Les Champs de la Lune | Catherine Dufour | 2024

Par | 14/10/2024 | Lu 329 fois


💙 Un roman qui devrait devenir mythique, à l’instar des "Chroniques martiennes" ou de "L‘Oiseau d’Amérique" !



Les Champs de la Lune @ 2024 Robert Laffont | Illustration de couverture @ Aurélien Police
Puisqu'il faut trouver une autre planète habitable, pourquoi pas la Lune ? Mais la vie est rude sous le feu blanc du Soleil. À l'abri de son dôme agricole près du cratère Lalande, une fermière regarde les moissons et les générations s'élever et retomber comme les marées terrestres.

Le soir, au clair de la Terre, elle parle avec son chat des fièvres qui frappent les humains, des fissures qui menacent la survie de la ferme, des enfants saisis par l'appel du vide, des robots fous et des fleurs dans la mer de la Tranquillité.

Son quotidien bascule le jour où on lui confie le soin d'une petite fille à la main verte. Qui fera éclore l'autre ?

Fiche de lecture

Une collection mythique, Ailleurs et Demain, qui renaît peu à peu de son régolithe, une autrice tout aussi légendaire et le mythe d’une Lune habitée. Voilà de quoi se jeter allègrement sur ces champs de la Lune. Et je le dis sans détour, ce roman devrait devenir mythique, à l’instar des Chroniques martiennes ou de L‘Oiseau d’Amérique (désormais L’Oiseau moqueur). Le pitch de l’éditeur est parfait, mais difficile de faire rentrer toute la richesse de ces chants en si peu de mots.

Chronique, post-apocalyptique, dystopie, utopie, éveil de la conscience, etc., Catherine Dufour brasse de nombreux genres de la science-fiction et les ressort sous une plume riche et belle, loin du jargon SF, tout en restant aussi scientifiquement plausible que possible. Le début s’ouvre comme un voyage merveilleux, le lecteur en prend plein ses mirettes, se balade entre les cratères, s’enfonce dans le régolithe.

Une semaine après ma balade lunaire, j’ai encore du régolithe partout sur moi - pire que le sable ! - et des images plein la tête. Je me souviens de ce dôme gigantesque rempli d’arbres, de fleurs et de ses potagers immenses parsemés de points d’eau avec sa faune. Je revois ces villes enfouies dans les tunnels de lave et dont les cubes d’habitations défient les lois de la gravité terrestre pour se plier à celle de la Lune, permettant toutes les folies. Et que dire de ces nouveaux rites, les traditions terrestres n’étant décidemment pas adaptées à cette froide grisaille. Un voyage unique et merveilleux, le voyage d’une vie.

Mais sous cette carte postale, Catherine Dufour nous dévoile peu à peu un quotidien moins idyllique. La faune a du mal à s’adapter à l’apesanteur, et les disparitions d’espèces ne cessent de se multiplier. Sans compter un mal étrange qui s’empare de l’humanité et ne laisse que des larmes derrière lui. Impossible de revenir en arrière, l’humanité a détruit son berceau le clair de Terre (quelle belle trouvaille) qui n’est plus que le spectre d’une planète bleue dévastée.

Nous serpentons entre enchantement et désenchantement, et le lecteur de s’interroger sur la place de l’humanité dans l’univers. Demain les robots ? Un roman extrêmement riche en thématiques diverses et un condensé de ce que propose la science-fiction, le tout avec l’élégance et la légèreté de sa plume, un récit à la fois intime et global.

Le mot de la fin à Catherine Dufour : « Privées de la rythmique tellurique, beaucoup d'espèces ont tiré leur révérence. La Lune est superbe, ses paysages sont pleins de majesté, mais elle est définitivement morte et le Vivant le sent bien. »

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