Affiche et synopsis
Entre « Ma Loute » et « La Vie de Jésus » , entre le ciel et la terre, Bruno Dumont nous offre une vision caustique, cruelle et déjantée de La Guerre des étoiles.
Source : AllôCiné
Source : AllôCiné
Présentation
Le synopsis est lapidaire. Trop, et cela ne rend pas justice au film, c’est dommage.
Le film se passe dans un hameau de la Côte d’Opale, voire du Boulonnais, au nord de la France. On devine sans peine le « plat pays » de Belgique pas très loin.
Jony est un modeste pêcheur qui vit avec sa vieille mère revêche. Celle-ci garde le petit Freddy, né des amours de Jony. Autour d’eux vivent le chevelu Rudy, la sensuelle Jane, et Line, la pimbêche blond peroxydé accro à son portable. En somme de gentils péquenauds à la trogne aussi marquante que leurs paroles sont rares.
Alors que la mère de Freddy vient rechercher son fils en compagnie de Rudy, son nouvel amoureux, celui-ci braque le volant, cause un accident... et décapite sa compagne à coup de sabre laser.
C’est le premier acte d’une guerre entre les 1 et les 0, dont l’enjeu est rien de moins que la colonisation de la Terre et le règne du Margat, l’enfant élu. Mais celui-ci est bien protégé par les chevaliers de l’Ordre...
Voilà pour un synopsis plus développé.
***
Entre parodie des films et clichés de science-fiction, déclaration d’amour au Nord cher au réalisateur (« C’est le Nooord »... oui vous avez lu ce dernier mot avec l’intonation de feu Michel Galabru dans « Bienvenue chez les Ch'tis »... n’ayez pas honte) et occasion pour Fabrice Luchini d’encore faire le cabotin, « l’Empire » aurait pu passer pour un film déjanté survolté, dynamique comme dessin animé de Tex Avery sous cocaïne.
Bien que déjanté (les vaisseaux spatiaux des « gentils » et des « méchants » étant modélisés à partir de la Sainte-Chapelle à Paris et du palais Caserte, près de Naples), le film prend le temps de poser son atmosphère par de grands plans larges et pour dépeindre les personnages.
Et ceux-ci sont attachants, par-delà leurs propos parfois cryptiques et leurs attitudes maladroites qui rappellent celles des androïdes cherchant à vouloir comprendre l’humanité. Cet effet est par ailleurs accentué par le caractère non-professionnel de certains acteurs.
Ce film comporte une sensation d’étrangeté, sinon d’inquiétante étrangeté : nous voyons que les personnages ont une apparence humaine mais leurs paroles, leurs gestes montrent qu’ils ne le sont pas tout à fait. Tous nous est familier... sans l’être.
Y compris jusqu’aux codes et clins d’œil : mélange éclectique de « La Guerre des étoiles » ,« Highlander », d’un « Bienvenue chez les Ch'tis » qui serait revisité par Ken Loach le tout mêlé un soupçon d’absurde à la Samuel Beckett (eu égards aux silences et à l’échevèlement du langage), « L’Empire » ne fait pas rire.
Ou du moins pas du rire joyeux et franc d’une comédie parodique de type « La Folle Histoire de l’espace ». Non là le rire est plus un rire de gêne et d’inconfort ou face à un Fabrice Luchini - certes vieillissant - mais demeurant cabotin et bouffon comme je l’aime.
« Que suis je en train de regarder ? » est la question qui vous accompagnera tout au long du visionnage.
Mais pour étrange qu’il soit, « l’Empire » est un film qui vaut le détour. Ne serait-ce que pour faire l'expérience de cette sensation particulière d’inquiétante étrangeté.
On peut cependant reprocher au film d'ouvrir des arches narratives sans les développer davantage... et à la critique de le réduire à un pastiche de « La Guerre des étoiles », là où il est un pastiche du space opera et de la science-fiction en général.
Ce film a été pour moi la découverte de l’univers « comico-burlesque » de Bruno Dumont, réalisateur des mini-séries « Ptit Quinquin » et « Coincoin et les Z'inhumains ». Un univers qui rappelle, dans un autre registre, celui du premier album d’Hubert Félix Thiéfaine « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir », le volet littéraire en moins.
En somme, si vous voulez sortir des sentiers battus et contempler un "hochepot" de science fiction sauce à la bière du Nord, foncez voir « l’Empire » !
Évitez cependant de le voir dans la suite immédiate de « Dune partie 2 ». Car je pense que, comme en plongée, il faut respecter les paliers de décompression entre les deux films. Pour ma part cela a été une semaine. Je ne sais pas ce qu’il peut arriver si on voit « L’Empire » à la suite de « Dune partie 2 ». Peut-être cela va-t-il invoquer un monstre lovecraftien ou créer une fracture dans le continuum espace-temps...
Le film se passe dans un hameau de la Côte d’Opale, voire du Boulonnais, au nord de la France. On devine sans peine le « plat pays » de Belgique pas très loin.
Jony est un modeste pêcheur qui vit avec sa vieille mère revêche. Celle-ci garde le petit Freddy, né des amours de Jony. Autour d’eux vivent le chevelu Rudy, la sensuelle Jane, et Line, la pimbêche blond peroxydé accro à son portable. En somme de gentils péquenauds à la trogne aussi marquante que leurs paroles sont rares.
Alors que la mère de Freddy vient rechercher son fils en compagnie de Rudy, son nouvel amoureux, celui-ci braque le volant, cause un accident... et décapite sa compagne à coup de sabre laser.
C’est le premier acte d’une guerre entre les 1 et les 0, dont l’enjeu est rien de moins que la colonisation de la Terre et le règne du Margat, l’enfant élu. Mais celui-ci est bien protégé par les chevaliers de l’Ordre...
Voilà pour un synopsis plus développé.
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Entre parodie des films et clichés de science-fiction, déclaration d’amour au Nord cher au réalisateur (« C’est le Nooord »... oui vous avez lu ce dernier mot avec l’intonation de feu Michel Galabru dans « Bienvenue chez les Ch'tis »... n’ayez pas honte) et occasion pour Fabrice Luchini d’encore faire le cabotin, « l’Empire » aurait pu passer pour un film déjanté survolté, dynamique comme dessin animé de Tex Avery sous cocaïne.
Bien que déjanté (les vaisseaux spatiaux des « gentils » et des « méchants » étant modélisés à partir de la Sainte-Chapelle à Paris et du palais Caserte, près de Naples), le film prend le temps de poser son atmosphère par de grands plans larges et pour dépeindre les personnages.
Et ceux-ci sont attachants, par-delà leurs propos parfois cryptiques et leurs attitudes maladroites qui rappellent celles des androïdes cherchant à vouloir comprendre l’humanité. Cet effet est par ailleurs accentué par le caractère non-professionnel de certains acteurs.
Ce film comporte une sensation d’étrangeté, sinon d’inquiétante étrangeté : nous voyons que les personnages ont une apparence humaine mais leurs paroles, leurs gestes montrent qu’ils ne le sont pas tout à fait. Tous nous est familier... sans l’être.
Y compris jusqu’aux codes et clins d’œil : mélange éclectique de « La Guerre des étoiles » ,« Highlander », d’un « Bienvenue chez les Ch'tis » qui serait revisité par Ken Loach le tout mêlé un soupçon d’absurde à la Samuel Beckett (eu égards aux silences et à l’échevèlement du langage), « L’Empire » ne fait pas rire.
Ou du moins pas du rire joyeux et franc d’une comédie parodique de type « La Folle Histoire de l’espace ». Non là le rire est plus un rire de gêne et d’inconfort ou face à un Fabrice Luchini - certes vieillissant - mais demeurant cabotin et bouffon comme je l’aime.
« Que suis je en train de regarder ? » est la question qui vous accompagnera tout au long du visionnage.
Mais pour étrange qu’il soit, « l’Empire » est un film qui vaut le détour. Ne serait-ce que pour faire l'expérience de cette sensation particulière d’inquiétante étrangeté.
On peut cependant reprocher au film d'ouvrir des arches narratives sans les développer davantage... et à la critique de le réduire à un pastiche de « La Guerre des étoiles », là où il est un pastiche du space opera et de la science-fiction en général.
Ce film a été pour moi la découverte de l’univers « comico-burlesque » de Bruno Dumont, réalisateur des mini-séries « Ptit Quinquin » et « Coincoin et les Z'inhumains ». Un univers qui rappelle, dans un autre registre, celui du premier album d’Hubert Félix Thiéfaine « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir », le volet littéraire en moins.
En somme, si vous voulez sortir des sentiers battus et contempler un "hochepot" de science fiction sauce à la bière du Nord, foncez voir « l’Empire » !
Évitez cependant de le voir dans la suite immédiate de « Dune partie 2 ». Car je pense que, comme en plongée, il faut respecter les paliers de décompression entre les deux films. Pour ma part cela a été une semaine. Je ne sais pas ce qu’il peut arriver si on voit « L’Empire » à la suite de « Dune partie 2 ». Peut-être cela va-t-il invoquer un monstre lovecraftien ou créer une fracture dans le continuum espace-temps...