Copyright @ 2021 Le Galion des Etoiles | Le Programme Paradis de Robert Yessouroun
Sous un même toit depuis bientôt deux semaines, le nouveau couple vivait le bonheur qui venait de frapper. Dans sa fulgurance initiale, l’amour avait décidé de rapprocher les deux fraîches existences. Cette idylle promettait un havre de beaux jours, certes avec quelques bémols.
Xavier ne s’intéressait guère à la vaisselle. Yolande non plus. Le jeune homme snobait la poussière. La jeune femme itou. Personne ne s’occupait du lit. Les draps ne sentaient pas la rose. Saleté, microbes et moisissures guettaient les meubles, le parquet, voire les vêtements qui traînassaient. Assiettes, couverts et casseroles s’amoncelaient dans la baignoire (l’évier débordait). Ni elle, ni lui n’envisageaient de s’abaisser aux tâches banales, concrètes. La conjointe philosophait, le conjoint peignait de l’abstrait.
Toutefois, comme le chaos ménager menaçait de s’en donner à cœur joie, un sentiment partagé, un sentiment confus de négligence les poussa à réagir d’urgence : trouver, par exemple, un employé de maison. Par leur renommée, les petites annonces du site « SOS, il y a un os » dépassait toutes les espérances.
En moins de 24 heures, l’entrée carillonna.
‑ Oh ! Un Spirou ! Comme il est mignon ! applaudit la rouquine Yolande.
Sur le pas de la porte, la silhouette en tenue orangée ressemblait à un humain nain. Son uniforme de groom de palace lui seyait comme un gant. Le postulant se présenta :
‑ As. Agent serviteur, dernière génération. Agent, car j’agis. Serviteur, car je sers.
À madame, il offrit un livre sur Spinoza et la joie. Monsieur reçut une litho solaire de Klee. Le tout, avec en prime, un boîtier rouge « pour régler les fonctions du robot ».
Conquis, sans débat ni discussion, le couple engagea le charmant petit androïde.
Alors qu’il changeait le lit, As remarqua, sous un oreiller, une présence insolite à ses connaissances, une espèce de vieille loque ; au bout, un genre de nœud plus qu’usé. Le groom s’empressa de jeter ce nid de crasse dans le vide-ordures…
Autant Yolande admira le lit comme neuf, parfumé à la mangue, autant elle blêmit dès qu’elle souleva son oreiller.
‑ Heu… As… Tu… tu n’aurais pas vu mon doudou ?
‑ Doudou ?
Le hasard avait voulu que ce vocable fût lacunaire dans ses données. Contenant ses larmes, avec sagesse, la jeune philosophe lui expliqua ce qu’était un doudou, en général. Et, en particulier, elle souligna combien elle était attachée au sien, depuis l’âge de quatre ans.
As comprit qu’il venait de donner de la tristesse à madame, ce qui était mal. Comment y remédier ? De cette question, il tira toute une salve de calculs.
‑ Madame, votre « doudou » suit une cure de recyclage. Vous pourrez bientôt serrer contre votre joue l’objet qui vous manque. Parole de robot.
En fait, la mémoire de l’androïde avait enregistré toutes les coordonnées du chiffon. Le copier serait un jeu d’enfant. D’un soupir d’aise, sa maîtresse retourna à sa lecture de la joie chez Spinoza.
Dix heures sonnaient pour la pause café du jeune peintre mulâtre, au crâne rasé.
La machine à capsules fit couler un expresso bien corsé. Contre toute attente, As ravit à monsieur sa tasse fumante.
‑ Pas de café !
‑ Pardon ?
‑ Excitant qui déplaît aux nerfs.
Et il jeta le liquide noir dans l’évier impeccable.
Soudain, sans crier gare, tous les écrans de l’appartement s’allumèrent en mode alerte, sous le titre pourpre : « Un malheur n’arrive jamais seul ». Sur toutes les chaînes, sur toutes les appli d’actualités, une émission spéciale diffusait en boucle les premiers instants d’un attentat dans la capitale turque. Alors que les premiers secours fonçaient vers les lieux dévastés, un séisme frappa toute la mégapole, un séisme de 7,9 sur l’échelle de Richter. À distance, As brouilla les images tragiques auxquelles succéda ce documentaire : « Les merveilles de l’océan Pacifique ».
‑ Yolande !
Xavier s’énervait sur sa télécommande.
‑ Réjouissez-vous, monsieur. Vous avez perdu le contrôle.
‑ Yolande !
Le jeune métis s’empara du boîtier rutilant qui permettait d’influer sur les fonctions de ce nouveau robot. Il s’affola tandis qu’il échouait à chaque manipulation sur le dispositif. As attendait, muet, empêtré dans ses nouveaux calculs, appuyé bras croisés contre le bord d’une armoire. Enfin, la jeune rouquine apparut, son livre à la main.
‑ Un câlin, chéri ?
Grâce à son calme, elle découvrit que le mini-écran du boîtier n’était sensible qu’aux commandes vocales. Son compagnon prit donc la parole au-dessus du cube écarlate.
‑ Allô ? Système central ? Décris-moi l’état de service de ton robot !
« As égale Gardien d’harmonie intérieure. »
‑ Précise.
« Objectif : éliminer toute source d’inquiétude. Modalité : évacuer les couacs existentiels. »
‑ Comme Épicure ! sautilla Yolande.
‑ Bien. Localise-moi la touche qui débranche toutes ces fonctions.
« La voici. »
Xavier lut l’entrée lumineuse : « empêcher les émotions négatives ». Aussitôt son index s’acharna sur la surface. Sans le moindre effet.
« Impossible de la désactiver. »
‑ Pourquoi, nom de Dieu ?
« Parce que, en vertu de la loi 47, la peur, le dégoût, la colère et la tristesse gâchent le bien-être et le raisonnement. »
‑ La machine part du principe que ces émotions sont des troubles, supposa Yolande qui cherchait à détendre son amoureux.
Ce dernier, toutefois, perdait patience, secouant le boîtier.
‑ Enfin, bon sang, cet As, qui sert-il, au juste ?
« As au service, non de ses propriétaires, mais de leur bonheur. »
La jeune femme éclata de rire :
‑ Chéri, on a embauché un robot hédoniste !
‑ Hein ?
‑ En tout cas, depuis son arrivée, ses programmes nous évitent le déplaisir.
‑ OK. J’en ai marre, Yolande. Une balade le long du canal m’apaisera. Tu viens ?
À peine entrouvrit-il la porte de l’appartement qu’un grondement guttural déferla dans le couloir du palier.
‑ Un chien ! Un chien errant ! hurla la jeune femme.
‑ Un boxer ! Un boxer enragé ! surenchérit son ami, plus près du carnassier.
En fureur, dégoulinant de bave, le chien sombre bondit à travers l’embrasure. D’un prompt réflexe, Xavier s’esquiva, saisit la main de son aimée pour entraîner celle-ci dans les toilettes. As subit de plein fouet l’assaut de la bête. Malgré le choc et les crocs, le petit groom refoula l’animal jusqu’à l’intérieur de l’ascenseur.
‑ Madame, Monsieur, annonça-t-il derrière la porte des WC, vous pouvez sortir. Tout est bien qui finit bien. Le boxer est en cage.
‑ Quoi ? s’étonna Yolande.
‑ Oui, confirma l’androïde. L’animal est dans la cage de l’ascenseur.
‑ Là, franchement, il y a quelque chose qui cloche avec ce robot ! bouillonnait Xavier.
Le crâne rasé surgit des toilettes pour attraper As par le collet.
‑ Tu veux bidouiller nos émotions, hein, maudit bidule ! Mais, sache qu’heureusement ma chérie et moi nous avons ressenti de la peur devant ce foutu clebs ! Cette réaction nous a sauvés de la gueule du molosse !
Les circuits du petit androïde frémirent sous un sifflement de marmite à vapeur. Il boitilla tandis qu’il s’efforçait d’aérer la pièce. Trop de phéromones nuisibles y grouillaient…
‑ Que puis-je maintenant pour vous servir ? s’enquit le domestique artificiel.
‑ Je connais une peur inutile, le provoqua la philosophe. Pourrais-tu nous en débarrasser ?
Elle lança un suave clin d’œil à son compagnon. Celui-ci prit la relève :
‑ Oui, c’est la peur de la dégénérescence. (Il fixait les prunelles clignotantes d’As.) Comment contrerais-tu la peur de vieillir, la peur de renoncer au monde ?
‑ Vraiment ? Vous éprouvez une telle peur à votre âge ? Vous quittez à peine l’adolescence…
Xavier puisa dans un tiroir une ancienne gouache, l’une de ses rares peintures figuratives. Sourcilleux, les poings sur les hanches, un policier s’y penchait, réprobateur. À ses pieds, à l’ombre de l’agent, un pauvre bougre affalé sur le trottoir peinait à se relever.
‑ À terre, c’est mon père. Il n’est pas ivre. Il souffre de la sclérose en plaques. D’où ses pertes d’équilibres de plus en plus fréquentes.
‑ Les parents montrent toujours un chemin et un horizon, se solidarisa Yolande devant le groom sans voix.
‑ Alors, mon bon, le défia Xavier, que peux-tu envisager contre ma peur de la dégénérescence ?
‑ La pire des peurs, ajouta son amie. Pour la comprendre, As, lis Des fleurs pour Algernon : un débile amélioré en génie réalise qu’il va redevenir bête… (un temps) Alors, toi, notre Spirou, peux-tu nous délivrer de ce qui empire ?
As se cabra, sombra dans les intégrales et les dérivées avant de se caler, rigide, devant ses maîtres, n’émettant plus qu’un signal répétitif : « Consulter le boîtier ».
Yolande s’accroupit devant le cube rouge.
‑ Qu’arrive-t-il à notre petit robot ?
« Mission d’As interrompue. Agent serviteur hors service. Fourgonnette en route pour le récupérer. Après mise à jour du programme Paradis, reconversion requise : nounou pour les moins de douze ans. »
Des aboiements de plus en plus graves faisaient trembler la porte. Elle et lui se dévisagèrent, et, en chœur :
‑ Mais qui va faire la vaisselle ?
Xavier ne s’intéressait guère à la vaisselle. Yolande non plus. Le jeune homme snobait la poussière. La jeune femme itou. Personne ne s’occupait du lit. Les draps ne sentaient pas la rose. Saleté, microbes et moisissures guettaient les meubles, le parquet, voire les vêtements qui traînassaient. Assiettes, couverts et casseroles s’amoncelaient dans la baignoire (l’évier débordait). Ni elle, ni lui n’envisageaient de s’abaisser aux tâches banales, concrètes. La conjointe philosophait, le conjoint peignait de l’abstrait.
Toutefois, comme le chaos ménager menaçait de s’en donner à cœur joie, un sentiment partagé, un sentiment confus de négligence les poussa à réagir d’urgence : trouver, par exemple, un employé de maison. Par leur renommée, les petites annonces du site « SOS, il y a un os » dépassait toutes les espérances.
En moins de 24 heures, l’entrée carillonna.
‑ Oh ! Un Spirou ! Comme il est mignon ! applaudit la rouquine Yolande.
Sur le pas de la porte, la silhouette en tenue orangée ressemblait à un humain nain. Son uniforme de groom de palace lui seyait comme un gant. Le postulant se présenta :
‑ As. Agent serviteur, dernière génération. Agent, car j’agis. Serviteur, car je sers.
À madame, il offrit un livre sur Spinoza et la joie. Monsieur reçut une litho solaire de Klee. Le tout, avec en prime, un boîtier rouge « pour régler les fonctions du robot ».
Conquis, sans débat ni discussion, le couple engagea le charmant petit androïde.
Alors qu’il changeait le lit, As remarqua, sous un oreiller, une présence insolite à ses connaissances, une espèce de vieille loque ; au bout, un genre de nœud plus qu’usé. Le groom s’empressa de jeter ce nid de crasse dans le vide-ordures…
Autant Yolande admira le lit comme neuf, parfumé à la mangue, autant elle blêmit dès qu’elle souleva son oreiller.
‑ Heu… As… Tu… tu n’aurais pas vu mon doudou ?
‑ Doudou ?
Le hasard avait voulu que ce vocable fût lacunaire dans ses données. Contenant ses larmes, avec sagesse, la jeune philosophe lui expliqua ce qu’était un doudou, en général. Et, en particulier, elle souligna combien elle était attachée au sien, depuis l’âge de quatre ans.
As comprit qu’il venait de donner de la tristesse à madame, ce qui était mal. Comment y remédier ? De cette question, il tira toute une salve de calculs.
‑ Madame, votre « doudou » suit une cure de recyclage. Vous pourrez bientôt serrer contre votre joue l’objet qui vous manque. Parole de robot.
En fait, la mémoire de l’androïde avait enregistré toutes les coordonnées du chiffon. Le copier serait un jeu d’enfant. D’un soupir d’aise, sa maîtresse retourna à sa lecture de la joie chez Spinoza.
Dix heures sonnaient pour la pause café du jeune peintre mulâtre, au crâne rasé.
La machine à capsules fit couler un expresso bien corsé. Contre toute attente, As ravit à monsieur sa tasse fumante.
‑ Pas de café !
‑ Pardon ?
‑ Excitant qui déplaît aux nerfs.
Et il jeta le liquide noir dans l’évier impeccable.
Soudain, sans crier gare, tous les écrans de l’appartement s’allumèrent en mode alerte, sous le titre pourpre : « Un malheur n’arrive jamais seul ». Sur toutes les chaînes, sur toutes les appli d’actualités, une émission spéciale diffusait en boucle les premiers instants d’un attentat dans la capitale turque. Alors que les premiers secours fonçaient vers les lieux dévastés, un séisme frappa toute la mégapole, un séisme de 7,9 sur l’échelle de Richter. À distance, As brouilla les images tragiques auxquelles succéda ce documentaire : « Les merveilles de l’océan Pacifique ».
‑ Yolande !
Xavier s’énervait sur sa télécommande.
‑ Réjouissez-vous, monsieur. Vous avez perdu le contrôle.
‑ Yolande !
Le jeune métis s’empara du boîtier rutilant qui permettait d’influer sur les fonctions de ce nouveau robot. Il s’affola tandis qu’il échouait à chaque manipulation sur le dispositif. As attendait, muet, empêtré dans ses nouveaux calculs, appuyé bras croisés contre le bord d’une armoire. Enfin, la jeune rouquine apparut, son livre à la main.
‑ Un câlin, chéri ?
Grâce à son calme, elle découvrit que le mini-écran du boîtier n’était sensible qu’aux commandes vocales. Son compagnon prit donc la parole au-dessus du cube écarlate.
‑ Allô ? Système central ? Décris-moi l’état de service de ton robot !
« As égale Gardien d’harmonie intérieure. »
‑ Précise.
« Objectif : éliminer toute source d’inquiétude. Modalité : évacuer les couacs existentiels. »
‑ Comme Épicure ! sautilla Yolande.
‑ Bien. Localise-moi la touche qui débranche toutes ces fonctions.
« La voici. »
Xavier lut l’entrée lumineuse : « empêcher les émotions négatives ». Aussitôt son index s’acharna sur la surface. Sans le moindre effet.
« Impossible de la désactiver. »
‑ Pourquoi, nom de Dieu ?
« Parce que, en vertu de la loi 47, la peur, le dégoût, la colère et la tristesse gâchent le bien-être et le raisonnement. »
‑ La machine part du principe que ces émotions sont des troubles, supposa Yolande qui cherchait à détendre son amoureux.
Ce dernier, toutefois, perdait patience, secouant le boîtier.
‑ Enfin, bon sang, cet As, qui sert-il, au juste ?
« As au service, non de ses propriétaires, mais de leur bonheur. »
La jeune femme éclata de rire :
‑ Chéri, on a embauché un robot hédoniste !
‑ Hein ?
‑ En tout cas, depuis son arrivée, ses programmes nous évitent le déplaisir.
‑ OK. J’en ai marre, Yolande. Une balade le long du canal m’apaisera. Tu viens ?
À peine entrouvrit-il la porte de l’appartement qu’un grondement guttural déferla dans le couloir du palier.
‑ Un chien ! Un chien errant ! hurla la jeune femme.
‑ Un boxer ! Un boxer enragé ! surenchérit son ami, plus près du carnassier.
En fureur, dégoulinant de bave, le chien sombre bondit à travers l’embrasure. D’un prompt réflexe, Xavier s’esquiva, saisit la main de son aimée pour entraîner celle-ci dans les toilettes. As subit de plein fouet l’assaut de la bête. Malgré le choc et les crocs, le petit groom refoula l’animal jusqu’à l’intérieur de l’ascenseur.
‑ Madame, Monsieur, annonça-t-il derrière la porte des WC, vous pouvez sortir. Tout est bien qui finit bien. Le boxer est en cage.
‑ Quoi ? s’étonna Yolande.
‑ Oui, confirma l’androïde. L’animal est dans la cage de l’ascenseur.
‑ Là, franchement, il y a quelque chose qui cloche avec ce robot ! bouillonnait Xavier.
Le crâne rasé surgit des toilettes pour attraper As par le collet.
‑ Tu veux bidouiller nos émotions, hein, maudit bidule ! Mais, sache qu’heureusement ma chérie et moi nous avons ressenti de la peur devant ce foutu clebs ! Cette réaction nous a sauvés de la gueule du molosse !
Les circuits du petit androïde frémirent sous un sifflement de marmite à vapeur. Il boitilla tandis qu’il s’efforçait d’aérer la pièce. Trop de phéromones nuisibles y grouillaient…
‑ Que puis-je maintenant pour vous servir ? s’enquit le domestique artificiel.
‑ Je connais une peur inutile, le provoqua la philosophe. Pourrais-tu nous en débarrasser ?
Elle lança un suave clin d’œil à son compagnon. Celui-ci prit la relève :
‑ Oui, c’est la peur de la dégénérescence. (Il fixait les prunelles clignotantes d’As.) Comment contrerais-tu la peur de vieillir, la peur de renoncer au monde ?
‑ Vraiment ? Vous éprouvez une telle peur à votre âge ? Vous quittez à peine l’adolescence…
Xavier puisa dans un tiroir une ancienne gouache, l’une de ses rares peintures figuratives. Sourcilleux, les poings sur les hanches, un policier s’y penchait, réprobateur. À ses pieds, à l’ombre de l’agent, un pauvre bougre affalé sur le trottoir peinait à se relever.
‑ À terre, c’est mon père. Il n’est pas ivre. Il souffre de la sclérose en plaques. D’où ses pertes d’équilibres de plus en plus fréquentes.
‑ Les parents montrent toujours un chemin et un horizon, se solidarisa Yolande devant le groom sans voix.
‑ Alors, mon bon, le défia Xavier, que peux-tu envisager contre ma peur de la dégénérescence ?
‑ La pire des peurs, ajouta son amie. Pour la comprendre, As, lis Des fleurs pour Algernon : un débile amélioré en génie réalise qu’il va redevenir bête… (un temps) Alors, toi, notre Spirou, peux-tu nous délivrer de ce qui empire ?
As se cabra, sombra dans les intégrales et les dérivées avant de se caler, rigide, devant ses maîtres, n’émettant plus qu’un signal répétitif : « Consulter le boîtier ».
Yolande s’accroupit devant le cube rouge.
‑ Qu’arrive-t-il à notre petit robot ?
« Mission d’As interrompue. Agent serviteur hors service. Fourgonnette en route pour le récupérer. Après mise à jour du programme Paradis, reconversion requise : nounou pour les moins de douze ans. »
Des aboiements de plus en plus graves faisaient trembler la porte. Elle et lui se dévisagèrent, et, en chœur :
‑ Mais qui va faire la vaisselle ?
Source
Texte @ Robert Yessouroun, tous droits réservés