Illustration et quatrième de couverture
Nous avons commis les plus graves des crimes. Nul souvenir ne nous en reste, sauf une date identique pour tous. Déportés dans une colonie pénitentiaire spéciale, nous travaillons à des recherches dans nos domaines d'excellence. Contrôles et examens périodiques évaluent nos progrès vers la réhabilitation.
Jamais nous n'avons vu nos gardiens. Jamais nous n'avons vu, par-delà les limites du camp, l'inconnu total et mortel qui nous environne. Nous sommes exilés sur un monde qui n'est pas notre Terre, et qui relève d'un plan différent.
Notre seul espoir de franchir le seuil dans le sens du retour... Accepter la part de l'ombre, renoncer à l'évasion... nous adapter à la KATORGA...
Jamais nous n'avons vu nos gardiens. Jamais nous n'avons vu, par-delà les limites du camp, l'inconnu total et mortel qui nous environne. Nous sommes exilés sur un monde qui n'est pas notre Terre, et qui relève d'un plan différent.
Notre seul espoir de franchir le seuil dans le sens du retour... Accepter la part de l'ombre, renoncer à l'évasion... nous adapter à la KATORGA...
Fiche de lecture
N'accusez pas le ciel @ 1964 Fleuve Noir | Illustration de couverture @ René Brantonne
KATORGA est la reprise d’une œuvre ancienne de Richard Bessière, N’accusez pas le Ciel, parue initialement au Fleuve Noir Anticipation (no 259, décembre 1964).
Reprendre et étoffer l’œuvre d’un auteur tiers est un exercice difficile, puisqu’il convient d'être à la fois fidèle à l’histoire originelle tout en s’en démarquant. Alors, dans notre cas de figure, l'élève a-t-il été à la hauteur du maître ?
Pour répondre à cette question, il est nécessaire bien sûr de lire les deux livres. L’éditeur, dans sa présentation, invoque les mânes de Philip K. Dick à propos de N’accusez pas le Ciel. Il n’est pas dans l’excès. En effet, Richard Bessière donna, avec ce titre, un ouvrage aux riches potentialités, bien au-dessus de ce qui s’écrivait à l’époque dans cette collection. Il aborda un ensemble de sujets ambitieux comme l’aliénation, la paranoïa ou la manipulation des esprits. On relève que l’aspect psychologique est prédominant dans cette histoire, et que l’influence extraterrestre et ses avatars ne sont qu’habillages dans une approche comportementale plutôt subtile.
Jean-Michel Archaimbault a donc relevé le défi en livrant un roman qui pèse deux fois plus lourd que son modèle. Habilement, et pour renforcer le sentiment d’oppression, il a situé l’intrigue en Russie, ce qui inévitablement suscite l’image des goulags dans notre esprit. Il est resté très fidèle au corpus de l’intrigue, n’en divergeant qu’une fois ses héros sortis de leur camp et s’aventurant dans le monde extérieur. Jean-Michel Archaimbault a bien sûr aussi actualisé les côtés techniques et historiques et s’est même offert un petit clin d’œil avec son héros préféré, Perry Rhodan.
Dans l’œuvre de Richard Bessière, une entité extraterrestre composite est aux manettes et entreprend son évolution vers le monde de l’animé. L’auteur ne dit pas si les rescapés sur Terre reprendront la main, même si la fin se veut optimiste, et avouons-le un peu précipitée, le format de l’ouvrage l’obligeant.
Changement de ton chez Jean-Michel Archaimbault où la perspective d’une collaboration avec l’IA (l’entité décrite ici étant un peu différente de celle de Richard Bessière) n’est pas exclue. Ces deux variations autour du même thème sont excellentes, et celle de Jean-Michel Archaimbault s’est offerte un cadre élargi, non contingenté par les exigences d’une maison d’édition où il fallait écrire vite et beaucoup pour vivre, le tout entre des limites précises. Le résultat, c'est qu’à partir d’une base solide signée Richard Bessière, nous tenons ici un roman remarquable, qui atteint plusieurs objectifs, dont le moindre n'est pas d’actualiser une œuvre de qualité, hélas bien oubliée, mettant à l’honneur l'auteur important qu’était Richard Bessière, mais surtout de nous conter une histoire qui soutient sans problème la comparaison avec ce qui se fait de mieux dans le domaine.
Une belle réussite donc, et une vraie pépite dans le lit de la Rivière Blanche.
Reprendre et étoffer l’œuvre d’un auteur tiers est un exercice difficile, puisqu’il convient d'être à la fois fidèle à l’histoire originelle tout en s’en démarquant. Alors, dans notre cas de figure, l'élève a-t-il été à la hauteur du maître ?
Pour répondre à cette question, il est nécessaire bien sûr de lire les deux livres. L’éditeur, dans sa présentation, invoque les mânes de Philip K. Dick à propos de N’accusez pas le Ciel. Il n’est pas dans l’excès. En effet, Richard Bessière donna, avec ce titre, un ouvrage aux riches potentialités, bien au-dessus de ce qui s’écrivait à l’époque dans cette collection. Il aborda un ensemble de sujets ambitieux comme l’aliénation, la paranoïa ou la manipulation des esprits. On relève que l’aspect psychologique est prédominant dans cette histoire, et que l’influence extraterrestre et ses avatars ne sont qu’habillages dans une approche comportementale plutôt subtile.
Jean-Michel Archaimbault a donc relevé le défi en livrant un roman qui pèse deux fois plus lourd que son modèle. Habilement, et pour renforcer le sentiment d’oppression, il a situé l’intrigue en Russie, ce qui inévitablement suscite l’image des goulags dans notre esprit. Il est resté très fidèle au corpus de l’intrigue, n’en divergeant qu’une fois ses héros sortis de leur camp et s’aventurant dans le monde extérieur. Jean-Michel Archaimbault a bien sûr aussi actualisé les côtés techniques et historiques et s’est même offert un petit clin d’œil avec son héros préféré, Perry Rhodan.
Dans l’œuvre de Richard Bessière, une entité extraterrestre composite est aux manettes et entreprend son évolution vers le monde de l’animé. L’auteur ne dit pas si les rescapés sur Terre reprendront la main, même si la fin se veut optimiste, et avouons-le un peu précipitée, le format de l’ouvrage l’obligeant.
Changement de ton chez Jean-Michel Archaimbault où la perspective d’une collaboration avec l’IA (l’entité décrite ici étant un peu différente de celle de Richard Bessière) n’est pas exclue. Ces deux variations autour du même thème sont excellentes, et celle de Jean-Michel Archaimbault s’est offerte un cadre élargi, non contingenté par les exigences d’une maison d’édition où il fallait écrire vite et beaucoup pour vivre, le tout entre des limites précises. Le résultat, c'est qu’à partir d’une base solide signée Richard Bessière, nous tenons ici un roman remarquable, qui atteint plusieurs objectifs, dont le moindre n'est pas d’actualiser une œuvre de qualité, hélas bien oubliée, mettant à l’honneur l'auteur important qu’était Richard Bessière, mais surtout de nous conter une histoire qui soutient sans problème la comparaison avec ce qui se fait de mieux dans le domaine.
Une belle réussite donc, et une vraie pépite dans le lit de la Rivière Blanche.