Le métier de psy est facile, on peut faire semblant d’écouter son patient, sans qu’il puisse s’en rendre compte, puisqu’il est allongé de tout son long sur le divan. La sacrée règle d’or dit qu’il est préférable de le laisser s’exprimer en toute liberté. Alors que le patient est occupé à se revisiter de l’intérieur, fait appel à sa mémoire enfouie, l’autre, le psychanalyste, et dans ce contexte, Orson Gaon, se laisse aller à fantasmer sur une patiente énigmatique, la surprenante Géraldine Pinouky. De quoi souffre-t-elle exactement ? Le docteur Gaon arrivera-t-il à l’aider à progresser ? Le diagnostic n’est pas si simple à poser, car la belle est également une sorte de conteuse, une excellente comédienne…
Fiche de lecture
Chapitre 2 : « Heureusement que les weekends, elle avait tout le loisir de se plonger dans la lecture des romans qui venaient de paraître. Elle avait une préférence pour ceux dont les héroïnes étaient des femmes, car ça lui permettait de s’identifier à elles, de vivre une histoire d’amour par procuration. Elle s’était si bien approprié ces récits imaginaires, que souvent, elle ne savait plus si elle les avait vécus ou pas. Les films lui faisaient exactement le même effet, des émotions si fortes, qu’elles se collaient à sa mémoire qui lui renvoyait des souvenirs qui n’en étaient pas. »
La bibliophile que je suis apprécie de tenir entre ses mains chaque ouvrage d’Emilie Salamin-Amar, qui - je le rappelle - confectionne elle-même ses livres (cf. : cet article ) en y apportant un soin tout particulier : une finition impeccable, un beau papier et une couverture sobre illustrée d’une peinture de son choix. Ses livres sont agréables au toucher et sentent bon ; chacun d’eux m’évoque une gourmandise.
Avec « Juste une Illusion », Emilie Salamin-Amar nous raconte l’histoire de Géraldine Pinouky, une jeune femme « érotomane ». Comprenez par-là que Géraldine est mythomane, mais en plus, elle est nymphomane ! Chez elle, le mensonge c’est pathologique. Et c’est une chasseuse d’hommes. Lorsqu’elle met le grappin sur une proie, elle ne la lâche plus. Cependant, Géraldine qui est une femme intelligente, a bien conscience que quelque chose ne tourne pas rond chez elle - même si elle ignore de quoi il s’agit. C’est pourquoi elle va régulièrement consulter le docteur Orson Gaon, psychanalyste, pour tenter de comprendre ce qui cloche. Et c’est en confiant ses déboires à ce dernier que le lecteur pourra lui aussi tenter de poser son diagnostique sur l’étrange personnalité de Géraldine…
Tout comme le délire imaginaire de Géraldine est compulsif, la lecture de ce roman l’est tout autant ! Dès le premier paragraphe, avec ses mots bien choisis, sa plume fluide et son imagination débridée, Emilie Salamin-Amar accroche son lecteur et l’embarque dans une histoire à la fois passionnante et rocambolesque.
Ainsi, on oscillera entre étonnement et pitié en découvrant à quel point les fabulations de Géraldine, qu’elle présente comme véridiques et auxquelles elle finit par croire, peuvent s’avérer néfastes, autant pour elle que pour son entourage, présentement le sexy et célèbre Tom Davard, qu’elle harcèle jour et nuit. Il va donc incomber à son psy, tout comme à Tom, de tenter de la soigner. Et c’est là que le lecteur commencera à se demander qui du patient, du psy ou de la victime est le plus fou ? Tout au long de l’histoire, on aura donc le droit à des situations cocasses - et parfois même salaces ! - qui ne sauraient manquer d’arracher des sourires.
Pourtant, je pense qu’au travers de ces personnages extravagants et des situations marrantes dans lesquelles ils se retrouvent, est tapie une tragique réalité : celle de la souffrance liée à la perte d’un être cher, et du réconfort que l’on pourrait trouver dans le doux et sécurisant refuge de notre imagination ; une manière peut-être de se déconnecter de la réalité, pour ne plus avoir mal. Cet aspect sous-jacent du récit m’a particulièrement touchée.
Sinon, j’ai également bien aimé les clins d’œil à l’actualité qui accompagnent le récit, de même que les sous-entendus satiriques qui dénoncent certaines absurdités de notre société (culte de personnalité qui vire au ridicule, mal-être infondé lié à son apparence, adoration incontrôlée d’idoles, relations et virtuel, tapage médiatique excessif, …).
Quand on connaît le style d’Emilie Salamin-Amar, on sait qu’il y aura forcément une chute en fin d’ouvrage, et l’on s’interroge, tout comme lorsqu’on lit un « Agatha Christie » et que l’on cherche qui est le coupable. C’est donc devenu un jeu pour moi que de deviner où l’auteure veut en venir. Et elle brouille sacrément bien les pistes, parce qu’à chaque fois je me fais avoir ! La surprise n’en est donc que meilleure.
Concernant la fin, cette fois-ci je l’ai trouvée un peu abrupte. Cette histoire m’a tellement plu, que j’aurais bien voulu en lire encore quelques pages. Mais j’ai trouvé intéressante la manière dont Emilie Salamin-Amar clôt son roman, laissant la porte ouverte à une double interprétation, même si ma nature curieuse fait que j’aurais bien voulu être fixée sur ce que l’auteure pense.
En conclusion, « Juste une Illusion » est un livre que j’ai lu d’une traite. Cette histoire m’a à la fois divertie et émue, tout en m’offrant son lot de réflexions. A des années lumière des romans de SF dont je suis accoutumée, c’est une lecture « entre ciel et mer (*) » que je vous recommande chaleureusement.
La bibliophile que je suis apprécie de tenir entre ses mains chaque ouvrage d’Emilie Salamin-Amar, qui - je le rappelle - confectionne elle-même ses livres (cf. : cet article ) en y apportant un soin tout particulier : une finition impeccable, un beau papier et une couverture sobre illustrée d’une peinture de son choix. Ses livres sont agréables au toucher et sentent bon ; chacun d’eux m’évoque une gourmandise.
Avec « Juste une Illusion », Emilie Salamin-Amar nous raconte l’histoire de Géraldine Pinouky, une jeune femme « érotomane ». Comprenez par-là que Géraldine est mythomane, mais en plus, elle est nymphomane ! Chez elle, le mensonge c’est pathologique. Et c’est une chasseuse d’hommes. Lorsqu’elle met le grappin sur une proie, elle ne la lâche plus. Cependant, Géraldine qui est une femme intelligente, a bien conscience que quelque chose ne tourne pas rond chez elle - même si elle ignore de quoi il s’agit. C’est pourquoi elle va régulièrement consulter le docteur Orson Gaon, psychanalyste, pour tenter de comprendre ce qui cloche. Et c’est en confiant ses déboires à ce dernier que le lecteur pourra lui aussi tenter de poser son diagnostique sur l’étrange personnalité de Géraldine…
Tout comme le délire imaginaire de Géraldine est compulsif, la lecture de ce roman l’est tout autant ! Dès le premier paragraphe, avec ses mots bien choisis, sa plume fluide et son imagination débridée, Emilie Salamin-Amar accroche son lecteur et l’embarque dans une histoire à la fois passionnante et rocambolesque.
Ainsi, on oscillera entre étonnement et pitié en découvrant à quel point les fabulations de Géraldine, qu’elle présente comme véridiques et auxquelles elle finit par croire, peuvent s’avérer néfastes, autant pour elle que pour son entourage, présentement le sexy et célèbre Tom Davard, qu’elle harcèle jour et nuit. Il va donc incomber à son psy, tout comme à Tom, de tenter de la soigner. Et c’est là que le lecteur commencera à se demander qui du patient, du psy ou de la victime est le plus fou ? Tout au long de l’histoire, on aura donc le droit à des situations cocasses - et parfois même salaces ! - qui ne sauraient manquer d’arracher des sourires.
Pourtant, je pense qu’au travers de ces personnages extravagants et des situations marrantes dans lesquelles ils se retrouvent, est tapie une tragique réalité : celle de la souffrance liée à la perte d’un être cher, et du réconfort que l’on pourrait trouver dans le doux et sécurisant refuge de notre imagination ; une manière peut-être de se déconnecter de la réalité, pour ne plus avoir mal. Cet aspect sous-jacent du récit m’a particulièrement touchée.
Sinon, j’ai également bien aimé les clins d’œil à l’actualité qui accompagnent le récit, de même que les sous-entendus satiriques qui dénoncent certaines absurdités de notre société (culte de personnalité qui vire au ridicule, mal-être infondé lié à son apparence, adoration incontrôlée d’idoles, relations et virtuel, tapage médiatique excessif, …).
Quand on connaît le style d’Emilie Salamin-Amar, on sait qu’il y aura forcément une chute en fin d’ouvrage, et l’on s’interroge, tout comme lorsqu’on lit un « Agatha Christie » et que l’on cherche qui est le coupable. C’est donc devenu un jeu pour moi que de deviner où l’auteure veut en venir. Et elle brouille sacrément bien les pistes, parce qu’à chaque fois je me fais avoir ! La surprise n’en est donc que meilleure.
Concernant la fin, cette fois-ci je l’ai trouvée un peu abrupte. Cette histoire m’a tellement plu, que j’aurais bien voulu en lire encore quelques pages. Mais j’ai trouvé intéressante la manière dont Emilie Salamin-Amar clôt son roman, laissant la porte ouverte à une double interprétation, même si ma nature curieuse fait que j’aurais bien voulu être fixée sur ce que l’auteure pense.
En conclusion, « Juste une Illusion » est un livre que j’ai lu d’une traite. Cette histoire m’a à la fois divertie et émue, tout en m’offrant son lot de réflexions. A des années lumière des romans de SF dont je suis accoutumée, c’est une lecture « entre ciel et mer (*) » que je vous recommande chaleureusement.
Note
(*) : « Entre Ciel et Mer » est le titre de la très jolie illustration de couverture du livre réalisée par Emilie Samalin-Amar