Le Rhinocéros qui citait Nietzsche @ 2002 Folio SF | Illustration de couverture @ Eric Scala
Il ressemble à un rhinocéros, marche comme un rhinocéros, et - grands dieux ! - empeste le rhinocéros. Mais il affirme être une licorne. Difficile, même pour un professeur de philosophie, de lui faire entendre raison...
Lasse de toujours voir les mêmes visages à ses réceptions, Lady Neville décide d'inviter la Mort à ce qui sera le plus grand bal qu'elle ait jamais organisé. Mais la Mort ne danse pas impunément...
Lila, la nouvelle petite amie de Joe Farrell, a vraiment quelque chose d'extraordinaire... surtout les soirs de pleine lune !
Fiche de lecture
Ce recueil de six nouvelles est signé Peter Soyer Beagle : un auteur assez méconnu en francophonie mais qui fut scénariste du dessin animé « Le Seigneur des Anneaux » de Ralph Bakshi ainsi que de l’épisode « Sarek » de Star Trek : The Next Generation.
Avec de telles expériences, on pourrait s’attendre à du niveau. Hélas l’auteur m’a paru inconstant dans l’écriture de son recueil en y mêlant des nouvelles de facture inégale.
Je vais donc détailler ma chronique en partageant mon avis sur les différentes nouvelles.
🔸 Le professeur Gottesman et le rhinocéros indien
Un rhinocéros parlant qui débarque dans la vie d’un prof de philo, voilà qui est peu commun !
Sur cette trame, l’auteur nous livre une nouvelle à l’humour très anglais, pétrie de références intellectuelles pointues sur fond d’amitié aussi profonde qu’improbable. Cela a été pour moi une expérience jubilatoire à lire !
🔸 Entrez, Lady Death
Là aussi on est dans un humour et un contexte très anglais. Lady Neville, ayant vu mille et mille fois les mêmes personnes à ces cérémonies sociales, désire inviter la Mort elle-même au bal qu’elle donne.
On aurait de prime envie de lui dire : « Non, c’est une mauvaise idée, Milady, il va vous arriver des bricoles. »
Mais non : le style de l’auteur et sa manière de nous immerger dans ce monde aristocratique de l’époque de George II, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande de 1727 à 1760, nous invite plutôt à nous intéresser sur les conséquences de cette invitation, dont on sait qu’elles existent.
Ce fut pour moi une très intéressante lecture qui m’a fait sourire !
🔸 Lila le loup-garou
Tout est dit : Joe Farrell a pour compagne Lila, un loup-garou. On est loin de la quête sur l’identité réelle d’une mystérieuse personne responsable de meurtres sanglants. Non, ici Joe Farrell essaye de vivre une vie normale avec Lila, dont la lycanthropie est comparée à une maladie mentale ou comme allégorie de la maturité (ce trouble ayant débuté à l’adolescence).
Si le concept est intéressant, il est hélas assez mal traité par le personnage de la mère, qui se fend d’un discours pathétique et cliché sur la différence… cela plombe le niveau de la nouvelle.
🔸 La licorne de Julie
Julie, son ami Farrell et sa chatte PMC poursuivent une licorne échappée d’un tableau.
Le concept me semblait si tiré par les cheveux et le style si lourd que la nouvelle m’est tombée des mains. J’espère que vous y trouverez plus d’amusement que moi… et je pense que ce sera très facile.
🔸 Le Naga
Le récit aurait été traduit par l’auteur du recueil, Peter Soyer Beagle, à partir d’un manuscrit perdu, addendum de l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien. Nous partons au royaume oriental du Kambuja, situé à l’est de l’Inde, pour suivre les aventures et la romance du Roi avec une Nagini : cette créature fantastique bouddhiste/hindoue est réputée pour être la gardienne de grands trésors et pour avoir la capacité de changer de forme.
On dit que l’auteur a écrit cette nouvelle en hommage à son héros J.R.R Tolkien. Je n’ai pas de peine à le croire tant l’univers est richement dépeint et prenant ! La relation entre le Roi et la Nagini est véritablement touchante et nous transporte, le temps de quelques pages, dans ce royaume oriental. Enfin, la nouvelle se termine telle une fable, par une morale pleine de sagesse.
🔸 Une danse pour Emilia
Sam est mort. Pour ses collègues et amis, Emilia et Jake, vient le temps du deuil et des souvenirs. Que faire de ses affaires, de sa chatte Millamant ? Que faire des moments partagés avec le défunt ? Ces interrogations, ces doutes, rapprochent Emilia et Jake. Jusqu’à ce que Millamant se mette à danser étrangement…
Un concept très intéressant préside à cette nouvelle (que je ne peux vous dire sans divulgâcher). Mais le cœur fantastique de cette nouvelle n’apparaît qu’au dernier quart du récit. Les trois quarts précédents sont certes dédiés aux souvenirs partagés par Emilia et Jake, et sont richement assaisonnés de références à la culture théâtrale et cinématographique étatsuniennes des années 1940-1950 qui, hélas, m’échappent un peu (mais m’ont donné envie de les découvrir).
En somme, le fantastique attendu se fait attendre : peut-être que, dans l’esprit de l’auteur, la longue installation permet de faire émerger l’aspect extraordinaire du récit. Qu’il émerge oui, mais qu’il se développe pleinement non. La fin me semble expédiée à trop grande vitesse. Un peu comme la fin du Seigneur des Anneaux de Bakshi. Un hasard ? je ne sais pas.
Néanmoins, « Une danse pour Emilia » demeure une nouvelle sympathique à lire.
Avec de telles expériences, on pourrait s’attendre à du niveau. Hélas l’auteur m’a paru inconstant dans l’écriture de son recueil en y mêlant des nouvelles de facture inégale.
Je vais donc détailler ma chronique en partageant mon avis sur les différentes nouvelles.
🔸 Le professeur Gottesman et le rhinocéros indien
Un rhinocéros parlant qui débarque dans la vie d’un prof de philo, voilà qui est peu commun !
Sur cette trame, l’auteur nous livre une nouvelle à l’humour très anglais, pétrie de références intellectuelles pointues sur fond d’amitié aussi profonde qu’improbable. Cela a été pour moi une expérience jubilatoire à lire !
🔸 Entrez, Lady Death
Là aussi on est dans un humour et un contexte très anglais. Lady Neville, ayant vu mille et mille fois les mêmes personnes à ces cérémonies sociales, désire inviter la Mort elle-même au bal qu’elle donne.
On aurait de prime envie de lui dire : « Non, c’est une mauvaise idée, Milady, il va vous arriver des bricoles. »
Mais non : le style de l’auteur et sa manière de nous immerger dans ce monde aristocratique de l’époque de George II, roi de Grande-Bretagne et d'Irlande de 1727 à 1760, nous invite plutôt à nous intéresser sur les conséquences de cette invitation, dont on sait qu’elles existent.
Ce fut pour moi une très intéressante lecture qui m’a fait sourire !
🔸 Lila le loup-garou
Tout est dit : Joe Farrell a pour compagne Lila, un loup-garou. On est loin de la quête sur l’identité réelle d’une mystérieuse personne responsable de meurtres sanglants. Non, ici Joe Farrell essaye de vivre une vie normale avec Lila, dont la lycanthropie est comparée à une maladie mentale ou comme allégorie de la maturité (ce trouble ayant débuté à l’adolescence).
Si le concept est intéressant, il est hélas assez mal traité par le personnage de la mère, qui se fend d’un discours pathétique et cliché sur la différence… cela plombe le niveau de la nouvelle.
🔸 La licorne de Julie
Julie, son ami Farrell et sa chatte PMC poursuivent une licorne échappée d’un tableau.
Le concept me semblait si tiré par les cheveux et le style si lourd que la nouvelle m’est tombée des mains. J’espère que vous y trouverez plus d’amusement que moi… et je pense que ce sera très facile.
🔸 Le Naga
Le récit aurait été traduit par l’auteur du recueil, Peter Soyer Beagle, à partir d’un manuscrit perdu, addendum de l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien. Nous partons au royaume oriental du Kambuja, situé à l’est de l’Inde, pour suivre les aventures et la romance du Roi avec une Nagini : cette créature fantastique bouddhiste/hindoue est réputée pour être la gardienne de grands trésors et pour avoir la capacité de changer de forme.
On dit que l’auteur a écrit cette nouvelle en hommage à son héros J.R.R Tolkien. Je n’ai pas de peine à le croire tant l’univers est richement dépeint et prenant ! La relation entre le Roi et la Nagini est véritablement touchante et nous transporte, le temps de quelques pages, dans ce royaume oriental. Enfin, la nouvelle se termine telle une fable, par une morale pleine de sagesse.
🔸 Une danse pour Emilia
Sam est mort. Pour ses collègues et amis, Emilia et Jake, vient le temps du deuil et des souvenirs. Que faire de ses affaires, de sa chatte Millamant ? Que faire des moments partagés avec le défunt ? Ces interrogations, ces doutes, rapprochent Emilia et Jake. Jusqu’à ce que Millamant se mette à danser étrangement…
Un concept très intéressant préside à cette nouvelle (que je ne peux vous dire sans divulgâcher). Mais le cœur fantastique de cette nouvelle n’apparaît qu’au dernier quart du récit. Les trois quarts précédents sont certes dédiés aux souvenirs partagés par Emilia et Jake, et sont richement assaisonnés de références à la culture théâtrale et cinématographique étatsuniennes des années 1940-1950 qui, hélas, m’échappent un peu (mais m’ont donné envie de les découvrir).
En somme, le fantastique attendu se fait attendre : peut-être que, dans l’esprit de l’auteur, la longue installation permet de faire émerger l’aspect extraordinaire du récit. Qu’il émerge oui, mais qu’il se développe pleinement non. La fin me semble expédiée à trop grande vitesse. Un peu comme la fin du Seigneur des Anneaux de Bakshi. Un hasard ? je ne sais pas.
Néanmoins, « Une danse pour Emilia » demeure une nouvelle sympathique à lire.