Fragile/s @ 2024 Au Diable Vauvert | Illustration de couverture @ Olivier Fontvieille
« Nous étions mille cinq cents. La première fournée. Les mères pondeuses du futur de la Nation. L’espoir non pas d’une civilisation mourante, mais d’un régime fascistoïde qui a réussi à développer un programme de fertilisation eugéniste. »
Dans une France où la fertilité s’effondre et la majorité des naissances sont touchées par le syndrome de I’X fragile, Typhaine, élue par le très sélectif Programme expérimental de génoembryologie grâce à la position de son mari, accouche d’un garçon sain. Mais l’étonnante progression cognitive de son fils est bien vite aussi inquiétante que le contrôle dont font l’objet les mères, alors que le pays bascule dans la dictature…
Roman sur la parentalité, portrait de femmes victimes et résistantes, époustouflant récit d’anticipation politique, le premier roman de Nicolas Martin mixe les influences pour nous offrir une fiction d’aujourd’hui hallucinante de vérité.
Fiche de lecture
Quoi, encore une anticipation politique ? Oui, mais celle-ci peut plaire aux antipodes du champ politique. Si tu es plutôt facho dans l'âme, Fragile/s est une utopie qui se termine en dystopie. Si tu es plutôt gaucho, Fragile/s est une dystopie qui se termine en utopie. Une petite utopie, disons une lueur d'espoir dans un monde bien morne.
Nous sommes aujourd'hui, enfin demain, et l'extrême droite est au pouvoir en France. Sans tambour ni trompette, quasi dans l'indifférence, après des années de banalisation. Rien ne semble changer, si tu es un homme blanc. Pour les autres, la liberté commence de plus en plus à s'éloigner, toujours sans tambour ni trompette... Une épidémie va montrer à ceux qui se voyaient dans le déni que l'extrême droite n'est pas un parti comme un autre. En effet, un virus attaque la fécondité.
On suit les traces d'un couple de bobos. Monsieur bosse pour l'administration et se voit gravir les échelons vers un poste dans le gouvernement. Madame travaille pour une asso d'aide aux immigrés. Bref, nous sommes les gentils, sans nous ce serait pire. Grâce à son poste, le couple se voit proposer d'intégrer le programme pour concevoir un enfant sain, après un premier enfant atteint du syndrome de l'X fragile.
Par ses thématiques actuelles, le roman est déjà glaçant, mais il l'est d'autant plus qu'il interroge nos convictions, nos combats. Bref, il te demande sans ambages : « Qu'est-ce que tu fais pour lutter contre l'extrême droite ? » Cela, sans poser de jugement péremptoire. Bref, l'histoire de ce couple, c'est moi, ou toi. De quoi gigoter mal à l’aise dans son fauteuil en lisant ces pages.
Mais un roman doit être plus qu'une idée, et ça, Nicolas Martin ne l'oublie pas, car son livre ne voudra plus lâcher tes mains une fois commencé. Toujours une ligne de plus, une page, un chapitre. Je me souviens que l'auteur avait dit avoir adoré Silo car c'était un roman addictif, avec de nombreux cliffhangers qui happaient le lecteur. Il réussit ici un page-turner efficace et sans temps morts.
L'autre réussite de ce livre est la relation que la mère noue avec ses deux enfants, l'un normal, l'autre handicapé. Alors que tout laisserait penser que c'est le petit garçon prodige qui ferait la fierté de ses parents, c'est loin d'être le cas pour la mère, qui le regarde comme un monstre et n'arrive pas à s'attacher à lui, contrairement à sa fille bancale, dont les crises multiples ne font que l'user, mais aussi augmenter son amour pour elle.
Petit plus : l'auteur nous balade entre les genres sans oublier la science-fiction (avec un hommage à Robert Charles Wilson et Spin). Et il joue avec la typographie pour mieux happer son lecteur.
On pourrait lui reprocher un trop-plein de références, mais pour un premier roman, c'est quasi le passage obligé.
Alors, prêt à affronter tes petites lâchetés ?
Nous sommes aujourd'hui, enfin demain, et l'extrême droite est au pouvoir en France. Sans tambour ni trompette, quasi dans l'indifférence, après des années de banalisation. Rien ne semble changer, si tu es un homme blanc. Pour les autres, la liberté commence de plus en plus à s'éloigner, toujours sans tambour ni trompette... Une épidémie va montrer à ceux qui se voyaient dans le déni que l'extrême droite n'est pas un parti comme un autre. En effet, un virus attaque la fécondité.
On suit les traces d'un couple de bobos. Monsieur bosse pour l'administration et se voit gravir les échelons vers un poste dans le gouvernement. Madame travaille pour une asso d'aide aux immigrés. Bref, nous sommes les gentils, sans nous ce serait pire. Grâce à son poste, le couple se voit proposer d'intégrer le programme pour concevoir un enfant sain, après un premier enfant atteint du syndrome de l'X fragile.
Par ses thématiques actuelles, le roman est déjà glaçant, mais il l'est d'autant plus qu'il interroge nos convictions, nos combats. Bref, il te demande sans ambages : « Qu'est-ce que tu fais pour lutter contre l'extrême droite ? » Cela, sans poser de jugement péremptoire. Bref, l'histoire de ce couple, c'est moi, ou toi. De quoi gigoter mal à l’aise dans son fauteuil en lisant ces pages.
Mais un roman doit être plus qu'une idée, et ça, Nicolas Martin ne l'oublie pas, car son livre ne voudra plus lâcher tes mains une fois commencé. Toujours une ligne de plus, une page, un chapitre. Je me souviens que l'auteur avait dit avoir adoré Silo car c'était un roman addictif, avec de nombreux cliffhangers qui happaient le lecteur. Il réussit ici un page-turner efficace et sans temps morts.
L'autre réussite de ce livre est la relation que la mère noue avec ses deux enfants, l'un normal, l'autre handicapé. Alors que tout laisserait penser que c'est le petit garçon prodige qui ferait la fierté de ses parents, c'est loin d'être le cas pour la mère, qui le regarde comme un monstre et n'arrive pas à s'attacher à lui, contrairement à sa fille bancale, dont les crises multiples ne font que l'user, mais aussi augmenter son amour pour elle.
Petit plus : l'auteur nous balade entre les genres sans oublier la science-fiction (avec un hommage à Robert Charles Wilson et Spin). Et il joue avec la typographie pour mieux happer son lecteur.
On pourrait lui reprocher un trop-plein de références, mais pour un premier roman, c'est quasi le passage obligé.
Alors, prêt à affronter tes petites lâchetés ?
P.-S.
Attention, avis rédigé après avoir lu les remerciements et m'y être vu cité !