Les Cosmonautes du Futur | Lewis Trondheim, Manu Larcenet | 2000-2004

Par | 02/01/2012 | Lu 693 fois




Tome 1 - Les Cosmonautes du Futur (2000)

Ce récit est un récit férocement piégé. Il démarre dans une cour de récréation, puis dans une salle de classe, où la caméra graphique virtuose de Larcenet immobilise très vite deux gamins d'une dizaine d'années : Gildas et Martina. Tout aussi. Gildas (dont le cri de guerre est : "Cosmonaute du futur!") et Marina paraissent simplement un peu intoxiqués par la S.F., le fantastique. Ils voient des robots, des Aliens partout.

Pour eux, tout n'est qu'apparences trompeuses. Un grand complot menace tout le monde !.. Le lecteur sourit et s'amuse. Et puis soudain, quelque chose bascule. Le lecteur bascule avec, de manière vertigineuse...

Fiche de lecture

Martina est persuadée que la terre est peuplée de robots. Gildas, lui, est convaincu qu’elle est envahie par les aliens. Le hasard, ou le destin peut-être, va amener les deux enfants à se rencontrer dans la cour de récré et les pousser à démontrer leurs assertions.

Seuls contre tous ils devront donc faire preuve de discrétion autant que de détermination afin de déjouer l’alienation - ou la robotique machination, c’est selon - et découvrir que la réalité peut dépasser leurs frictions s’ils veulent un jour pouvoir devenir des cosmonautes du futur dignes de ce nom.

Et la tâche est loin d’être simple car, si pour ces observateurs avertis les envahisseurs sont aisément reconnaissables (les robots sont programmés pour agir comme des humains et les aliens communiquent par téléphone portable), la plupart semblent toutefois tout ignorer de leur propre condition, à commencer par leurs parents eux-mêmes qui tentent de les ramener à la raison.

C’est par le biais de Trondheim que j’ai découvert Larcenet. Pour réaliser cette série le premier envoyait le scénario chaque matin par fax au second qui en faisait une planche dans la journée. Le résultat est là, brillant, vif, surprenant, et emprunt de cet humour féroce et désabusé mais aussi de cette sensibilité qui les caractérisent, comme dans ces scènes où nos héros se livrent à l’invention d’un langage codé – le bifteck - fort en quiproquos, ces autres où on les voit perdre pied, ou dans d’autres encore où, malgré la mission qu’ils se sont donnés, ils reviennent très sérieusement à des préoccupations très enfantines. En somme un premier tome très réussi, à l’égal du reste de la série.

Tome 2 - Le Retour (2001)

Bon, on résume le tome 1 vite fait. Gildas et Martina savent désormais qu'ils ne sont pas deux gamins vivant une vie de gamins dans une quelconque banlieue. Non, Gildas et Martina sont les clones de l'équipage d'un vaisseau terrien qui s'est bêtement craché sur la planète Mawis. Les Mawissiens, pas beaux mais bonne pâte, les ont reconstitués bébés à partir de l'ADN des victimes. Et leur ont construit une ville identique à celle des souvenirs pêchés dans ce qui restait de leurs cerveaux. Ville qu'ils ont peuplée de robots imitant les Terriens.

Aujourd'hui, Gildas et Martina sont au courant de tout. Ce qui n'arrange pas leur vie quotidienne. Quand on voit votre petite soeur vous engueuler parce que le repas va refroidir alors qu'elle se nourrit en fait d'un bidon d'huile, on frôle le malaise, hein !

D'un autre côté, la situation a ses avantages. A la sortie de l'école, il suffit de crier qu'on ne veut pas rentrer à pied pour voir débouler un véhicule spatial. Même si on habite à 300 mètres ! Alors, bien sûr, on a la tête qui gonfle, on sort des horreurs à sa mère sous prétexte qu'elle n'est qu'une machine. Avant de s'apercevoir qu'une machine aussi, ça peut avoir de la peine. La vie est compliquée quand on a onze ans, même à huit (petites) années-lumière de la Terre.

Tout va changer quand un vaisseau meskimek, bourré de vampires de l'espace comme chacun sait, s'annonce en finale. Face au danger, Il n'y aura alors plus de Terriens, plus de Mawissiens, plus de robots, mais seulement des braves gens et des salauds. Le tri ne sera pas facile à faire...

Fiche de lecture

Martina et Gildas ne peuvent plus reculer. Ils ont voulu la vérité, ils l’ont et doivent désormais faire avec, que ça leur plaise ou non. En cela ce monde-ci n’est pas très différent du précédent…et menacé à son tour, cette fois par les Meskimeks qui veulent l’annihiler et dévorer ses habitants.

Avertis par les Mawissiens, extra-terrestres pacifistes et résignés, Martina et Gildas n’ont que le temps de fuir devant l’impressionnante armada ennemie, embarquant au passage quelques proches, dont le professeur Vatter, chargé du cours d’« extermination d’Aliens qui puent ».

Après une course poursuite déjantée ils sont capturés par les envahisseurs. Survivront-ils ? Vaincront-ils les Meskimeks ? Et surtout que cachent les Mawissiens derrière leur apparente bonhomie ? Une chose est sûre : dans ce monde où tout est sous contrôle mais permis dans le même temps - et qui en ce sens prolonge celui de leur enfance désormais perdue - nos héros ne reculeront devant rien pour accomplir, avec toute la présence d’esprit et l’insolence qui les caractérisent, cette nouvelle mission.

Tome 3 - Résurrection (2004)

Martina et Gildas sont devenus des héros. Aussi a-t-on créé en leur honneur une espèce de musée spatial, qui rassemble les échantillons les plus parlants de la civilisation terrienne : une chanson de Michel Delpech, un bob Ricard, une 4L, un ascenseur taggé et quelques crottes de chiens.

Ce musée est le symbole de l'idéologie Celta, très contestée par les contestataires, qui veulent la peau de Gildas et Martina. Les autres aussi, d'ailleurs. Surtout Black Spider, dont la maman flotte dans un bocal comme un vieux poisson pourri. Si on ajoute quelques personnages pittoresques, comme Nikad le télépathe dont la tête repousse après explosion, et un régiment de clones fabriqués en couveuse, et Gildas 1er qui souhaite passer nos copains à la vrilleuse mentale — le tout sans trop savoir si on est en 2033 ou en 2143 —, on a un scénario de SF complètement déjanté (à mettre entre toutes les mains) sur un dessin explosif et mignon à croquer.

Fiche de lecture

Voilà des mois que nos héros naviguent vainement dans l’espace à la recherche d’un monde habitable quand, soudainement, ils repèrent une base apparemment peuplée de leurs congénères.

Débarquant sur une planète qui a reproduit tout ce qui composait le mauvais goût de leur époque - et de la nôtre par la même occasion – ils ne tardent pas à découvrir qu’il s’agit en vérité d’un musée vivant érigé à leur mémoire et en leur honneur.

Le clonage y étant interdit ils doivent dissimuler leur identité mais sont démasqués (ou plutôt ne le sont pas puisque ce sont les seuls à ne pas avoir à porter de masque des héros, étant eux-mêmes les dits héros) ! Fuyant les idolâtres ils sont recueillis par le chef des contestataires, ce qui évidemment ne fait pas leur affaire : celui-ci les hait et ne le cache pas. Une fois de plus nos héros vont devoir combler leur peu d’habileté à donner le change par un sens de l’improvisation, une audace et un humour à l’épreuve des balles, des lasers, et des destructions planétaires afin de réparer le futur que leurs exploits ont engendré

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