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L'Année du Lion | Koors | Deon Meyer | 2016

Par | 30/07/2019 | Lu 387 fois




Ils ont tué mon père.
Je les aurai.
Après la Fièvre qui a décimé les neuf dixièmes de la race humaine, mon père, Willem Storm, a fondé Amanzi, une nouvelle colonie, et l’a menée du chaos à l’ordre, de l’obscurité à la lumière, de la famine à l’abondance.
Je suis Nico Storm, formé par Domingo à l’art de tuer.
Je détestais mon père et je le vénérais.
Ils l’ont abattu à Witput, dans notre beau Karoo, en bordure de l’ombre effacée d’un cercle d’irrigation.
Je vais trouver ses tueurs et je le vengerai.
Ce qui suit est mon histoire.

Fiche de lecture

Pour une fois, mon avis est mitigé et je reste dubitatif après cette lecture dont l’histoire a pourtant su particulièrement me plaire, mais pas le héros.

700 pages et une aventure qui, à la base, est plutôt bonne.

Par contre, surtout, surtout, ne prenez pas comme référence de ce roman la quatrième de couverture qui est d’une nullité crasse, incroyable et impardonnable comme pas permis (notez que je reste poli en écrivant cela, mais que j’en pense pire que tout). Celui qui l’a pondu n’a fait que survoler le roman et, visiblement, il est encore plus mauvais que moi pour écrire des quatrièmes – et je sais que j'en tiens une grave de ce côté.

On met les choses au clair de suite : ce n’est ni un livre de SF pure ni un post-apo dans les formes ultra-violentes qu’on peut parfois y trouver. Considérez que c’est un roman d’anticipation et de post-apo « positive », c’est-à-dire où les gens vont d’abord et avant tout essayer de s’en sortir. Donc les comparaisons avec « La Route » qui sont faites çà et là dans des articles sont totalement fausses – l’atmosphère n’est pas sombre, ni dramatique, ni démoralisante. Bref…

On a là un auteur de polar et de littérature blanche qui a teinté ses habituels écrits d’une notion d’anticipation et de catastrophe épidémique mondiale. Mais nous restons dans son monde, dans son pays, l’Afrique du Sud. On suit le héros de ses 14 ans (pas de commentaire là-dessus, bien que j’en ai envie) au début de sa vie adulte, depuis la fin de la « Fièvre » jusqu'à la mort de son père (pas de spoiler puisque c’est dans la 4e) et au-delà.

Le roman bascule entre deux formes de narration. D'une part, les récits de Nico qui nous raconte tout ce qu’il voit, tout ce à quoi il participe, parfois passivement, parfois activement, d’abord aux côtés de son père qui est avant tout un intellectuel et un organisateur, et non un homme d’action, puis avec des compagnons ou seuls. D'autre part, les interviews des nombreux protagonistes de cette histoire de reconstruction d’un monde détruit par la fièvre au fur et à mesure de leur arrivée dans la vie de Nico ou dans la cité d'Amanzi.

Si l’histoire est relativement prenante, si elle est fort sympa et chouette comme ce qu’écrit habituellement l’auteur – j’ai eu le plaisir de lire plusieurs polars de Meyer – si… elle souffre d’un gros défaut dans ses 700 pages (format poche).

Point de vue sans doute subjectif – enfin, non nécessairement subjectif – mais j’ai trouvé que les ressentis de Nico et donc ce qu’il narre est parfois plat et monotone… On a envie de lire le texte d’une voix monocorde, tellement tout est dépourvu d’émotions profondes et de vrais sentiments – alors que Nico est un ado et donc devrait avoir des réactions plus intenses. Alors faut-il y voir le style habituel de Meyer – qui n’est pas, il est vrai, d’une grande expansivité – et se débrouille sacrément bien dans ses polars ? Faut-il y ajouter le fait qu’il s’agit de la traduction d’une traduction ? Meyer écrit en afrikaans – sa langue d’origine ; il est traduit en anglais et c’est de cette traduction que part le traducteur français. Je dirais les deux, car l’auteur a quitté son monde habituel. Mais j’avoue que lire sans cesse « Machin me dit cela », « Bidule m’explique ceci », « Il ajoute », « Il dit que », etc. ce n’est vraiment pas vivant. Et même si l’auteur nous explique que Nico écrit là ses mémoires, il n’empêche. La pilule ne passe pas du tout.

Pour le reste, l’histoire se lit très bien. Les paysages, le monde de l’Afrique du Sud – de l'Azanie comme certains voulaient l’appeler ces dernières années – et ses modes de vie, tout cela est fort agréablement rendu, ce qui donne une belle épaisseur à cette renaissance – on n’est pas du tout dans un pays inconnu qui pourrait se trouver n’importe où dans le Monde. L’histoire n’est pas centrée sur la Fièvre et le post-apo, ni sur la guerre entre gens qui vont se déchirer. On parle de politique, de société, de vie plus que survie, on aborde des problèmes humains et de vie de groupe, aussi bien que des difficultés techniques et pratiques. C’est super bien détaillé et argumenté. Au point qu’on a vraiment envie d’aller au bout et que j’ai lu l’histoire en une semaine.

Bref du très bon, mais… un gros bémol qui m’a laissé un petit arrière-goût d’imperfection sans, heureusement, me couper l’envie d’aller jusqu'au bout.

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