Les Déserteurs temporels | The Time-Hoppers | Robert Silverberg | 1967

Par | 18/03/2013 | Lu 407 fois




Vous ne supportez plus ce vingt-cinquième siècle surpeuplé et pollué. Vous êtes chômeur de quatorzième classe, la plus basse. Une seule solution, fuyez dans le temps. Grâce à l'invention de Lanoy, devenez un déserteur temporel. Au risque des paradoxes...

Fiche de lecture

Joe Quellen est Secrétaire Criminel, l'équivalent de nos inspecteurs ou commissaires de police au XXVe siècle. A cette époque, le monde est dominé par le Gouvernement Suprême, et la population est divisée en classes. A cause de la surpopulation, le degré de confort de chacun dépend directement de la classe à laquelle il appartient. Ainsi, en-dessous de la 8e classe, les célibataires sont-ils obligés de vivre dans des dortoirs. Et ce n'est qu'à partir de la 7e classe qu'ils peuvent avoir un logement individuel. Bien qu'il soit fonctionnaire, agent de l'ordre, Quellen ne supporte pas cette société qui l'oblige à vivre dans la promiscuité. Aussi, il s'est aménagé clandestinement une villa en Afrique, privilège délirant réservé normalement aux membres de la 2e classe.

Cette société si stable en apparence, presque figée, est menacée par les déserteurs temporels, des inciviques qui fuient l'Ordre en s'échappant dans le passé. Ils semblent que Lanoy, un mystérieux personnage, soit mêlé à l'affaire. Quand Quelle est chargé de l'affaire et que simultanément il apprend que son beau-frère envisage de sauter en laissant sa famille derrière lui, il sent que les problèmes arrivent.

Avec ce livre, Silverberg nous propose un planet-opera. Il nous plonge dans une société futuriste effrayante, totalitaire. On n'est pas très loin de « 1984 », ou de « Le meilleur des Mondes ». Ecrit en 1967, ce roman est très marqué par son époque. Si Silverberg est relativement visionnaire sur les aspects informatiques, on sourit devant les bobines servant à enregistrer les conversations. Certains dialogues gardent, malgré la traduction, un côté très 60's. Même la société dépeinte ne peut se défaire de certains à-priori. Ainsi, c'est tout naturellement que dans un couple madame s'occupe des enfants et du ménage alors que monsieur travaille et ramène de quoi vivre. Il s'agit là de défauts tout relatifs, qui apporteront même du charme selon les points de vue.

L'histoire, malheureusement, a un rythme bizarre. Très lente dans la première moitié, elle s'accélère subitement dans les 30 dernières pages. Ce n'est pas qu'on s'ennuie pour ensuite être perdu, mais plutôt qu'on aurait apprécié une action mieux répartie au fil des pages. Par ailleurs, le monde totalitaire décrit ne l'est que dans ses aspects les plus nécessaires. Il y a peu de détails. Ce manque de développement m'a un peu dérangé, même si je peux comprendre sa nécessité stylistique. Par contre, le thème général est très intéressant, avec des parallèles avec « Les Déportés du Cambrien » du même auteur. On pourrait même ranger les deux livres dans le même cycle.

« Les Déserteurs temporels » est un livre qui se lit facilement, sans ennui, et qui propose un univers intéressant, mais je gage qu'il laissera à de nombreux lecteurs un goût de trop-peu.

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