Les Chroniques du Galion : Les Fantômes de Titania | Thierry B. | 2015

Par | 05/04/2015 | Lu 795 fois




Atelier d'écriture

Copyright @ 2015 Le Galion des Etoiles | Les Chroniques du Galion : Les Fantômes de Titania de Thierry B.
"Les Chroniques du Galion" sont des récits imaginaires écrits par les membres du Galion des Etoiles dans le cadre de notre atelier d'écriture. En partant d'un sujet défini, l'idée est de laisser notre imagination guider nos pas vers d'autres horizons pour divertir nos lecteurs le temps d'une histoire...

Sujet de l'atelier d'écriture

A bord du Galion des Etoiles, l'équipage trafique autour de l'exoplanète J1407b - dont les anneaux sont 200 fois plus grands que ceux de Saturne - lorsqu'il est soudain pourchassé par des Aliens vivant dans la géante... 

Personnages composant l'équipage du Galion : 
  un capitaine (Koyolite Tseila)  un docteur de bord (Thierry)  un naturaliste à bord (Maestro)  un maître voilier (South)  un gabier de vigie (Fred)  un premier officier (Siebella)  un explorateur patrouilleur (Bernard)  ... 

Les Fantômes de Titania

« Réduisez la vitesse de deux clics. » Le premier officier, Siebella, transmit l’ordre du Kap’Tain à la barre. Le Galion des Etoiles continuait sa route de manière prudente : on ne traversait pas les anneaux géants de Titania (autrefois appelée J1407b) à la légère. On ne comptait plus les vaisseaux qui n’étaient jamais sortis de ce dédale spatial pour s’être aventurés dans les « régions fantômes », hors des rares passages balisés. Quant à ceux qui étaient parvenus à en réchapper, ils racontaient des histoires dignes de certaines légendes anciennes ; celles de l’époque où les galions se contentaient de voguer sur les mers de la planète Terre. Ils avaient parlé de créatures monstrueuses, d’étranges lumières. Certains avaient été retrouvés au bout de quelques heures, mais leurs récits semblaient s’étaler sur des années. 

Ces lieux rappelaient aussi autre chose à KT : c’était ici qu’elle avait affronté – et vaincu – le célèbre « Barbe Fluo ». Jadis amis, les deux capitaines s’étaient finalement retrouvés dans des camps opposés. Le pirate portait ce surnom depuis qu’il était tombé dans une cuve de métalloxyl d’Aurélium (cet « or liquide » de la planète Xastéba, convoité à travers toute la galaxie) dont il venait de s’emparer. Depuis lors, toute sa pilosité émettait spontanément de la lumière, dont la couleur variait constamment. D’autres auraient pu trouver cela agréable, mais pour un pirate, cela ne faisait vraiment pas sérieux. 

La voix de Siebella ramena KT au présent : « Kap’Tain, nous venons de repérer quelque chose. » 
« Quelque chose ? Soyez un peu plus précis, N° Un ! » 
« D’après les archives du Galion, il s’agit du Didrik Pining. » 

Le vaisseau de Barbe Fluo ? Impossible : elle l’avait vu plonger au fond de l’atmosphère de Titania, sans espoir d’en réchapper… 

« Le Didrik Pining ? Et … où se trouve-t-il ? » 
« C’est là le problème, Kap’Tain : en plein cœur des régions fantômes … » 

Comme le faisaient ses prédécesseurs sur les sept mers de la Terre, le Galion des Etoiles va là où les vents stellaires le mènent. Farouchement attachés à leur indépendance, Koyolite Tseila et son équipage sont toujours partants pour une nouvelle aventure. 

« Maestro, qu’en penses-tu ? » Le naturaliste de bord eut un bref sourire, se doutant que, quoi qu’il dise, KT avait déjà pris sa décision. « Pour être franc, nous n’avons guère d’avance pour notre rendez-vous avec Chorlak ; et je doute qu’il nous attende si nous sommes en retard. » 

Le rendez-vous en question concernait une cargaison de rhum Tellarien, à bord d’un vaisseau échoué à la surface de Mnémorod, la seule autre planète de ce système solaire, en dehors de Titania. Le « Tellarien » était très prisé, d’autant plus qu’il était officiellement interdit. Le Capitaine Chorlak (un « beau ténébreux » auquel KT n’était pas insensible) avait appris l’emplacement du vaisseau lors d’une partie de cartes. Mais son vaisseau ayant été confisqué par l’Alliance, il avait proposé à KT de s’allier pour l’occasion et de partager le butin. Chorlak utiliserait une des « navettes » du Galion pour se rendre discrètement sur Mnémorod et, une fois sur place, enverrait brièvement un signal quand le Galion serait en orbite. Ce dernier, pour sa part, était trop grand pour passer inaperçu par la « route principale » : les croiseurs de l’Alliance auraient tôt fait de les repérer et de les arrêter. Il leur avait donc fallu passer par les anneaux de Titania, un passage abandonné depuis longtemps. 

Quoi qu’il en soit, le timing pour rejoindre Chorlak était très serré. Si ce dernier ne les voyait pas arriver à l’heure prévue, il repartirait immédiatement, ne laissant aucune chance de repérer l’épave, dont lui seul connaissait l’emplacement. 

Le temps pressant, KT demanda de quelle marge ils disposaient. « Si nous poursuivons notre route à cette allure », nous devrions arriver moins de 2 heures avant le moment convenu », fit Thierry (qui regrettait que son Tardis soit en réparation ; sinon, le temps n’aurait eu aucune importance !). 

« Alors, on fonce ! » 
Maestro et Thierry haussèrent les yeux en poussant un soupir : décidément, KT aimait « serrer » les timings … 
« On fonce … mais avec prudence tout de même », reprit-elle. 

Larguant çà et là une balise afin de retrouver la route du retour (si tant était qu’il y en ait une), le Galion avait finalement mis une demi-heure pour atteindre le Didrik Pining. « Siebella, je te laisse la passerelle, pendant que j’accompagne Maestro, South et Thierry. » indiqua KT. « Nous ne pourrons rester maximum qu’une heure avant de repartir. », insista Maestro. 

Ils s’apprêtaient à quitter la passerelle, quand, soudain, l’homme à la barre s’écria : « Bon Sang, qu’est-ce que c’est que ça ? ». Se tournant vers l’écran principal, ils virent l’image du Didrik Pining devenir floue … avant de complètement se disloquer en une myriade de points lumineux, qui se mettaient à foncer vers eux. 

« Siebella, vérifie le radar. », ordonna KT. 
« Ce sont vraisemblablement des vaisseaux. Des vaisseaux de petite taille. Maximum un homme à bord – et encore : un tout petit homme ! » 

« Machines arrière toute ! », ordonna KT. Il n’y avait guère autre chose à faire, mais en se contentant de reculer de la sorte, le Galion se privait de ses propulseurs principaux, et ne tarderait pas à être rattrapé par ses poursuivants. Pas question non plus de repartir en avant pour effectuer un virage et s’envoyer en plein dans ce véritable essaim de lumières. 

Prenant elle-même la barre, KT exécuta un véritable « dérapage contrôlé » : tout en continuant à s’éloigner, elle jouait des propulseurs pour faire faire demi-tour au Galion, avant de pouvoir enfin profiter de la pleine puissance de ses moteurs pour quitter les lieux. Le tout n’avait pris quelques secondes. 

Le Galion fonçait désormais vers les balises successives, larguées à l’aller, pour retrouver la sortie de ce dédale spatial. Mais, soudain, ce véritable « fil d’Ariane » s’interrompit, alors qu’ils n’avaient encore effectué qu’une bonne moitié du chemin. Plus aucune trace des balises… Il ne fallait pas chercher bien loin l’explication de cette disparition : leurs hôtes leur avaient coupé toute possibilité de retraite. 

Voyant un salut provisoire dans un des nombreux nuages de poussière, KT changea brusquement de trajectoire et plongea dans l’un d’entre eux, espérant que ne s’y cache aucune masse rocheuse capable de les pulvériser. Heureusement, aucun impact ne se fit sentir, et une fois à l’intérieur de ce nuage, elle coupa les moteurs ainsi que tout équipement susceptible de les faire repérer. 

Plusieurs secondes s’écoulèrent avant que quelqu’un ne souffle un mot. 

« Quelqu’un peut me dire ce qui s’est passé ? », fit enfin Fred. 
« Le chant des sirènes … », répondit Marc. 
« Les sirènes ? … », demanda Bernard. 
« Oui, je vois ce que tu veux dire », fit Maestro tout en lançant la vigie virtuelle. « Sur Terre, selon la légende, les sirènes attiraient les marins par leur chant irrésistible pour les piéger. Ici, c’est un peu pareil : on nous a attirés grâce à une illusion des plus réussies du Didrik Pining. Je ne sais pas comment ils s’y sont pris, mais cela a marché. »

Se penchant ensuite sur les résultats de la vigie, le naturaliste de bord n’avait pas de bonnes nouvelles. « S’ils ne nous ont pas encore repérés, cela ne devrait pas durer longtemps : ils sont en train d’explorer méthodiquement le secteur … » 

« Minute … », souffla South. « Ces vaisseaux se déplacent comme des poissons dans l’eau malgré l’absence de repères. Si on pouvait s’emparer de l’un d’entre eux, …» 
« Ce ne sont pas des vaisseaux », interrompit Thierry. « Je viens d’en scanner quelques-uns, et ils n’ont rien de mécaniques : c’est biologiques – unicellulaires même. Ces êtres vivants n’en ont donc sans doute pas après le contenu de nos cales, mais bien après nous-mêmes ! » 
« Tu veux dire qu’ils comptent nous … ? », fit South. 
« Oui, eh bien, c’est ce qu’on va voir ! », coupa KT. « Maestro, vois si tu peux reconstituer notre route à l’aller, pour compléter le chemin vers la sortie ! » 

Mais le temps manquait au naturaliste, qui dans d’autre circonstances, aurait certainement voulu étudier ces créatures : les êtres lumineux s’approchaient maintenant du nuage où le Galion s’était caché. 

C’est alors que Siebella repéra un autre vaisseau sur le radar. Encore une illusion ? Si c’en était une, elle était douée de la parole. « KT ? Tou mé reçoit ? » 
C’était Chorlak ! Pas le temps de lui demander pourquoi il avait amené la navette à leur rencontre, mais s’il se trouvait encore sur la route balisée, il devenait le meilleur point de repère pour quitter les zones fantômes.  
Il fallait faire vite : déjà, les premières « lumières » venaient de plonger vers le Galion et s’attaquaient à la coque. « Electrisez la coque ! », ordonna KT, en espérant que leurs agresseurs soient sensibles à l’électricité et reculent face au danger de se faire électrocuter. 

« Ça marche ! », s’exclama Marc. « Ils reculent. » 
« Cela ne va pas les retenir longtemps. En avant toute ! », ordonna KT. « Dirigez-nous vers le signal de Chorlak. » 

Quelques minutes plus tard, le Galion des Etoiles rejoignait la navette, les deux vaisseaux s’éloignant au plus vite, tandis que les étranges lumières disparaissaient au milieu des nuages de Titania, en attendant le passage d’une nouvelle proie… 

Épilogue :

« Mais pourquoi être venu jusqu’ici ? », fit KT. « Nous avions rendez-vous sur Mnémorod. » 
« Z’ai été roulé ! L’épave ne contenait pas de rhum Tellarien, ma seulement de l’or… », répondit Chorlak, dépité. 
« De l’or ? Du bête or ? Mais cela ne vaut presque rien, ça ! », fit Siebella. 
« Récupérons-en une partie malgré tout. Certains mondes s’en servent encore pour du troc », fit remarquer Maestro, tout en se plongeant dans les données enregistrées sur les aliens lumineux de Titania. 
« Bonne idée. Cap sur Mnémorod. », confirma KT, avant d’ajouter à l’attention de Chorlak : « Ensuite, pour nous remettre de cette aventure, nous irons vider quelques tonneaux sur New Jamaica. En avant toute ! » 

Note Bene

Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence ;-)

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