Genre : Hard SF

Par | 18/07/2012 | Lu 2628 fois




On parle souvent, dans la littérature contemporaine, de hard-science, de hard-SF ou encore de SF dure. Mais que recouvrent exactement ces appellations ?

Présentation du genre

Commençons par une précision sémantique. Les termes hard-science, hard science-fiction et hard-SF sont des synonymes. De même, l'appellation française "SF dure" désigne exactement la même chose. Par contre, on ne peut pas traduire "hard science" par "science dure", car dans les milieux scientifiques francophones cette expression désigne un ensemble de disciplines scientifiques dites "dures" (math, physique, chimie, ingénierie...) par opposition à des disciplines perçues comme "molles" (biologie, agronomie,...). Dans cet exposé, j'utiliserai le terme "hard-SF".

La hard-SF, donc, un est sous-genre de la science-fiction. Comme son genre-parent, elle se déroule le plus souvent dans le futur, même s'il s'agit d'un futur très proche. Elle met en scène des technologies nouvelles, des découvertes scientifiques, des progrès en termes de sociologie ou d'économie. La différence essentielle se situe au niveau de la crédibilité scientifique. La science-fiction, genre de l'imaginaire par excellence, s'autorise toutes les libertés possibles par rapport aux connaissances scientifiques de l'humanité. Certaines technologies sont improbables, quand elles ne sont pas totalement farfelues. Ceci, bien entendu, n'enlève rien à leurs éventuelles qualités scénaristiques. Simplement, la SF joue avec le réel en se permettant de le contourner. La hard-SF, au contraire, a été initiée par des auteurs qui avaient un bagage scientifique ou technique avancé et la volonté de l'utiliser. Volontairement, ces auteurs décident que rien de ce qui figure dans leurs histoires ne peut entrer en contradiction avec l'état de la science au moment de l'écriture. 

Les reproches faits à la hard-SF

Bien souvent, deux reproches sont adressés aux oeuvres et aux auteurs de hard-SF.

Le premier reproche, c'est que la hard-SF serait limitée et manquerait d'imagination. Il s'agit là d'une erreur d'interprétation des fondements de la hard-SF. Cette dernière s'interdit de transgresser ce qui est connu, mais cela ne signifie aucunement que l'auteur doit se tenir uniquement à ce qui est connu. Un ouvrage de hard-SF peut parfaitement contenir des technologies nouvelles, dont les fondements théoriques ne nous sont pas encore connus. La seule limitation, c'est qu'il ne faut pas contredire ce que nous savons déjà. Ainsi, la relativité interdit de se déplacer plus vite que la lumière, mais certains auteurs de hard-SF ne se gênent pas pour imaginer des moyens alternatifs. Simplement, ces moyens sont décrits en respectant l'état actuel de la science. Un bel exemple est celui du voyage interstellaire. Dans la SF, on voit des vaisseaux voyager plus vite que la lumière grâce à l'une ou l'autre astuce (vitesse de distorsion, saut hyper-spatial...). Dans la hard-SF, la plupart des auteurs s'interdisent ce genre de chose, ou alors ils imaginent des moyens alternatifs pour permettre aux humains de conquérir la galaxie.

Le second reproche postule que la hard-SF serait réservée aux scientifiques. Effectivement, certains ouvrages vont si loin dans la description de certains phénomènes que des passages entiers peuvent relever de l'ésotérisme pour le commun des mortels. A ce niveau, le reproche peut être recevable. Mais généralement, ce ne sont que des passages, et la compréhension globale est suffisante. Cela peut-être frustrant, mais pour un public averti c'est littéralement captivant. Et de nombreux auteurs hard-SF évitent ces écueils.

Auteurs et oeuvres phares

L'auteur de hard-SF le plus célèbre est probablement A.C. Clarke. D'ailleurs, de nombreux lecteurs ne l'identifieront pas comme tel. Et pourtant, la grande majorité de ses ouvrages ne contredisent absolument pas l'état des connaissances tel qu'il était au moment de leur écriture. Clarke était ingénieur et mettait un point d'honneur à ce que ce qu'il écrit soit crédible. Il a véritablement lancé la hard-SF.

Plus tard, une nouvelle génération apparaît. Ces nouveaux auteurs vont aller plus loin que Clarke dans la description et la minutie. On peut citer Stephen Baxter (trilogie de la NASA...) et Greg Bear (L'Echelle de Darwin...). Mais le plus emblématique, c'est Kim Stanley Robinson et sa monumentale Trilogie Martienne. Ces trois énormes briques forment un univers d'une cohérence incroyable.

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