« Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension.»
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.
Fiche de lecture
Dans ce récit pour le moins extraordinaire, L’Anomalie est le titre de l’ultime livre de l’auteur de Des échecs qui ratent dont le succès a laissé à désirer. Toutefois, le dernier roman sera un triomphe.
Cet écrivain fictif s’inscrit dans la galerie des personnages tantôt sulfureux, tantôt émérites, qui peuplent les premiers chapitres : un tueur professionnel doué, une monteuse de film peu respectueuse des hommes, un architecte vieillissant, un commandant de bord bientôt à la retraite, un lieutenant GI sarcastique et sa petite fille, un chanteur de musique pop nigérien qui doit taire ses penchants sexuels, une avocate noire ambitieuse qui défend une multinationale pharma véreuse.
Tous partagent trois points communs. Ils réussissent dans leur métier (ou survivent à l’enfer, tel le GI), intéressent la police, les services secrets ou le FBI et faisaient partie des 230 passagers et 13 membres d’équipage à bord du vol AF006 Paris-New-York qui a affronté une turbulence monstrueuse surgie à l’improviste au-dessus de l’océan.
À cette palette de portraits non dénués d’ironie s’ajoutent deux sommités scientifiques : une topologiste et un probabiliste éminents. Ce dernier est le créateur du « protocole 42 », le modèle suprême de prise de décision face à un cas de perturbation majeur du trafic aérien, lequel cas n’obéissant à aucune situation prévisible par l’intelligence, bref, l’anomalie dans son jus le plus pur. Anomalie à un tel point que, pour la gérer, le président des États-Unis doit s’entourer de deux équipes de conseillers spéciaux : des notoriétés en mathématiques et des autorités religieuses.
C’est alors que l’on constate une obsession de l’auteur : faire entrer dans le possible, rendre vrai l’incroyable. D’où son érudition prodigieuse, qu’il s’agisse de courants scientifiques contemporains sur la nature de l’univers ou de courants théologiques sur la nature de la création. Cette difficile suspension de l’incrédulité va se retrouver jusque dans le récit lui-même, chez le commandement de bord dans le cockpit du fameux vol Paris-New-York. Avant l’atterrissage, mis en liaison avec l’armée américaine, le pilote est persuadé qu’il est victime d’un canular à la veille de sa retraite. Mais ce n’est guère une plaisanterie.
Suivant scrupuleusement le « protocole 42 » le Boeing 787 du vol Air-France sera détourné sur une base militaire ultra-sécurisée du New Jersey.
Tous les passagers et les membres de l’équipage vont y être briefés, car ils ont tous un lien avec un autre vol, antérieur de plusieurs mois, et ce lien implique que ces voyageurs ne peuvent exister que dans un possible inouï.
Dans une fourmilière d’effets de vérité, le rationnel est rattrapé par un naturel jusque-là insoupçonné. De retour chez eux, tous les personnages vont devoir affronter des situations concrètes qu’aucune assurance, aucune étude de notaire, aucune administration étatique n’avait jamais envisagé.
Et si les fanatiques fondamentalistes s’en mêlaient ?
On ne cesse d’être secoué par les turbulences des interrogations sur le sens de la vie et sur le sens de l’univers.
Ne vous attendez pas à une fin prévisible. Un coup de théâtre donne le coup de grâce à l’anomalie initiale. Laissez-vous emporter par cette plume élégante, raffinée, à la métaphore insolite (« L’air coagule autour de la colère de Clarck »). C’est la plume d’un maître de l’OULIPO, l’ouvroir de littérature potentielle.
Le livre est en lice pour le prix Goncourt... qu'il a d'ailleurs remporté le 30 novembre 2020 !
Cet écrivain fictif s’inscrit dans la galerie des personnages tantôt sulfureux, tantôt émérites, qui peuplent les premiers chapitres : un tueur professionnel doué, une monteuse de film peu respectueuse des hommes, un architecte vieillissant, un commandant de bord bientôt à la retraite, un lieutenant GI sarcastique et sa petite fille, un chanteur de musique pop nigérien qui doit taire ses penchants sexuels, une avocate noire ambitieuse qui défend une multinationale pharma véreuse.
Tous partagent trois points communs. Ils réussissent dans leur métier (ou survivent à l’enfer, tel le GI), intéressent la police, les services secrets ou le FBI et faisaient partie des 230 passagers et 13 membres d’équipage à bord du vol AF006 Paris-New-York qui a affronté une turbulence monstrueuse surgie à l’improviste au-dessus de l’océan.
À cette palette de portraits non dénués d’ironie s’ajoutent deux sommités scientifiques : une topologiste et un probabiliste éminents. Ce dernier est le créateur du « protocole 42 », le modèle suprême de prise de décision face à un cas de perturbation majeur du trafic aérien, lequel cas n’obéissant à aucune situation prévisible par l’intelligence, bref, l’anomalie dans son jus le plus pur. Anomalie à un tel point que, pour la gérer, le président des États-Unis doit s’entourer de deux équipes de conseillers spéciaux : des notoriétés en mathématiques et des autorités religieuses.
C’est alors que l’on constate une obsession de l’auteur : faire entrer dans le possible, rendre vrai l’incroyable. D’où son érudition prodigieuse, qu’il s’agisse de courants scientifiques contemporains sur la nature de l’univers ou de courants théologiques sur la nature de la création. Cette difficile suspension de l’incrédulité va se retrouver jusque dans le récit lui-même, chez le commandement de bord dans le cockpit du fameux vol Paris-New-York. Avant l’atterrissage, mis en liaison avec l’armée américaine, le pilote est persuadé qu’il est victime d’un canular à la veille de sa retraite. Mais ce n’est guère une plaisanterie.
Suivant scrupuleusement le « protocole 42 » le Boeing 787 du vol Air-France sera détourné sur une base militaire ultra-sécurisée du New Jersey.
Tous les passagers et les membres de l’équipage vont y être briefés, car ils ont tous un lien avec un autre vol, antérieur de plusieurs mois, et ce lien implique que ces voyageurs ne peuvent exister que dans un possible inouï.
Dans une fourmilière d’effets de vérité, le rationnel est rattrapé par un naturel jusque-là insoupçonné. De retour chez eux, tous les personnages vont devoir affronter des situations concrètes qu’aucune assurance, aucune étude de notaire, aucune administration étatique n’avait jamais envisagé.
Et si les fanatiques fondamentalistes s’en mêlaient ?
On ne cesse d’être secoué par les turbulences des interrogations sur le sens de la vie et sur le sens de l’univers.
Ne vous attendez pas à une fin prévisible. Un coup de théâtre donne le coup de grâce à l’anomalie initiale. Laissez-vous emporter par cette plume élégante, raffinée, à la métaphore insolite (« L’air coagule autour de la colère de Clarck »). C’est la plume d’un maître de l’OULIPO, l’ouvroir de littérature potentielle.
Le livre est en lice pour le prix Goncourt... qu'il a d'ailleurs remporté le 30 novembre 2020 !