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La Reine du Diable Rouge | J.C. Gapdy | 2019

Gerulf | Tome 1

Par | 05/02/2019 | Lu 1469 fois




Illustration et quatrième de couverture

Gerulf, l’androïde, est le précepteur de Thomas. Lorsque le jeune garçon est enlevé, face à la lenteur des polices terrestres et malgré le peu d’indices dont il dispose, il se lance à sa recherche. Au cours de ses investigations, il découvrira une autre disparition qui lui semble inexplicablement liée : celle d’une jeune femme sur Mars. Avec ténacité et pugnacité, il va enquêter, ce qui le conduira dans des situations de plus en plus périlleuses où se croisent intelligences artificielles, pirates et bellicistes des forces spatiales. Et, surtout, il fera la connaissance du Diable Rouge et de sa fascinante Reine...

Fiche de lecture

On retrouve dans La Reine du Diable Rouge l'univers qu'avait créé l'auteur avec son roman Les Gueules des Vers. L'histoire se déroule dans SysSol où les héros seront confrontés à la Spatiale, aux pirates et à bien d'autres dangers. L'enquête initiale qu'avait entrepris Gerulf va s'avérer bien plus complexe que prévu. Faux-semblant, fausses pistes, dangers, rebondissements, IA, bioandroïdes, voilà les principaux éléments composant cette aventures au rythme "endiablé" (sans allusion aucune au titre de ce roman...) qui ne vous laissera pas souffler une seule minute. Vos amis ne sont pas tous ce qu'ils prétendent être et vos ennemis ne sont pas ce que vous croyiez qu'ils sont. On est loin d'une histoire manichéenne. De plus l'histoire recèle une multitude de références dont une bonne partie aux polars des années 50-60, grande passion de Jean Christophe.
 
"Tout n’était qu’une question de logique, dans le style vulcain. Ou holmesque. Quoique je ne sois pas certain de ce mot. Peut-être faut-il dire holmien. Une fois qu’on a éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable que cela soit, doit être la vérité."
 
Gerulf est né de l'imagination débordante de l'auteur dans une nouvelle intitulée "Surveillance" écrite pour les tournois des nouvellistes du Nouveau Monde auxquels il a participé fin 2015, début 2016. Il est à noter que cette nouvelle a remporté son duel lors desdits tournois. Sa chute était de découvrir que le détective était un androïde et non un humain comme on aurait pu le penser avec notre vision anthropocentriste. A cette époque Jean Christophe venait de bâtir l'univers de SysSol avec toute sa complexité géo-politique, planéto-politique comme dirait l'auteur, avec une timeline travaillée et avec une Histoire, avec un grand H, très détaillée. Il est apparu alors évident à l'écrivain que Gerulf vivait dans cet univers.
 
Gerulf est le précepteur de Thomas de Lansy dont le père, Hervé, est à la tête d'une fabuleuse fortune, une des plus importantes de SysSol. En effet, Hervé de Lansy possède les plus grands laboratoires de communications spatiales et interplanétaires. Son fils est donc une proie de choix pour un kidnapping afin de soutirer au riche industriel une belle rançon. Alors que l'androïde est absent, des personnes malintentionnées profitent de la situation pour enlever Thomas. Mais voilà, pour le plus grand malheur des ravisseurs, Gerulf est bien plus qu'un précepteur pour Thomas. Ils sont très proches et l'androïde surveille de très près son protégé.  Au bout de deux semaines, voyant que la CESA (Corp Earth Security Agency, successeur d'Interpol) ne possède aucune piste sérieuse, Gerulf décide de jouer les détectives privés et de mener sa propre enquête.
 
Gerulf a implanté des nanites dans Thomas que ce dernier a appris à manipuler. Elles lui permettent de créer des sortes de Scrap-memory, d'enregistrer ce qu'il voit par exemple. Et ce sont ces Scrap-memory que Gerulf parvient à retrouver après avoir suivi quelques malfrats dans une sombre cave. Ces premiers éléments de l'enquête l'emmènent alors sur Lune où d'autres surprises l'attendent.
 
Il va finir par retrouver rapidement Thomas. Mais ce dernier n'est pas seul, n'est plus seul, pourrait-on dire. Gerulf fait alors la connaissance d'Alexis…
 
Durant son investigation, l'androïde enquêteur déterre un vieux projet dont certains cherchent par tous les moyens à faire disparaître toutes traces, le projet XPS-7894. Je ne vais pas vous gâcher le plaisir de découvrir ce qu'il en retourne exactement. Mais vous n'êtes pas au bout de vos surprises.
 
Dans son roman, Jean Christophe Gapdy développe certains problèmes sociétaux actuels.
 
"Les Martiens ont encore quelques respects pour leurs concitoyens, y compris dans leur vie privée, conséquence sans aucun doute de la petitesse de leurs cités et d'une population encore réduite."
 
Répéterions-nous encore les mêmes erreurs du passé ? Dans le cas présent, les erreurs faites sur Terre se répéteront-elles sur Mars ? L'Histoire ne se répète-t-elle pas sans cesse ? N'apprendrions-nous jamais rien de notre passé ?
 
Le grand avantage de la Science-Fiction est de pouvoir transposer des faits d'actualité dans le futur et Jean Christophe sait y faire. Nous en avons encore un exemple ici.
 
"Sur Mars, un androïde a le droit d'adopter un enfant, qu'il soit androïde ou bioandroïde."
 
L'auteur aborde d'autres problématiques contemporaines dans La Reine du Diable Rouge. Je vous laisse le soin de les découvrir.
 
Après avoir lu ce roman, on découvre tout le sens de la superbe couverture réalisée par Rémi Le Capon, illustrateur indépendant et coloriste BD depuis de nombreuses années. On lui doit également par exemple la couverture de la Grande Campagne – Vol 1 (Pendragon).
 
Jean Christophe nous offre ici un mélange entre polar et aventure spatiale qui nous fera voyager à travers SysSol. La lecture est très agréable, aidée par un style d'écriture soignée, à la fois simple et élaborée. L'auteur fait en sorte que vous vous accrochiez rapidement aux personnages et tout particulièrement à Gerulf qui me fait penser par moment à Data de la série Star Trek : The Next Generation. Ils cherchent tous les deux à imiter certains comportements humains.
 
"Oh ! répliquais-je en l'imitant, avec une pointe d'humour que je parvins à simuler."
"J'ai essayé un sourire de façade, sans y parvenir..."
 
Un autre point commun avec Data : Sherlock Holmes. On peut le constater dans quelques épisodes comme par exemple le troisième de la seconde saison : "Elementary, Dear Data".
 
La Reine du Diable Rouge : des personnages travaillés avec soin et possédant une profondeur. Un roman qui n'est pas sans posséder un certain humour, parfois noir, qui vous fera sourire, voire rire, avec des comiques de situation. Jean Christophe nous offre un roman très riche avec des personnages hauts en couleur, une histoire complexe aux multiples surprises et rebondissements. Je ne peux que vous recommander la lecture de cet excellent ouvrage.

Sylvain .
Copyright @ Sylvain pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur

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💬Commentaires

1.Posté par Djackdah NIELLE le 05/02/2019 21:14 | Alerter
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Djackdah
Encore un livre que j'ai adoré, lu en quelques jours seulement tant il était difficile de le lâcher. Comme à son habitude, JC nous commence une histoire qui pourrait sembler banale et déjà-vue des dizaines de fois avant de nous retourner au bout de peu de pages et nous emmener dans son univers, avec ses références, ses clins d’œil, semblables à ces précédents écrits mais nouveaux et différents en même temps, comme une sorte de multivers façon comics, où chaque roman (ou série) se passe dans une "version" de l'univers globale. Ici on est dans un polar SF, avec un détective extraordinaire, des rebondissements incroyables dont il est impossible de parler sans gâcher la lecture, et on ressort de l'aventure avec une sensation de manque, tel un drogué qui a besoin de toujours plus de doses, sensation renforcée par l'auteur lui-même qui se plait à poser les bases de futures enquêtes, que j'attends avec impatience!

2.Posté par Robert YESSOUROUN le 04/04/2020 11:22 | Alerter
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Yessouroun
Titre accrocheur, qui donne à rêver, offrant un vaste horizon d’attente. Couvre-t-il tous les étages du récit ? Le Diable rouge est le nom d’un vaisseau commandé par une femme (comme presque tous les astronefs de cet auteur). Sa Reine incarne l’une des protagonistes de l’histoire et elle apparaît épisodiquement.
Le personnage principal, sans conteste, c’est Gerulf, un superandroïde détective qui ne manque pas de ressources, avec ses bricoles quantiques. Il ne manque pas de soi-même non plus, du reste. Selon un thème désormais cher à Gapdy, au cours de l’une de ses enquêtes, l’automate du futur sera copié, donc dédoublé.
Ce héros synthétique est « incapable de lâcher prise », têtu, comme la plupart des personnages du romancier. Mais il s’agit ici d’un limier professionnel à la recherche de la vérité ; l’obstination, l’opiniâtreté sont des qualités inhérentes à une telle activité ; toute enquête ne requiert-elle pas de la patience ? Heureusement, pour parvenir à ses fins, Gerulf dispose de nano-mécaniques, des logiciels espions furtifs, les « loups » et les « cafards » très pratiques pour l’assister dans ses investigations.
La narration semble à l’image d’une fusée à plusieurs étages. Les enquêtes s’allument l’une après l’autre. D’abord, il s’agit de retrouver le fils de son patron qui aurait été kidnappé. Ce fils sera dédoublé, lui aussi. Sa réplique sera un androïde. Ensuite, Gerulf part à la recherche d’une jeune femme, de son père et d’une entité enquêtrice spécialisée dans la fraude financière. Enfin, il s’intéresse à un dispositif ultrasecret qui « avale » les IA ainsi que ses propres diverses répliques. L’une d’elle, Azur, une rescapée d’un navire détruit avec l’avaleur, mobilise une dernière fois le détective.
Autour de Gerulf, en plus des malfrats mafieux, trois forces redoutables sont en présence : les pirates, la spatiale (l’armée très peu fiable) et Le Diable rouge, un vaisseau « freelance ». Toutes cherchent le fameux « avaleur » (ou l’avaleuse). Les deux premières pour se l’approprier, la troisième pour le détruire. Visées pas faciles : cette puissance artificielle gloutonne si convoitée disparaît, puis ressurgit comme un malicieux démon.
On traverse dans ce roman un thriller magique où le merveilleux est largement dominé par le surartificiel (et non le surnaturel).
Surartificiel, Gerulf et ses aptitudes ; surartificiels, ses engins adjuvants, ses objets ultraperformants dont le détective est prodigue ; surartificiel, le dispositif qui reproduit ...

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