Harry Potter | J.K. Rowling | 1997-2007

Le jour de ses onze ans, Harry Potter, un orphelin élevé par un oncle et une tante qui le détestent, voit son existence bouleversée. Un géant vient le chercher pour l'emmener à Poudlard, une école de sorcellerie ! Voler en balai, jeter des sorts, combattre les trolls : Harry Potter se révèle un sorcier doué. Mais un mystère entoure sa naissance et l'effroyable V..., le mage dont personne n'ose prononcer le nom.

J.K. Rowling ne perd pas une seconde pour nous plonger dans une ambiance mystérieuse. Dès le premier chapitre, le thème est planté et assumé : la magie, les sorciers. Mais au fil de la lecture, on découvre plus qu'un x-ième roman du genre "les sorciers sont parmi nous".

En effet, Harry Potter ignore tout, au départ, de sa condition de sorcier. Des indices viennent peu à peu compléter le premier chapitre, en tout cas pour le lecteur car le pauvre Harry est de plus en plus désorienté.

L'évènement marquant du livre, finalement, c'est l'arrivée tonitruante de Hagrid et le voyage vers Poudlard. A partir de là, Harry va découvrir en même temps que le lecteur tout un univers soigneusement mis en place par l'auteur.

Cette idée de la découverte simultanée est une des pierres angulaires de tout le cycle. Harry est comme nous, pauvres Moldus, il ne connait rien à la magie et à l'univers des sorciers. Il va donc aller de surprise en surprise, d'émerveillement en émerveillement. Il se fait des amis, des ennemis aussi.

Les principaux personnages de la saga sont plantés dès le départ : Hermione, Ron (et sa famille qui se "complétera" au fur et à mesure), Dumbledore, McGonagall, Rogue, Malefoy... Harry se découvre un ennemi dont il ignorait tout : Lord Voldemort.

Ce premier volume, qui fait moins de 300 pages, est donc une plongée dans le monde de la magie. Il nous parle aussi d'amitié et de rivalité. Il nous décrit des fragments d'adolescence. Mais c'est à peu près tout. L'intrigue qui se trouve à l'arrière est assez simple. Harry et ses amis ont connaissance d'un secret caché au plus profond de Poudlard. Ils savent ce secret menacé et vont tout faire pour le protéger malgré le scepticisme de leurs professeurs. Les indices viennent à eux assez facilement. C'est une quête presque involontaire, où les éléments se mettent en place trop facilement. On sent que l'auteure, dans ce premier roman de la saga, a surtout voulu planter le décor pour permettre une lecture agréable quand les choses se corseront.

Une rentrée fracassante en voiture volante, une étrange malédiction qui s'abat sur les élèves, cette deuxième année à l'école des sorciers ne s'annonce pas de tout repos ! Entre les cours de potions magiques, les matches de Quidditch et les combats de mauvais sorts, Harry et ses amis Ron et Hermione trouveront-ils le temps de percer le mystère de la Chambre des Secrets ?

Le deuxième roman commence presque comme le premier. Harry est resté malheureux tout l'été chez son oncle et sa tante moldus. Il se demande si ses amis ne l'ont pas oublié et il a hâte de retourner dans ce qu'il considère comme son véritable foyer : Poudlard.

Finalement, ses souhaits vont être exaucés : les frères Weasley débarquent avec une voiture volante, le délivrent de sa chambre et l'emmène chez eux. Harry découvre ainsi, pour la première fois, le quotidien d'une famille de sorcier.

Vient ensuite le début de l'année scolaire à Poudlard. Là, une nouvelle énigme vient pimenter la vie d’Harry : une malédiction ancienne se réveille et des élèves sont pétrifiés. Harry est même soupçonné d'être le coupable. Mais avec l'aide de ses deux amis, il parvient à dissiper le mystère et à résoudre l'énigme. Au cours de cette quête, il en apprend plus sur le Seigneur des Ténèbres et le lien mystérieux qui les unit.

Cette fois, J.K. Rowling développe un peu plus l'intrigue. Il y a plus de rebondissements, plus d'obstacles sur le chemin des héros. Le décor étant bien en place, on peut enfin voir jouer les acteurs ! Certains d'entre eux se voient plus développés, comme Dumbledore ou la famille Weasley.

Je regrette une chose : la trop grande proximité avec l'intrigue du premier tome : à chaque fois, quelque chose de mystérieux est caché quelque part dans Poudlard et les jeunes héros doivent découvrir comment le protéger/détruire sans l'aide de leurs professeurs sceptiques. Finalement, on a l'impression que cette Chambre des Secrets n'apporte pas une grande évolution par rapport au tome 1.

Sirius Black, le dangereux criminel qui s'est échappé de la forteresse d'Azkaban, recherche Harry Potter. C'est donc sous bonne garde que l'apprenti sorcier fait sa troisième rentrée. Au programme : des cours de divination, la fabrication d'une potion de Ratatinage, le dressage des hippogriffes... Mais Harry est-il vraiment à l'abri du danger qui le menace ?

Le Prisonnier d'Azkaban est, selon moi, le premier vrai roman de la série, celui où enfin il se passe quelque chose. Harry attend avec impatience la rentrée mais ses projets sont contrariés par Dobby, un elfe de maison, à cause de qui Harry est soupçonné d'avoir usé de magie quand il n'en avait pas le droit. Mépris par ce qui lui reste de famille, Harry fugue et, après bien des péripéties, vit le reste de l'été sur le Chemin de Traverse, l'allée commerçante des sorciers. Il y a retrouve ses amis et la rentrée peut avoir lieu. Mais un danger plane : un prisonnier s'est échappé d'Azkaban et veut se venger d’Harry dont il a tué les parents. Horrifié par cette nouvelle, perturbé par les mesures de sécurité pour protéger Poudlard, Harry commence très mal l'année. Mais des éléments étranges l'intriguent et il se rend vite compte que les gens ne sont pas forcément ce qu'ils disent être, ou ce qu'on lui dit qu'ils sont. A la fin, Harry se découvre un parrain qui se dit prêt à pallier l'absence de ses parents décédés, mais la joie sera de courte durée.

Ce troisième tome prend un tournant, que j'estime bienvenu. Les petits gadgets comiques sont toujours là, mais ils deviennent accessoires. Le ton change, les héros aussi. Ron, Hermione et Harry sont à présent de véritables ados. L'intrigue est beaucoup mieux ficelée, avec plus de rebondissements. Et surtout l'atmosphère change : plus sombre, plus pesante. La magie dévoile son côté noir. Pour une partie du public, les plus candides, ce tome 3 peut être une déception, mais pour les autres c'est enfin la révélation. Tout l'univers décrit dans les deux premiers livres prend son sens. On commence à sentir qu’Harry a un destin et que ce ne sera pas facile pour lui. Ce troisième opus est simplement plus adulte.

Harry Potter a quatorze ans et entre en quatrième année au collège de Poudlard. Une grande nouvelle attend Harry, Ron et Hermione à leur arrivée : la tenue d'un tournoi de magie exceptionnel entre les plus célèbres écoles de sorcellerie. Déjà les délégations étrangères font leur entrée. Harry se réjouit... Trop vite. Il va se trouver plongé au coeur des événements les plus dramatiques qu'il ait jamais eu à affronter.

Pendant l'été, Harry peut assister à la Coupe du Monde de Quidditch avec la famille Weasley. Mais l'évènement est terni par l'irruption de partisans de Voldemort. A peine remis de ses émotions, Harry retourne à Poudlard et une autre surprise les attend : l'organisation du Tournoi des Trois Sorciers. Trois écoles (Poudlard, Durmstrang et Beauxbâtons) délèguent chacune un champion pour une compétition magique très dangereuse. Ce tournoi est réservé aux élèves les plus âgés, et Harry ne s'y inscrit donc pas. Sa surprise, et celle de tous, est grande quand son nom apparaît finalement et magiquement parmi ceux des candidats. Harry va donc devoir résoudre des énigmes et surmonter des épreuves pour lesquelles il n'a pas été préparé. Sa réputation est en danger, mais aussi et surtout sa vie. Heureusement, il peut compter sur l'aide de ses amis et d'autres personnes pour venir à bout des obstacles. Pourtant, cette nouvelle aventure se terminera de manière encore plus triste que la précédente.

La saga Harry Potter poursuit sur sa lancée : encore plus sombre, avec plus de danger. On quitte progressivement le domaine de la petite adolescence. D'ailleurs, des changements apparaissent aussi chez les personnages. Au sentiment d'amitié se substituent ou s'en ajoutent d'autres, bien connus de tous. La maladresse de Ron et Harry à ce niveau est presque caricaturale. C'est peut-être le seul reproche que je ferai à J.K. Rowling sur ce roman : elle caricature les comportements des garçons et des filles de cet âge. Est-ce pour plaire à une certaine frange de son lectorat ? En tout cas, le risque existe d'en perdre une autre partie. Heureusement que le reste est bon : bonne intrigue, mystère, action, complicité... tous les ingrédients sont réunis.

A quinze ans, Harry entre en cinquième année à Poudlard, mais il n'a jamais été si anxieux. L'adolescence, la perspective des examens et ces étranges cauchemars... Car Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour. Le ministère de la Magie semble ne pas prendre cette menace au sérieux, contrairement à Dumbledore. La résistance s'organise alors autour de Harry qui va devoir compter sur le courage et la fidélité de ses amis de toujours...

Après les évènements tragiques de la fin d'année scolaire, Harry est retourné dans sa famille de Moldus pour y passer l'été. Alors qu'ils sont dehors, Harry et son cousin Dudley sont attaqués par des détraqueurs. Grâce à ce qu'il a appris de Remus Lupin, Harry parvient à les repousser, mais il est alors mis en accusation par le ministère pour exercice illégal de la magie. Il faut l'intervention de Dumbledore pour le tirer d'affaire. Parallèlement, Harry fait la connaissance de l'Ordre du Phoenix, qui regroupe bon nombre de ses amis ainsi que d'autres sorciers de renom. Mais la rentrée à Poudlard est une déception. A cause de la rivalité entre Dumbledore et le Ministre de la Magie, ce dernier tente de prendre le contrôle de l'école de magie et il commence par y placer un de ses pions : Dolorès Ombrage, qui donnera le cours de défense contre les forces du mal. Les études d’Harry en sont perturbées l'année où les examens peuvent lui permettre d'obtenir ses brevets (BUSE). Harry décide alors de monter une association d'élèves pour résister au ministère. Il veut aussi aider Dumbledore à faire éclater la vérité : Voldemort est de retour. Tout au long de l'année, la tension monte, Harry est ballotté entre doute et certitude et à la fin, un évènement tragique vient encore clôturer l'année scolaire.

Encore une rupture dans la saga. Après deux premiers tomes assez mièvres et deux autres plus sombres : place à l'action ! Harry et ses amis ont enfin un niveau en magie suffisant pour riposter aux attaques, et même pour passer à l'attaque. Mais la victoire est une fois de plus ternie par une perte terrible. L'angélisme des premiers romans est définitivement oublié. Le réalisme prime dans les sentiments, dans les obstacles, dans les résultats. On ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs. Mais la recette de J.K. Rowling donne des résultats surprenants malgré la touche d'amertume.

Dans un monde de plus en plus inquiétant, Harry se prépare à retrouver Ron et Hermione. Bientôt, ce sera la rentrée à Poudlard, avec les autres étudiants de sixième année. Mais pourquoi Dumbledore vient-il en personne chercher Harry chez les Dursley ? Dans quels extraordinaires voyages au coeur de la mémoire va-t-il l'entraîner ?

Après chaque année scolaire, Harry doit retourner passer une partie de l'été dans sa famille de Moldus. Il en part chaque année de manière plus ou moins mouvementée. Cette fois, c'est Dumbledore en personne qui vient le chercher. Et quand il annonce à Harry qu'il lui donnera des cours particuliers pendant toute l'année, on comprend que ce ne sera pas une année ordinaire. Harry et ses amis ont grandi. Leurs sentiments changent, leurs préoccupations aussi. Mais la menace plane toujours au-dessus de leur tête, surtout quand des tentatives de meurtres ont lieu. Harry aura bien du mal à dénouer les noeuds de l'intrigue. Jusqu'à la fin, le doute subsistera, avec une conclusion surprenante.

Finalement, on peut regrouper les romans par deux. Les deux premiers plantent le décor. Les deux suivants précisent l'intrigue générale et assombrissent le tableau. Avec le cinquième et le sixième, la lutte contre les Forces du Mal a réellement commencé. Toujours les combats, toujours les pertes, toujours les doutes. Harry est un héros malmené, ce qui le rend terriblement humain malgré sa nature de sorcier. Et rien que pour ce tour de force dans le paradoxe, J.K. Rowling mérite tout notre respect.

Cette année, Harry a dix-sept ans et ne retourne pas à Poudlard. Avec Ron et Hermione, il se consacre à la dernière mission confiée par Dumbledore. Mais le Seigneur des Ténèbres règne en maître. Traqués, les trois fidèles amis sont contraints à la clandestinité. D'épreuves en révélations, le courage, les choix et les sacrifices de Harry seront déterminants dans la lutte contre les forces du Mal.

Pendant l'été, Harry devient majeur. L'enchantement qui le protégeait aussi longtemps qu'il vivait chez sa tante est levé. Prenant les devants, l'Ordre du Phoenix (dont ses amis sont désormais membres) vient le chercher pour l'escorter en lieu sûr. Mais cela ne se fait pas sans mal et Harry perd une fois de plus un ami. Il prend alors une grande décision : il ne retournera pas à Poudlard ! Il prend la résolution de se lancer dans la quête que Dumbledore lui a confiée : retrouver les horcruxes qui protègent Voldemort et en finir une fois pour toute avec lui. Ron et Hermione se joignent à lui dans l'ultime grande quête de la saga. Harry devra une fois de plus faire face à des sacrifices. Il y a des révélations, des retournements de situations. Les gens ne sont pas forcément ce qu'ils semblaient être.

Quelle conclusion ! Harry est plus que jamais plongé dans une quête pour laquelle il n'est pas prêt. Il peut compter sur l'aide de ses amis mais doit aussi faire avec les frictions et les déceptions. Il renonce provisoirement à l'amour et au bonheur, il pose des choix qui relèvent de la tragédie grecque. Le final est positif sans être pour autant un happy end. Jusqu'au bout, Harry Potter nous aura promenés entre larmes et rires.