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La Ligne verte | The Green Mile | Stephen King | 1996

Par | 27/02/2023 | Lu 203 fois




Illustration et quatrième de couverture

La Ligne verte @ 2008 Le Livre de Poche
Paul Edgecombe, ancien gardien-chef d'un pénitencier dans les années 1930, entreprend d'écrire ses mémoires. Il revient sur l'affaire John Caffey - ce grand Noir au regard absent, condamné à mort pour le viol et le meurtre de deux fillettes - qui défraya la chronique en 1932.

La Ligne verte décrit un univers étouffant et brutal, où la défiance est la règle. Personne ne sort indemne de ce bâtiment coupé du monde, où cohabitent une étrange souris apprivoisée par un Cajun pyromane, le sadique Percy Wetmore, et Caffey, prisonnier sans problème. Assez rapidement convaincu de l'innocence de cet homme doté de pouvoirs surnaturels, Paul fera tout pour le sauver de la chaise électrique.

Aux frontières du roman noir et du fantastique, ce récit est aussi une brillante réflexion sur la peine de mort. Un livre de Stephen King très différent de es habituelles incursions dans l'horreur, terriblement efficace et dérangeant.

Fiche de lecture

Trop jeune pour avoir connu le film éponyme réalisé par Frank Darabont en 1999, j'ai découvert La Ligne verte en lisant Écriture : Mémoires d'un métier de Stephen King et la critique du film faite par le Youtubeur « LinksTheSun ».

Dans La Ligne verte, King nous plonge dans les souvenirs de Paul Edgecombe, ancien gardien-chef du pénitencier de Cold Mountain en Louisiane : le bloc E, celui des condamnés à mort.

En 1932, ce bloc est marqué par la ligne verte qui conduit irrémédiablement vers la chaise électrique, tel le fil des Moires. Ce bloc accueillera le mystérieux John Caffey, grand colosse Noir au regard d'enfant : dans un Vieux Sud profondément ségrégationniste, il sera condamné à mort pour le viol et le meurtre sanglant des fillettes Detterick.

L'arrivée et le séjour de John Caffey, aux initiales évocatrices et aux mystérieux pouvoirs de guérison, nous donne à voir tout le panel de l'humanité : entre la perversion du gardien Percy Wetmore, la folie du détenu Wharton, la bonté dont font preuve les gardiens, le stoïcisme du chef amérindien Bitterbuck, la naïveté touchante du pyromane Delacroix et les cabrioles de la petite souris « Mister Jingles », La Ligne verte est un livre marquant à tout point de vue.

Je n'ai pas pu le lâcher : si l'arc narratif autour de « Mister Jingles » m'a semblé long, le style fluide et vivant de King nous entraîne dans une réflexion non seulement sur la peine de mort et le racisme, mais aussi sur notre propre condition humaine (le monologue de Caffey « Je suis fatigué Patron... » m'arrache des larmes !), le tout mêlé au fantastique que King maitrise si bien.

Et c'est en cela que La Ligne verte est universel à mon sens : contrairement à d'autres ouvrages (Ça, Les Régulateurs, ...) trop ancrés dans la culture américaine (avec des références qui souvent m'échappent), Stephen King a réussi dans ce roman feuilleton à parler à la tête et au coeur de tous.

Le Bien, le Mal, la responsabilité, la conscience, la morale, la personne d'Autrui... La Ligne verte nous invite aussi à méditer sur notre propre vie : car pour John Caffey comme pour nous, la « Ligne », si injuste qu'elle soit, nous conduit tous au même endroit...

Un livre bouleversant !

Copyright @ Jacques Bellezit pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur