Dr Alan | Tome 18 : La Planète des Normes | Jan de Fast | 1977

Par | 07/06/2024 | Lu 434 fois


La démocratie expliquée par Jan de Fast



Illustration et quatrième de couverture

La Planète des Normes @ 1977 Fleuve Noir | Illustration de couverture @ René Brantonne | Scan couverture @ Jean Luc Esteban, édition privée
Au cours de cette nouvelle mission, le docteur Alan découvre une étrange civilisation évoluée au stade moderne, mais dont toute l'organisation sociale et les conditions de vie elles-mêmes sont régies uniquement par des ordinateurs géants : les Normes. C'est apparemment une forme du « meilleur des mondes », mais c'est aussi un blocage de l'évolution car les règles imposées sont devenues invariables, une civilisation statique est en danger de mort.

Alan s'intègre au milieu dans le but de rechercher qui a construit et programmé les Normes et se trouve donc être le véritable maître de Hod, il échappe de justesse au danger d'être lui-même « normalisé » et parvient à pénétrer dans un Domaine interdit où doivent résider Ies mystérieux Maîtres. Mais ceux-ci ne sont qu'un groupe de privilégiés vivant dans le luxe et ne se préoccupant nullement du sort de leurs trois milliards de concitoyens, les Programmeurs sont ailleurs.

Avec la très jolie Lloa, Alan remontera la piste stellaire, comprendra enfin pourquoi la machine semble s'être détraquée et prendra la seule décision possible : tuer le meilleur des mondes pour qu'il puisse vivre...

Fiche de lecture

La Planète des Normes est le dix-huitième roman de la série Docteur Alan, l’agent spécial du Centre Démographique Alpha de l’organisation des Planètes Unies qui contrôle une centaine de planètes humaines.

Le docteur Alan est confronté pour une fois à une civilisation humaine assez avancée mais qui est isolée et semble stagner. Toute l’activité de la planète Hod est régie par « les Normes », une sorte d’IA (non consciente), et tout semble se passer à merveille : l’activité neurologique de toute la population est surveillée et, en cas de déviance, une intervention médicale remet tout en ordre. Pas de guerre, pas de chômage, pas de famine, des loisirs, etc… Mais si personne ne semble malheureux, personne ne se semble heureux.

Les lois d’Alpha stipulent qu’Alan ne peut modifier le cours d’une civilisation. Cependant, Alan veut comprendre qui a programmé la machine.

[Attention spoilers] (mais pas plus que la quatrième de couverture)

Le mystère s’épaissit lorsqu’il découvre qu’une zone écartée de la planète est réservée à un petit groupe de 301 personnes qui vivent dans un véritable paradis sans soucis et sans travailler. Pourtant, elles aussi ignorent totalement qui a programmé les Normes, mais sont conscientes de la situation de leur planète.

Les ressources techniques d’Alan lui permettent de trouver la source d’un signal extra-planétaire émis par les Normes.

Cette planète nommée Woxera s’avère être l’origine de la programmation de Hod. Leur société - encore plus évoluée - semble être basée sur le même contrôle IA que la planète des Normes mais un deuxième problème se pose : tous les habitants semblent s’être suicidés depuis plusieurs siècles.

Alan découvre alors par des documents que le système de contrôle trop poussé destiné à créer une utopie parfaite, mais contraignante, a créé des déviants dont certains en sont venus à penser que, faute de liberté de penser, il valait mieux la mort. À cet effet, ils ont créé une onde dépressive qui a affecté toute la population et l’a poussé à se suicider.

Le Dr Alan qui est venu sur Woxera accompagné de la n°1 et « dirigeante » des 301 privilégiés de la planète des Normes, lui demande quel avenir elle veut pour sa propre planète (car lui ne peut agir de lui-même). Elle choisit de mettre fin au contrôle des Normes sur la population – en sachant que cette liberté totale accordée risque d’engender le chaos.

En conclusion, Alan lui donne quelques « conseils » valant leur pesant d’or (voir extrait ci-dessous).

Extrait de La Planète des Normes, chapitre 12 – Jan de Fast

« — Le suffrage universel : Tu l’as déjà formulé implicitement en disant que les travailleurs choisiront leurs délégués responsables.
Tu n’as qu’à développer le truc jusqu’au bout. Le gouvernement propose une nouvelle loi et demande à tous les citoyens de les approuver par un vote, ils ont ainsi l’impression que ce sont eux qui commandent.
« Bien entendu le procédé est parfaitement stupide, c’est à peu près comme si un médecin demandait l’avis de tous les habitants du quartier avant de prescrire un traitement — ce n’est pas parce que l’opinion d’une majorité d’ignorants est en faveur des antibiotiques plutôt que d’une intervention chirurgicale que le malade sera sauvé — mais en tout cas ils seront très contents d’avoir été consultés.
« Naturellement, l’art consiste à leur suggérer ce qu’on veut qu’ils approuvent et à leur faire croire que ce sont eux qui ont résolu le problème.
— C’est ça que vous appelez démocratie ? intervint Phréar. Demander à des centaines de millions d’hommes de contrôler un gouvernement alors qu’aucun d’entre eux ne possède les éléments nécessaires pour déterminer ce qui est bon ou mauvais pour la collectivité et qu’en outre la plupart sont plus ou moins illettrés ?
— Naturellement que ce n’est pas cela, mon vieux. Ce n’en est qu’une image grossière qui leur donne l’illusion d’avoir leur mot à dire et les contraint à se tenir relativement tranquilles jusqu’au jour lointain où ils seront vraiment capables de comprendre ce qu’ils veulent …/…
« En attendant, ce sera à vous de diriger ces élections dans le sens le plus favorable, quitte à faire des tas de promesses que vous ne serez d’ailleurs jamais obligés de tenir. »

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