débrouiller tout seul pour ce faire et récolter des indices lui permettant de comprendre qui il est et quelle est sa place à bord. Ce faisant, on tente de l’assassiner à plusieurs reprises ! Qui aurait intérêt à ce qu’il disparaisse ? Pourquoi en veut-on à sa vie ?
En reconstituant pas à pas son passé, Moineau (re)fait la connaissance de Michael Kusaka, le Capitaine de l’Astron. Et tandis que le mystère autour de la personnalité de Moineau s'épaissit, ce dernier apprendra que Kusaka est bien plus âgé qu’il en a l’air (il a 2000 ans !), et qu’il est obnubilé par un seul et unique but, au détriment de la vie de l’actuel équipage et de son avis général : traverser les Ténèbres car il est convaincu qu’à l’autre bout se trouve de la vie extraterrestre, une découverte qui est le but ultime et absolu de la mission de l’Astron et de son Capitaine.
"Sais-tu pourquoi nous sommes ici, Moineau ? […] Devant nous s'étendent les Profondeurs, Moineau. Notre vaisseau est le premier que la Terre ait envoyé les explorer, nous sommes l'avant-garde de la civilisation. On nous a confié la mission la plus importante qu'ait jamais eu à remplir un groupe d'êtres humains : découvrir des formes de vie différentes de la nôtre. Dans toute l'histoire de notre espèce, on ne connaît pas d'événement plus important que le lancement de notre vaisseau. [...] La Galaxie est plus vaste que l'imagination ne peut le concevoir, Moineau : des milliards d'étoiles, des millions de planètes, des centaines de milliers de civilisations et un nombre indéterminé de créatures qui rampent, nagent, volent ou vivent dans la boue. [...] La plupart de ces civilisations sont pacifiques. Mais pas toutes. Quoi qu'il en soit, nous serons les premiers à proclamer à nos semblables que nous ne sommes pas seuls, que le Dieu qui guide notre destinée guide aussi les leurs. Ton nom appartiendra à l'Histoire, Moineau. Ainsi que le mien et ceux de tous les membres d'équipage."
Narré à la première personne, c’est-à-dire par Moineau, cet ouvrage est une très bonne surprise. En effet, il est intéressant de découvrir la vie à bord de l’Astron, son équipage, ainsi que l’univers dépeint par l’auteur en même temps que son personnage principal qui est amnésique. Ce huis-clos, bourré de suspense et de bons ingrédients (mutinerie, complots, intrigues, étrangetés...), est passionnant. C'est aussi une belle histoire humaine. Et la touche finale, totalement imprévisible (du moins, je ne l’ai pas vue venir), m’a bluffée et fait sourire !
Ici pas d’explications techniques, ni de grandes réflexions : même si son intérieur est délabré, le vaisseau fonctionne parfaitement depuis des centaines d’années et les choses sont telles qu’elles sont. Cela paraît de prime abord peut-être un peu facile, mais ça fonctionne, car le récit de Moineau est suffisamment intrigant pour nous faire oublier le manque de contraintes techniques.
L’histoire de Moineau est bien racontée, parce que cette impression constante que ce qu’on lui montre ou voudrait lui faire croire n’est pas vraiment la vérité/réalité, un peu comme une sorte de décalage permanent, est insolite. Au fond, on a le sentiment que Moineau n’a pas vraiment sa place à bord de l’Astron et qu’il détonne avec le cadre, et on ne cesse de s’interroger sur le « pourquoi » de ce sentiment.
Si Moineau est un personnage auquel on s’attache vite, le Capitaine Kusaka, quant à lui, inspire de la crainte et du respect, tout en titillant notre curiosité. Il peut se montrer fort agréable, et l’instant d’après, c’est un être que ses convictions les plus profondes rendent tyrannique et sans pitié, à l’instar du Capitaine Achab (Moby Dick). C'est qu'il en impose, le Kusaka, quel panache !
En conclusion, j’ai beaucoup aimé ce thriller SF. Cette transposition de la légende de Moby Dick sur fond étoilé est un très beau roman, une lecture que je vous recommande absolument !