Illustration et quatrième de couverture
Les gouffres de la Lune, réédition @ 2013 Milady | Illustration de couverture @ Pascal Casolari
Tombé dans un gouffre lunaire, le « Séléné » attend fébrilement qu'on vienne le secourir. Le vaisseau, en fait, est bloqué sous quinze mètres de poussière... Prêt à devenir avec son équipage un formidable tombeau. A l'extérieur cependant, des sondages s'effectuent et les secours s'organisent. En une véritable course contre la folie. Et, bientôt aussi, contre la mort...
Fiche de lecture
« Loin devant eux, au-delà de la portée de leur propre éclairage, une lumière grandissait et se répandait doucement parmi les rochers et les pics. Même pendant son dernier quartier, la Terre gardait une puissance lumineuse égale à celle d’une dizaine de pleines lunes, et à présent qu’elle sortait de l’ombre des montagnes, elle était de nouveau la maîtresse des cieux. Les vingt-deux hommes et femmes qui se trouvaient à bord du Séléné contemplaient ce croissant bleu-vert, admiraient sa beauté, s’émerveillaient de son éclat. Comme il était étrange que ces champs et ces forêts et ces lacs familiers de la Terre apparussent dans une telle gloire céleste quand on les voyait de si loin ! Peut-être cette découverte comportait-elle une leçon ? Peut-être aucun homme ne pouvait-il pleinement apprécier son propre monde avant de l’avoir vu de l’espace ? »
Au 21e siècle, l’Homme a colonisé la Lune. Cette dernière est à la fois une base pour la recherche scientifique, mais aussi, un endroit touristique très prisé par les personnes fortunées. Sa principale attraction ? Une croisière sur l’une de ses mers : la Mer de la Soif.
Cette mer a ceci de particulier qu'elle est constituée d’une très fine couche de poussière qui ne ressemble à rien de connu sur Terre. Cette poussière pourrait s’apparenter à du sable, sans en être vraiment, et en même temps, cette poudre sèche a pratiquement la fluidité de l’eau. En cela, elle diffère du régolithe qui recouvre en grande partie la surface lunaire. Un bateau, nommé le Séléné, qui ressemble à une sorte d’autocar sans roue, glisse sur cette Mer de la Soif en emportant à son bord des touristes curieux d’admirer le panorama.
Mais lors d’une croisière, un incident survient. Cela se fait tout lentement, comme toutes choses sur la Lune. En avant du Séléné, dans un cercle embrassant une surface de plusieurs hectares, la mer de poussière, jusqu’à présent uniformément plate, s’affaisse. Le Séléné glisse dans cette faille et est emporté au cœur de celle-ci, avant d’être entièrement enseveli par la poussière. Puis la plaine de la Mer de la Soif redevient lisse, comme s’il ne s’était jamais rien passé.
Lorsque le centre de contrôle lunaire réalise – un peu plus tard - que le Séléné ne donne plus signe de vie et qu’il est introuvable, ses dirigeants sont à la fois étonnés et déconcertés. En effet, le bateau semble avoir disparu de la surface de la Lune !
En réalité, le navire git par 15 mètres de fond sous la mer de poussière. Il est intact, et les femmes et les hommes à son bord, vivants. Cependant, le Séléné ne peut plus se mouvoir, et ses instruments sont muets. Son capitaine, Pat Harris, ne peut signaler sa position.
En surface, les recherches débutent alors...
C’est en 1961 qu’Arthur C. Clarke écrivit « Les Gouffres de la Lune ». Une fois de plus, comme pour chaque livre du Maître, je ressors ébahie, émerveillée et amplement satisfaite par cette lecture. Après avoir refermé cet ouvrage, j’ai envie de crier : « Mazette, mais quel livre ! ».
Pour situer le contexte : lorsque Clarke a rédigé son roman, il était convaincu que d’ici quelques dizaines d’années, l’Homme aurait installé des bases sur la Lune. Mais malheureusement, des problèmes principalement liés aux coûts budgétaires ont reporté – jusqu’à nouvel avis – les projets initialement prévus.
Bien que la mer lunaire décrite dans ce roman n’existe pas, pour le reste, Clarke nous présente – comme à son habitude – un scénario qui tient 100% la route, basé sur une logique physique rigoureuse, notamment dans la prise en compte de la gravité dans les moyens techniques déployés par l'être humain. On nage ici, non pas dans la Mer de la Soif (quoique ?), mais en pleine hard SF. Même si le genre peut en décourager certains, soyez rassurés : c’est du Clarke, et qui dit Clarke, dit explications concises formulées simplement et clairement, ce qui les rend facilement abordables à tous lecteurs.
L’histoire que nous conte Clarke dans « Les Gouffres de la Lune » est passionnante et sans temps morts. Elle mène également à une réflexion. Le récit alterne successivement entre les actions et interactions des personnages, l’action pure, le suspense, et les descriptions des sites lunaires et des technologies.
Le style de Clarke est simple et limpide : pas de descriptions interminables, ni de dialogues à n’en plus finir. La lecture est donc aisée. Le rythme est soutenu, il est difficile de décrocher tant il maîtrise l’art d’emporter le lecteur au cœur de son scénario.
En conclusion, vous l’aurez compris, je suis totalement emballée par cet ouvrage. Que vous soyez novices en matière de science-fiction, ou au contraire connaisseurs ou passionnés, je ne peux que vous conseiller cette lecture, car dans le genre, il est difficile de trouver mieux.