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Doctor Who : Shada, L'Aventure perdue de Douglas Adams | Doctor Who : Shada, The Lost Adventure by Douglas Adams | Gareth Roberts | 2012

Par | 13/01/2014 | Lu 597 fois




À cinq ans, Skagra décida d’autorité que Dieu n’existait pas. Confrontés à une telle révélation, la plupart des habitants de l’univers éprouveraient un sentiment de soulagement ou sombreraient dans un désespoir absolu. Skagra, lui, commença à réfléchir. Une petite minute ! Si Dieu n’existe pas, il y a donc une place à prendre !

Rédigé à partir des scénarios du légendaire Douglas Adams pour la sérié télévisée, Shada narre une aventure qui n’a jamais été portée à l’écran, mettant en scène le sinistre Skagra, qui veut s’emparer de l’esprit du 4e Docteur…

Fiche de lecture

Imaginez donc en classe, la maîtresse demandant aux jeunes enfants ce qu’ils voudraient devenir plus tard. Au milieu des futurs pompiers, infirmières et pilotes de course, l’un d’entre eux annonce fièrement qu’il sera Dieu. Après un bref silence, la classe éclate de rire : « Pour qui se prend-il donc, celui-là ? » Pour le jeune Skagra, cela constituerait à coup sûr une humiliation de plus. Celle de trop. Skagra n’éprouve que du mépris pour les autres.
 
Bon, ceci n’est que mon interprétation. Dans le roman « Shada », on ne décrit pas l’enfance de Skagra. Et c’est à peine si l’on en sait plus sur son passé au bout de l’histoire. Mais là n’est pas le plus important.
 
Ce qui est certain, c’est que c’est un adversaire redoutable auquel se frotte le Docteur. Intelligent (et les connaissances qui lui manquent, il les prend chez les autres), inconnu (personne n’a vu venir la menace) et maître de ses émotions (ne faisant pas l’erreur de dévoiler trop tôt son plan, comme la plupart des « méchants »), il semble capable d’aller jusqu’au bout de son plan. Les plus gros obstacles à franchir sont son orgueil et un certain Seigneur du Temps…
 
Cependant le Docteur en a vu d’autres : les Daleks, les Cybermen ou le Maître sont sans doute les plus connus, mais d’autres, s’ils sont moins célèbres, n’en furent pas moins aussi redoutables. Et pourtant, ils ont tous été vaincus (provisoirement ou définitivement). Mais avec Skagra, cela semble tout de même encore une autre paire de manches. D’autant plus que celui-ci a souvent une longueur d’avance sur lui tout au long de cette aventure...
 
« Shada » est donc basé sur un scénario écrit par Douglas Adams pour la série télévisée du Docteur. L’histoire devait normalement clôturer la saison 17 à l’époque du 4e Docteur (Tom Baker). Une partie fut d’ailleurs partiellement tournée, mais des problèmes de production, ainsi qu’une grève en décida autrement. Au grand dam des acteurs, mais, apparemment au grand soulagement du scénariste, déçu par ce qu’il avait écrit et les contraintes qu’il avait subies.
 
On peut le regretter, car ce que nous offre l’adaptation littéraire de Gareth Roberts est tout bonnement impeccable. Les co-auteurs connaissaient - en tout cas - déjà l’univers qu’ils abordent, ayant tous deux travaillé précédemment sur des épisodes de la série télévisée. Une collaboration à travers le temps, puisque Douglas Adams, à qui on devait aussi le désopilant « Guide du voyageur galactique », est malheureusement décédé entre-temps.
 
Le texte est fluide et ne manque pas d’humour malgré la trame sérieuse, juste reflet de la nature « décalée » du Docteur, qui semble toujours prendre les choses à la légère, alors qu’il n’en est rien bien sûr. Les échanges entre le Docteur et Chronotis sont savoureux. Tous les personnages sont d’ailleurs vraiment bien campés. L’action, quoique soutenue, n’empêche pas quelques passages un peu plus calmes, ce qui permet aux personnages (et au lecteur !) de reprendre leur souffle. Le texte est donc bien balancé. Les courts chapitres qui le composent contribuent aussi à suivre aisément l’ensemble qui, pourtant, ne cesse de changer de décor.
 
L’apport de Gareth Roberts n’est pas négligeable, puisqu’il restait encore pas mal de trous dans le scénario à l’époque, qu’il a complété sur la base des notes d’Adams. Le tout tient parfaitement la route.
 
Seul bémol, mais purement lié à la traduction française : les quelques références culturelles, dans les premiers chapitres, sont françaises (« Cloclo », « Gérard Majax », …), ce qui n’a pas de sens quand on sait que l’on se trouve dans la ville de Cambridge ! Ce n’est pas énorme, mais cela n’aurait pas  demandé un effort insurmontable de trouver des références britanniques connues de ce côté-ci de la Manche, comme Elton John ou Houdini, par exemple ?
 
En conclusion, si « Shada » n’a pas pu devenir un épisode télé, on ne perd pas trop au change en lisant l’adaptation littéraire : les images défilaient dans ma tête tout en lisant les pages de l’ouvrage ! Ce que j’ai personnellement adoré, c’est d’y (re)trouver ce 4e Docteur grâce auquel j’ai découvert la série. A bien y réfléchir, cette aventure aurait aussi parfaitement convenu au 11e Docteur, vu que les deux incarnations partagent pas mal de traits de caractère. En résumé, un excellent roman, que je vous recommande chaudement !
 
Petite anecdote : même si « Shada » n’a pas vu le jour en tant qu’épisode télé, une version audio a été faite, mais adaptée au 8e Docteur ; des fans n’ont pas hésité non plus à compléter les scènes récupérées d’animations pour reproduire l’histoire.

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