Illustration et quatrième de couverture
Double étoile @ 1956 Hachette/Gallimard, Le Rayon Fantastique | Illustration de couverture @ Georges Pichard | Photo @ Bruno Blanzat, édition personnelle
Lorenzo Smythe, acteur sans emploi, est tout disposé à accepter n'importe quoi. y compris le verre que lui offre un homme qu'il sait cependant venir de l'espace.
Cette rencontre dans un bar lui vaudra le plus grand rôle de sa carrière : « doubler » John J. Bonforte, le chef de la coalition politico-expansionniste, l'homme le plus aimé, et le plus haï, du Système Solaire !
Mais cela, Lorenzo ne le découvrira qu'enlevé à bord d'un astronef en route pour Mars. Il se voit alors, dans un cauchemar terrible pour un acteur, de simple « doublure » devenir un véritable « double », pris dans la peau de son rôle comme dans un engrenage...
Et entraîné dans un conflit interplanétaire aux conséquences imprévisibles. C'est de son talent d'acteur à s'identifier complétement avec le personnage auquel il ne peut plus échapper, que dépend le sort de neuf planètes.
Cette rencontre dans un bar lui vaudra le plus grand rôle de sa carrière : « doubler » John J. Bonforte, le chef de la coalition politico-expansionniste, l'homme le plus aimé, et le plus haï, du Système Solaire !
Mais cela, Lorenzo ne le découvrira qu'enlevé à bord d'un astronef en route pour Mars. Il se voit alors, dans un cauchemar terrible pour un acteur, de simple « doublure » devenir un véritable « double », pris dans la peau de son rôle comme dans un engrenage...
Et entraîné dans un conflit interplanétaire aux conséquences imprévisibles. C'est de son talent d'acteur à s'identifier complétement avec le personnage auquel il ne peut plus échapper, que dépend le sort de neuf planètes.
Fiche de lecture
Lorenzo Smythe, acteur de seconde zone, se voit proposer un drôle de job : servir de doublure à l’un des hommes politiques les plus puissants du système solaire. Du bar où il se fait recruter malgré lui aux Nids de Martiens, en passant par New Batavia, la capitale de l’empire sur la Lune, Lorenzo doit jouer le rôle de sa vie.
« Si quelqu’un fait son entrée, vêtu comme un cul-terreux et qu’il se conduit comme si la maison lui appartenait, pas de doute, c’est un astro-navigateur ». Ainsi commence le récit de Lorenzo Smythe. Il ne se doute pas qu’il va devoir remplacer au pied levé John Joseph Bonforte, chef du parti expansionniste, qui a été enlevé par les hommes de main du parti de l’humanité.
Nous sommes dans un contexte politique où l’humanité vit sous un régime d’empire constitutionnel, avec un empereur qui remplit les mêmes fonctions que le roi d’Angleterre. Le véritable enjeu se trouve dans l’opposition entre le parti de l’humanité qui veut écraser toute forme de vie extraterrestre et le parti expansionniste qui penche pour la diplomatie. Le héros se retrouve donc à assumer « la manœuvre de politique interraciale et interplanétaire qui ait jamais été tentée. » On reconnaît ici les amours de jeunesse de Robert Heinlein, qui s’était engagé dans un mouvement socialiste aux côtés d’Upton Sinclair dans les années 1930. Certains passages taillent un costard au libéralisme : « la plupart des navigateurs se fichent du tiers comme du quart de savoir quel est le parti qui gouverne ou qui ne gouverne pas, tant qu’il y a de la marchandise à transporter à travers le ciel. Mais pour ça, il faut justement qu’il y ait du commerce. Et le commerce doit être bénéficiaire. Et pour qu’il le soit, il faut la liberté et surtout il ne faut pas de zones défendues. » C’est le cul-terreux du début qui nous dit ça, promu représentant parlementaire de l’Union des Pilotes et lobbyiste sur les droits de douanes.
L’histoire est pleine de rebondissements, et toujours sous l’œil acéré de Smythe. Ce dernier a un caractère de diva, mais également une expérience de la vie publique et une connaissance des affects qui lui permettent de se sortir à plusieurs reprises des pires situations, simplement par son jeu d’acteur. C’est le cas dès les premières pages, lorsqu’il doit échapper à des tueurs, et qu’il se fond dans le décor par ses astuces, comme le « détournement d’intérêt » : un uniforme ou un gros nez suffisent pour qu’on ne s’intéresse à rien d’autre, ou bien en changeant sa démarche, avec un caillou dans chaque chaussure. Mais attention : « ne pas tricher est l’essence même de l’art du comédien ». Cela vaut aussi pour les écrivains.
À travers ses tribulations, on explore un système solaire foisonnant. On découvre ainsi les Martiens, qui sont une société d’individus qui se reproduisent par scissiparité, faite de « frères-conjugués ». Ils ont remplacé le bien et le mal par le « convenable » et le « non-convenable. Ils ont une langue gutturale, faite essentiellement de Kkkk et Rrrr. On mesure également les conséquences d’un empire étendu, comme la question des résultats des élections : « l’univers extérieur et les circonscriptions sans territoire votaient avant la Terre, et même sur Terre, naturellement, le scrutin dure plus de trente heures, vu la durée de révolution du globe. »
C’est un vrai bonheur de suivre Smythe-Bonforte, qui refuse de monter sur scène pendant les trois-quarts du livre, qui s’acquitte de sa mission en artisan sûr de lui, cerné par une équipe de cow et golden boys, sans oublier Penny, l’unique et archétypal personnage féminin. Les personnages sont vraiment typiques, mais sympathiques, et leurs aventures bien écrites.
Robert Heinlein a obtenu son premier prix Hugo avec ce roman.
« Si quelqu’un fait son entrée, vêtu comme un cul-terreux et qu’il se conduit comme si la maison lui appartenait, pas de doute, c’est un astro-navigateur ». Ainsi commence le récit de Lorenzo Smythe. Il ne se doute pas qu’il va devoir remplacer au pied levé John Joseph Bonforte, chef du parti expansionniste, qui a été enlevé par les hommes de main du parti de l’humanité.
Nous sommes dans un contexte politique où l’humanité vit sous un régime d’empire constitutionnel, avec un empereur qui remplit les mêmes fonctions que le roi d’Angleterre. Le véritable enjeu se trouve dans l’opposition entre le parti de l’humanité qui veut écraser toute forme de vie extraterrestre et le parti expansionniste qui penche pour la diplomatie. Le héros se retrouve donc à assumer « la manœuvre de politique interraciale et interplanétaire qui ait jamais été tentée. » On reconnaît ici les amours de jeunesse de Robert Heinlein, qui s’était engagé dans un mouvement socialiste aux côtés d’Upton Sinclair dans les années 1930. Certains passages taillent un costard au libéralisme : « la plupart des navigateurs se fichent du tiers comme du quart de savoir quel est le parti qui gouverne ou qui ne gouverne pas, tant qu’il y a de la marchandise à transporter à travers le ciel. Mais pour ça, il faut justement qu’il y ait du commerce. Et le commerce doit être bénéficiaire. Et pour qu’il le soit, il faut la liberté et surtout il ne faut pas de zones défendues. » C’est le cul-terreux du début qui nous dit ça, promu représentant parlementaire de l’Union des Pilotes et lobbyiste sur les droits de douanes.
L’histoire est pleine de rebondissements, et toujours sous l’œil acéré de Smythe. Ce dernier a un caractère de diva, mais également une expérience de la vie publique et une connaissance des affects qui lui permettent de se sortir à plusieurs reprises des pires situations, simplement par son jeu d’acteur. C’est le cas dès les premières pages, lorsqu’il doit échapper à des tueurs, et qu’il se fond dans le décor par ses astuces, comme le « détournement d’intérêt » : un uniforme ou un gros nez suffisent pour qu’on ne s’intéresse à rien d’autre, ou bien en changeant sa démarche, avec un caillou dans chaque chaussure. Mais attention : « ne pas tricher est l’essence même de l’art du comédien ». Cela vaut aussi pour les écrivains.
À travers ses tribulations, on explore un système solaire foisonnant. On découvre ainsi les Martiens, qui sont une société d’individus qui se reproduisent par scissiparité, faite de « frères-conjugués ». Ils ont remplacé le bien et le mal par le « convenable » et le « non-convenable. Ils ont une langue gutturale, faite essentiellement de Kkkk et Rrrr. On mesure également les conséquences d’un empire étendu, comme la question des résultats des élections : « l’univers extérieur et les circonscriptions sans territoire votaient avant la Terre, et même sur Terre, naturellement, le scrutin dure plus de trente heures, vu la durée de révolution du globe. »
C’est un vrai bonheur de suivre Smythe-Bonforte, qui refuse de monter sur scène pendant les trois-quarts du livre, qui s’acquitte de sa mission en artisan sûr de lui, cerné par une équipe de cow et golden boys, sans oublier Penny, l’unique et archétypal personnage féminin. Les personnages sont vraiment typiques, mais sympathiques, et leurs aventures bien écrites.
Robert Heinlein a obtenu son premier prix Hugo avec ce roman.