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Ijon Tichy | Tome 3 : Les Voyages électriques d’Ijon Tichy | Dzienniki gwiazdowe | Stanislas Lem | 1971


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 30/05/2024 | Lu 404 fois



Stanislas Lem se permet tout, et tellement, que cela en devient enivrant !



Illustration et quatrième de couverture

Les Voyages électriques d'Ijon Tichy @ 1980 Denoël | Illustration de couverture @ Stéphane Dumont
Qu'en règle générale ce soit, un peu partout dans la galaxie, l'homme qui arrache la pomme de terre n'est qu'une donnée statistique. Rien n'empêche qu'un jour, fût-ce une fois sur cent milliards de millions, ce soit la pomme de terre qui arrache l'homme. Cette pensée, profonde à en donner le vertige, illustre à merveille la façon dont fonctionnent les petites cellules grises du savant explorateur Ijon Tichy et de ses collègues, dont les aventures stellaires nous sont contées dans ce recueil.

Fiche de lecture

Difficile de résumer un roman comme celui-là. Impossible même.

Quelqu’un a dit : "Si par hasard Swift avait rencontré les Marx Brothers ? Eh bien, il se serait rebaptisé Stanislas Lem !" C’est assez bien formulé. Moi, qui suis pourtant un grand admirateur de l’humour absurde, j’en ressors assez déboussolé.

Tout d’abord, il s’agit bel et bien d’un roman de SF et Ijon Tichy et un héros récurent chez Lem. 

J’avais déjà lu du Lem, il y a une dizaine d’années et j’avoue ne pas avoir accroché à l’époque. Car, pour suivre Lem dans sa folie, il faut attacher sa ceinture et avoir l’esprit plus qu’ouvert. Lem ne s’encombre de rien, aucun code, aucun fil conducteur ou presque, aucune temporalité… soit vous suivez le mouvement, soit il vous débarque. Lem peut traiter de tous les sujets, de la religion à la culture des pommes de terre, mais toujours au second, troisième ou vingt-cinquième degré.

Deux exemples pour essayer d’être clair. Dans un chapitre, on peut voir Tichy repeindre sa fusée dans l’espace avec un pot de peinture verte juste pour se dégourdir les jambes et le chapitre suivant Tichy confronté à une douzaine de ses répliques venues du futur ou du passé, peu importe. C’est renversant.

Dans ce roman aux allures de recueil de nouvelles, on parcourt allègrement l’espace et le temps sans aucun problème. De rencontres en surprises, Lem se permet tout, tellement que cela en devient enivrant. On en ressort avec des images plein la tête et l’impression forte d’un voyage inoubliable.

Pour résumer : j’ai adoré, vraiment, mais c’est un roman à ne pas mettre entre toutes les mains ou dans toutes les têtes. Si vous êtes réfractaire à l’absurde ou fan de Hard SF… fuyez pauvres fous ! Mais, pour ceux qui veulent tenter l’expérience, je conseille une lecture fractionnée. Un voyage électrique par jour s’avère amplement suffisant.

Copyright @ Éric Marie pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur