Illustration et quatrième de couverture
La cité et les astres @ 2002 Folio SF | Illustration de couverture @ Eikasia
Leur Empire galactique liquidé par les Envahisseurs - refoulés de la Terre d'extrême justesse - le peu qui reste des hommes se terre dans une Cité unique sur le globe dévasté et vieilli. Et à Diaspar, la merveilleuse, ils finissent par assurer à leurs vies, en pratique éternelles, un équilibre et une harmonie incomparables. Mais au prix d'un refus total du monde extérieur, de calcul devenu instinct. Pourtant, que surgisse un aberrant qui, dévoré de curiosité, méprise cette fuite dans la prison du bonheur; qu'il s'évade, non seulement de Diaspar mais de la Terre, et toute l'Histoire s'en trouve remise en marche...
Fiche de lecture
Ce livre, à un âge encore tendre, fut une vraie révélation. Je me souviens de m'être aventuré dans un monde extraordinaire, oubliant durant quelques heures toute réalité. Au-delà de son thème très ambitieux, ce texte est véritablement inspiré, traitant avec élégance des sujets aussi souvent malmenés que l’avenir de l’humanité, la religion, l’accomplissement personnel. La grande force de « La Cité et les Astres » tient dans l’évocation d’un monde futur que l’auteur peint avec art. Une grande élévation de pensée habite ces pages.
L’histoire est simple : dans un milliard d’années, sur Terre, ne subsistent plus que deux modèles d’humanité ayant emprunté des voies évolutives différentes. Elles proposent des modes d’existence opposés. Ainsi l’apothéose de la technologie contraste avec l’harmonie d’une société pastorale dont les membres sont unis par des liens télépathiques. Les habitants de Diaspar vivent cloîtrés dans une cité fabuleuse, aboutissement d’une science supérieure dont les réalisations - et c’est un des exploits de Clarke - n’ont pas pris une ride ! Les inventions restent crédibles, époustouflantes. Diaspar – anagramme de paradis – offre des richesses inépuisables, qu’une vie entière ne suffit pas à découvrir. Sa population, délivrée de la recherche du pain quotidien – mi-frivole, mi-esthète – s’adonne à des occupations destinées à perfectionner ses talents et ne ressent aucun ennui.
Diaspar et Lys s’ignorent. L’une a perdu le souvenir de l’autre qui accueille, au fil des âges, les esprits les plus curieux qui fuient la cité éternelle. Diaspar est comme une arche de Noé. Elle protège entre ses murs ses enfants des atteintes du temps, par le biais de mécanismes compliqués – circuits d’éternité préservant la matière – et « recyclage » de la population qui, après une existence d’un millier d’années, rejoint les banques à mémoire pour être rappelée à nouveau des centaines de siècles plus tard. Le nombre d’habitants de Diaspar est donc fini, mais la séquence d’apparition des individus fait que la combinaison en est toujours différente. La reproduction biologique a été abandonnée à l’aube de l’humanité, mais la sexualité s’exerce toujours entre hommes et femmes. La mort n’existe plus, quand elle régule au contraire l’équilibre démographique de Lys, qui a maintenu le modèle antique des naissances biologiques et de la vieillesse.
Un traumatisme ancien concourt à confiner les habitants de Diaspar dans leur cité, et l’évocation du monde extérieur, de la splendeur qui s’attache au souvenir du vieil empire galactique, les remplit de terreur.
Néanmoins, pour ne pas succomber à la décadence, érosion qui frappe les sociétés même les plus abouties, les concepteurs de la ville ont imaginé des solutions sophistiquées, sous forme de facteurs correctifs à court terme – des bouffons qui introduisent des doses calculées de désordre – et à long terme – le héros de l’histoire, un dénommé Alvin qui, unique, c’est-à-dire n’ayant jamais eu d’existence antérieure, est destiné à apporter des bouleversements plus profonds dans cette société figée. Pour ses compatriotes, Alvin est un monstre, attiré par tout ce qui leur fait horreur, et en particulier bien sûr par le monde extérieur. Sa soif de découverte le mènera d’abord en Lys où sa capacité à mettre sens dessus dessous ce qui l’entoure s’y exercera pour la plus grande consternation de ses hôtes. Car Lys aussi, sous des couleurs plus vivantes, plus libérales, souffre de maux similaires à ceux de Diaspar. Néanmoins, c’est en Lys qu’Alvin découvrira le serviteur du Maître, dernier messie de l’espèce humaine, héritier ultime d’une longue lignée de prophètes.
L’introduction du fait religieux dans une intrigue jusqu’alors bâtie sur l’opposition de deux cultures va complètement transcender le récit et le propulser vers les sommets. Alvin entreprendra une quête sur la route suivie jadis par ses ancêtres. Ce qu’il trouvera dans l’espace l’éclairera à la fois sur le passé et l’avenir, dans une grandiose perspective.
Ce beau livre, dont Alain Dorémieux disait, qu’à l’instar d’un grand cru de Bordeaux, il se bonifiait avec le temps, a connu de multiples rééditions depuis son apparition au Rayon Fantastique. C’est l’œuvre majeure de Clarke, bien supérieure à ses autres titres. Évocation vertigineuse et démesurée d’un futur fabuleux, original, riche d’enseignements et de considérations sur le sens de notre existence, cet ouvrage reste dans la plus pure acceptation du terme un superbe space-opéra, indémodable et jamais dépassé à ma connaissance.
L’histoire est simple : dans un milliard d’années, sur Terre, ne subsistent plus que deux modèles d’humanité ayant emprunté des voies évolutives différentes. Elles proposent des modes d’existence opposés. Ainsi l’apothéose de la technologie contraste avec l’harmonie d’une société pastorale dont les membres sont unis par des liens télépathiques. Les habitants de Diaspar vivent cloîtrés dans une cité fabuleuse, aboutissement d’une science supérieure dont les réalisations - et c’est un des exploits de Clarke - n’ont pas pris une ride ! Les inventions restent crédibles, époustouflantes. Diaspar – anagramme de paradis – offre des richesses inépuisables, qu’une vie entière ne suffit pas à découvrir. Sa population, délivrée de la recherche du pain quotidien – mi-frivole, mi-esthète – s’adonne à des occupations destinées à perfectionner ses talents et ne ressent aucun ennui.
Diaspar et Lys s’ignorent. L’une a perdu le souvenir de l’autre qui accueille, au fil des âges, les esprits les plus curieux qui fuient la cité éternelle. Diaspar est comme une arche de Noé. Elle protège entre ses murs ses enfants des atteintes du temps, par le biais de mécanismes compliqués – circuits d’éternité préservant la matière – et « recyclage » de la population qui, après une existence d’un millier d’années, rejoint les banques à mémoire pour être rappelée à nouveau des centaines de siècles plus tard. Le nombre d’habitants de Diaspar est donc fini, mais la séquence d’apparition des individus fait que la combinaison en est toujours différente. La reproduction biologique a été abandonnée à l’aube de l’humanité, mais la sexualité s’exerce toujours entre hommes et femmes. La mort n’existe plus, quand elle régule au contraire l’équilibre démographique de Lys, qui a maintenu le modèle antique des naissances biologiques et de la vieillesse.
Un traumatisme ancien concourt à confiner les habitants de Diaspar dans leur cité, et l’évocation du monde extérieur, de la splendeur qui s’attache au souvenir du vieil empire galactique, les remplit de terreur.
Néanmoins, pour ne pas succomber à la décadence, érosion qui frappe les sociétés même les plus abouties, les concepteurs de la ville ont imaginé des solutions sophistiquées, sous forme de facteurs correctifs à court terme – des bouffons qui introduisent des doses calculées de désordre – et à long terme – le héros de l’histoire, un dénommé Alvin qui, unique, c’est-à-dire n’ayant jamais eu d’existence antérieure, est destiné à apporter des bouleversements plus profonds dans cette société figée. Pour ses compatriotes, Alvin est un monstre, attiré par tout ce qui leur fait horreur, et en particulier bien sûr par le monde extérieur. Sa soif de découverte le mènera d’abord en Lys où sa capacité à mettre sens dessus dessous ce qui l’entoure s’y exercera pour la plus grande consternation de ses hôtes. Car Lys aussi, sous des couleurs plus vivantes, plus libérales, souffre de maux similaires à ceux de Diaspar. Néanmoins, c’est en Lys qu’Alvin découvrira le serviteur du Maître, dernier messie de l’espèce humaine, héritier ultime d’une longue lignée de prophètes.
L’introduction du fait religieux dans une intrigue jusqu’alors bâtie sur l’opposition de deux cultures va complètement transcender le récit et le propulser vers les sommets. Alvin entreprendra une quête sur la route suivie jadis par ses ancêtres. Ce qu’il trouvera dans l’espace l’éclairera à la fois sur le passé et l’avenir, dans une grandiose perspective.
Ce beau livre, dont Alain Dorémieux disait, qu’à l’instar d’un grand cru de Bordeaux, il se bonifiait avec le temps, a connu de multiples rééditions depuis son apparition au Rayon Fantastique. C’est l’œuvre majeure de Clarke, bien supérieure à ses autres titres. Évocation vertigineuse et démesurée d’un futur fabuleux, original, riche d’enseignements et de considérations sur le sens de notre existence, cet ouvrage reste dans la plus pure acceptation du terme un superbe space-opéra, indémodable et jamais dépassé à ma connaissance.