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L'Héritier de Clamoria | Benedict Taffin | 2016

Suivi de Werlacht et Bulle de Bonheur

Par | 13/11/2016 | Lu 1431 fois




L'intrépide capitaine Akatz Ielena est appelée sur la planète Clamoria. La reine se meurt et le prince héritier a disparu. Dans ce royaume matriarcal, monter sur le trône exige d’être une femme. Le prince doit changer de sexe. Mais la colère gronde chez les hommes, ces citoyens de seconde classe. Ont-ils enlevé le prince pour le soustraire à son terrible destin ? C'est ce qu'Akatz est chargée de découvrir.

Dans cette première enquête intersidérale grand format, nous retrouvons la capitaine Akatz, agent mi-humaine mi-féline, que nous avions déjà rencontrée dans les Collectifs du Fou. Fidèle à elle-même, Akatz martyrise avec bonheur son jeune compagnon, le doux Isidore Laime, et peut toujours compter sur sa fidèle IA, Polaris, aussi efficace que jalouse.

Un roman SF qui joue avec les codes d’un genre longtemps réservé aux héros masculins pour mieux les renverser.

Fiche de lecture

Le vaisseau spatial au fuselage élancé et au doux nom de Polaris émergea de l’hyperespace à proximité du système stellaire de Lapos. A son bord, la capitaine de l’Agence, Akatz Ielena, observait scrupuleusement le mur-écran. Tendue, la queue dressée, les oreilles pointées vers l’avant, les griffes enfoncées dans les accoudoirs de son fauteuil, elle scrutait de ses iris fendus la noirceur piquetée d’étoiles de l’espace. (Benedict Taffin, extrait de la nouvelle : Bulle de Bonheur)
 
Sur ordre de l’Agence, la capitaine Akatz Ielena se rend sur la planète Clamoria avec pour mission d’enquêter sur le kidnapping du jeune prince Arthur, successeur au trône - sa mère, la reine Lisebeth est mourante. Pour élucider cette disparition, Akatz est accompagnée de son coéquipier, le sergent Isidore Laime, et de Polaris, l’IA de son vaisseau. Leur aide lui sera précieuse car, au cœur de ce régime politique dans lequel le pouvoir est exercé par des femmes redoutables, les potentielles suspectes ne manqueront pas de lui donner du fil à retordre !
 
La première fois que j’ai entendu parler des aventures intersidérales de la capitaine Akatz, c’est lors de la parution de cet ouvrage « L’Héritier de Clamoria ». Je dois dire que la jolie couverture d’illustration réalisée par Jef Caiazzo, ainsi que le résumé en quatrième de couverture, ont titillé ma curiosité. En effet, en tant qu’amatrice d’aventures spatiales, je ne pouvais pas manquer d’embarquer à bord ! Et mon intuition était bonne.
 
Plus que l’enquête elle-même (j’ai compris rapidement qui était impliqué derrière cet enlèvement), ce qui m’a particulièrement bien plu, c’est tout le côté aventure de ce récit. Le moins que je puisse dire, c’est que Akatz, tout comme le lecteur, n’a pas une minute de répit. La capitaine a le don de se retrouver dans des situations explosives, et les scènes d’action bien musclées sont particulièrement bien écrites. On s’y croirait vraiment. Entre nous, c’est dommage que « JeSuisTropBelle », la voiture allouée à Akatz pour cette enquête, ait été entièrement détruite, parce que franchement, elle n’avait rien à envier à la Batmobile, ni à KITT ! ^-^
 
Maintenant, au niveau du contexte : personnellement je n’approuve pas les mouvements extrêmes, quels qu’ils soient. Pourtant, au sein de cette gynocratie, Benedict Taffin apporte des nuances de gris – rien n’est tout blanc ou tout noir (opinions et actions) – qui sont les bienvenues, mais surtout, elle y amène de l’humour, chose que d’autres auteurs n’ont pas toujours su apporter, et cela est à relever, car fort appréciable.
 
A mes yeux, le gros point fort de ce roman réside dans son héroïne : Akatz Ielena. Cette hybride, mi-humaine mi-féline, est remarquablement bien travaillée et mise en scène. J’adore la manière dont Benedict Taffin la décrit en utilisant des adjectifs/qualificatifs se rapportant aux humains greffés sur des réactions félines. On en trouve un bel exemple dans le texte cité ci-dessus, qui souligne parfaitement le côté hybride du personnage. A ce sujet, il serait intéressant de découvrir pourquoi le personnage est hybride. Est-ce un choix de ses concepteurs/géniteurs ou est-ce une race à part entière dans cet univers ?
 
Akatz est accompagnée par deux autres personnages qui tantôt la tempèrent, tantôt la mettent en valeur. Tout d’abord Polaris, l’IA de son vaisseau du même nom, qui lui rend sacrément service. Mais cette chère IA est dotée d’un caractère bien trempé ! Elle est jalouse et possessive, ce qui conduit parfois à des scènes cocasses. L’autre personnage, c’est Isidore Laime, son coéquipier et, accessoirement, souffre-douleur. On en sait encore très peu sur lui, cependant, derrière ses apparentes faiblesses, il me semble qu’il se cache un homme qui a plus d’un tour dans son sac…
 
Avec « L’Héritier de Clamoria », Les Editions du 38 nous propose une fois de plus un ouvrage soigné et de belle confection. Au niveau du style de l’auteur, l’écriture est fluide et le tout se lit très facilement, malgré quelques dialogues superflus et – je trouve - une surabondance de l’utilisation des 3 petits points. Mais cela n’enlève rien au fait que la narration est plaisante, et que les scènes descriptives sont fort bien dépeintes.
 
« L’Héritier de Clamoria » est suivi de deux nouvelles publiées avant cette histoire : « Werlacht » et « Bulle de Bonheur ». Ce sont deux courts récits que j’ai bien appréciés, surtout « Werlacht », car 100% SF.
 
Le premier nous emmène à bord de la station spatiale Werlacht (Qui rit ?) qui émet un signal de détresse, mais ne répond à aucun appel. A mi-chemin entre HAL 9000 (2001 L’Odyssée de l’Espace) et les Réplicateurs (Stargate SG1), cette nouvelle d’une vingtaine de pages nous fait découvrir ce qui peut se produire lorsque l’ordinateur central d’un vaisseau prend le contrôle… Cette histoire, c’est aussi la toute première rencontre entre la capitaine Akatz et le sergent Laime.  Quant à « Bulle de Bonheur », c’est un récit tout en douceur, durant la lecture duquel on a envie de fredonner « Lucy in the sky with diamonds »… ^-^
 
En conclusion, avec ce trio de personnages, on a là une base béton pour un grand nombre d’aventures intersidérales. Et j’espère qu’il y a en aura d’autres en grand format, comme celle-ci, car je serai de la partie ! Sur fond de toile SF, de l’aventure, de l’action, des situations explosives, de l’humour, et une héroïne hors du commun, pour un dépaysement total. Que demander de plus ? Je recommande chaleureusement cet ouvrage à tous les lecteurs entre 12 et 99 ans.

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