La solitude du futur vue par une Chinoise
Le futur tel que vous ne l'avez jamais lu.
À travers douze nouvelles d'une rare sensibilité, Hao Jingfang explore l'humain face à un avenir incertain. L'insondable profondeur de la solitude, c'est celle de l'individu confronté à la marche inéluctable du temps et de la civilisation, de l'évolution et de la technique, de l'aliénation et du pouvoir. Sa fragilité et sa détresse, ses désirs et son besoin de résistance, ce sont les nôtres, nous les partageons universellement, et Hao Jingfang les éclaire d'une plume délicate et compatissante.
Le futur tel que vous ne l'avez jamais lu.
À travers douze nouvelles d'une rare sensibilité, Hao Jingfang explore l'humain face à un avenir incertain. L'insondable profondeur de la solitude, c'est celle de l'individu confronté à la marche inéluctable du temps et de la civilisation, de l'évolution et de la technique, de l'aliénation et du pouvoir. Sa fragilité et sa détresse, ses désirs et son besoin de résistance, ce sont les nôtres, nous les partageons universellement, et Hao Jingfang les éclaire d'une plume délicate et compatissante.
Table des matières
Introduction Pékin Origami Au centre de la prospérité Le Chant des cordes Le Dernier des braves Le Théâtre de l'univers Question de vie ou de mort Le Palais Epang L'Envol de Cérès La Clinique dans la montagne La Chambre des malades Le Procrastinateur
Fiche de lecture
La Chine imaginaire de demain...
Du Nord-est de la Chine, physicienne et économiste, bientôt 34 ans, Hao Jingfang, s’est depuis longtemps tournée vers la science-fiction. Ce genre semble ambivalent à ses yeux : il lui donne le sentiment d’être hors du monde, donc dans une profonde solitude, mais, en même temps, il s’avère le plus libre des genres. Tiens, le thème de la liberté vanté par une nouvelliste chinoise… !
Justement, quand je lis un auteur de la Chine contemporaine, il m’est difficile de faire abstraction du contexte politique autour du livre. Il est à noter que dans le cas de Hao Jingfang, ses textes sont datés des années 2010 – 2016, années qui précèdent le serrage de vis du pouvoir central.
Et, en effet, avec elle, on entre dans un imaginaire des plus exotiques, emprunt de culture asiatique (certains textes évoquent le monde merveilleux de l’une ou l’autre des Nouvelles orientales de Yourcenar).
L’ordre de l’environnement y est imposé, décidé ailleurs, par une élite. La ville a ses rouages implacables. Pékin articule trois cités qui, tour à tour se plient tel un origami. Lorsque l’une des trois agglomérations plonge dans les entrailles de la terre, ses habitants sont gazés pour s’endormir. Le citoyen est cantonné dans son secteur et confiné dans son travail.
Les héros de ces récits sont des personnages qui ont peu de pouvoir mais beaucoup d’ambition (pour eux-mêmes ou pour les autres). Dans ce monde, choisir d’être soi-même, de défendre son identité demande du courage. Tout comme assurer un bel avenir artistique à son enfant, entre autres.
Les nouvelles sont marquées d’une forte dimension philosophique. Tantôt, l’on s’interroge sur l’identité humaine, sur le sens de l’existence dans un monde où votre destin vous échappe, où, par exemple, le génie peut être poursuivi pour être éliminé par le pouvoir central.
On peut aussi se demander ce qu’il en est de l’ambition de l’artiste, quand il doit choisir entre assurer sa carrière prometteuse et sauver (grâce à la musique) l’humanité des extraterrestres ? Va-t-il se sacrifier ou se soumettre, renoncer à toute contestation, certes perdre un peu de liberté, mais être heureux ?
L’un des récits aborde même le sens de la vie individuelle. Ne dépasse-t-il pas la condition du mortel ? Une forme d’éternité serait garantie par la réincarnation (propre à la mythologie bouddhiste chinoise).
Plus généralement, quelle est la place de l’humanité dans le cosmos ? Doit-elle s’affirmer devant les extraterrestres comme un modèle de sagesse ? Quel serait ce modèle ? La connaissance orientée dans les deux sens, l’une tournée vers le monde extérieur, l’autre vers le monde intérieur ? Malheur dans ce cas aux aliens qui ne se pencheraient que sur l’étude de l’univers et des voyages intersidéraux.
Mais, au fond, pourquoi rechercher la connaissance ? Comment se comprendre soi-même ? Par quel type de savoir ? Et la famille, la venue d’un enfant ne gâchent-elles cette quête ? Ainsi, l’une des nouvelles met en scène, chez un nouveau père mathématicien, l’obsession de perdre son don, de n’être plus qu’un être banal, donc de dégringoler du podium de l’élite.
Reste la question du pouvoir. Du « pouvoir impérial », la source de solitude, par excellence. Mais aussi le pouvoir des députés. Un astéroïde riche en eau s’avère indispensable pour étendre la vie sur Mars. Aussi, sans état d’âme, par une décision froide, tranchante, les élus décident l’expulsion de la collectivité chaleureuse qui habite l’astéroïde. Les sentiments n’ont pas de place dans l’histoire humaine.
Ces textes sont fluides, faciles et agréables à lire, sensibles. Dans l’ensemble le résultat de la traduction est satisfaisant. Ce monde imaginaire mérite le détour.
Du Nord-est de la Chine, physicienne et économiste, bientôt 34 ans, Hao Jingfang, s’est depuis longtemps tournée vers la science-fiction. Ce genre semble ambivalent à ses yeux : il lui donne le sentiment d’être hors du monde, donc dans une profonde solitude, mais, en même temps, il s’avère le plus libre des genres. Tiens, le thème de la liberté vanté par une nouvelliste chinoise… !
Justement, quand je lis un auteur de la Chine contemporaine, il m’est difficile de faire abstraction du contexte politique autour du livre. Il est à noter que dans le cas de Hao Jingfang, ses textes sont datés des années 2010 – 2016, années qui précèdent le serrage de vis du pouvoir central.
Et, en effet, avec elle, on entre dans un imaginaire des plus exotiques, emprunt de culture asiatique (certains textes évoquent le monde merveilleux de l’une ou l’autre des Nouvelles orientales de Yourcenar).
L’ordre de l’environnement y est imposé, décidé ailleurs, par une élite. La ville a ses rouages implacables. Pékin articule trois cités qui, tour à tour se plient tel un origami. Lorsque l’une des trois agglomérations plonge dans les entrailles de la terre, ses habitants sont gazés pour s’endormir. Le citoyen est cantonné dans son secteur et confiné dans son travail.
Les héros de ces récits sont des personnages qui ont peu de pouvoir mais beaucoup d’ambition (pour eux-mêmes ou pour les autres). Dans ce monde, choisir d’être soi-même, de défendre son identité demande du courage. Tout comme assurer un bel avenir artistique à son enfant, entre autres.
Les nouvelles sont marquées d’une forte dimension philosophique. Tantôt, l’on s’interroge sur l’identité humaine, sur le sens de l’existence dans un monde où votre destin vous échappe, où, par exemple, le génie peut être poursuivi pour être éliminé par le pouvoir central.
On peut aussi se demander ce qu’il en est de l’ambition de l’artiste, quand il doit choisir entre assurer sa carrière prometteuse et sauver (grâce à la musique) l’humanité des extraterrestres ? Va-t-il se sacrifier ou se soumettre, renoncer à toute contestation, certes perdre un peu de liberté, mais être heureux ?
L’un des récits aborde même le sens de la vie individuelle. Ne dépasse-t-il pas la condition du mortel ? Une forme d’éternité serait garantie par la réincarnation (propre à la mythologie bouddhiste chinoise).
Plus généralement, quelle est la place de l’humanité dans le cosmos ? Doit-elle s’affirmer devant les extraterrestres comme un modèle de sagesse ? Quel serait ce modèle ? La connaissance orientée dans les deux sens, l’une tournée vers le monde extérieur, l’autre vers le monde intérieur ? Malheur dans ce cas aux aliens qui ne se pencheraient que sur l’étude de l’univers et des voyages intersidéraux.
Mais, au fond, pourquoi rechercher la connaissance ? Comment se comprendre soi-même ? Par quel type de savoir ? Et la famille, la venue d’un enfant ne gâchent-elles cette quête ? Ainsi, l’une des nouvelles met en scène, chez un nouveau père mathématicien, l’obsession de perdre son don, de n’être plus qu’un être banal, donc de dégringoler du podium de l’élite.
Reste la question du pouvoir. Du « pouvoir impérial », la source de solitude, par excellence. Mais aussi le pouvoir des députés. Un astéroïde riche en eau s’avère indispensable pour étendre la vie sur Mars. Aussi, sans état d’âme, par une décision froide, tranchante, les élus décident l’expulsion de la collectivité chaleureuse qui habite l’astéroïde. Les sentiments n’ont pas de place dans l’histoire humaine.
Ces textes sont fluides, faciles et agréables à lire, sensibles. Dans l’ensemble le résultat de la traduction est satisfaisant. Ce monde imaginaire mérite le détour.