Les Mondes d'Aldébaran - Cycle 7 | Bellatrix : Episode 1 | Leo | 2023

Par | 11/10/2023 | Lu 1369 fois




Bellatrix, Episode 1 @ 2023 Dargaud | Illustration de couverture @ Leo
La flotte d'intervention de la galaxie, dont font partie les Avarants, peuple extra-terrestre évolué, est chargée d'intervenir sur des planètes afin d'éviter des tragédies, des guerres ou des régressions brutales qui toucheraient les peuples peu évolués.

C'est ainsi que les habitants de Bellatrix vivent dans des conditions comparables à la Terre du début du XIXe siècle. Cette société, profondément fragilisée après une catastrophe, est menacée par un retour à l'obscurantisme.

Aidées par les Avarants et la coalition galactique, Kim et Manon sont envoyées en mission afin d'observer et rendre compte de la situation. Elles devront rejoindre l'endroit où réside Narene Ever, une femme à la tête du mouvement d'opposition.

Fiche de lecture

Voici Bellatrix, septième cycle de l’arc des Mondes d’Aldébaran. Fan de cette saga de BD de science-fiction, chaque nouvelle parution est un événement que j’attends en trépignant d’impatience !

Les Avarants - peuple extraterrestre évolué qui a la charge d'intervenir sur des mondes afin d'éviter des drames - ont envoyé Kim Keller et Manon Servoz en mission sur Bellatrix, une planète dont l’environnement est composé de prairies, de forêts, de montagnes et d’océans, et qui est peuplée d'humains (fait étonnant) semblables à ceux du Far West (fait tout aussi surprenant). Nos héroïnes doivent trouver et protéger Narene Ever, une femme à la tête du mouvement d’opposition car, dans cette société fragilisée après une catastrophe et menacée par un retour à l'obscurantisme, la politicienne est en grand danger. On va donc suivre la longue chevauchée de Kim et de Manon – qui par un triste concours de circonstances vont se retrouver avec deux ados sur les bras - à travers des territoires sauvages en direction de Libreville.

En orbite au-dessus de Bellatrix, les Avarants veillent sur leurs deux agentes et observent leur périple à terre, jusqu’à ce qu’un étrange et gigantesque vaisseau se stationne à leurs côtés. Les visiteurs extraterrestres, dont la technologie est encore plus avancée que celle des Avarants, exigent de ces derniers que tout contact avec la surface soit immédiatement suspendu. Tout refus d’obtempérer serait considéré comme une agression. Les Avarants n’ont pas vraiment d’autre choix que d’obéir, en attendant de trouver une solution.

Le problème, c’est que sans la protection des Avarants, Kim et Manon se retrouvent sans assistance extérieure et l’on s’en doute, les choses vont se gâter pour elles…

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Nous avons là deux trames en alternance : les aventures de Kim et Manon sur Bellatrix, qui relèvent du genre Planet Opera, et la toile de fond se déroulant dans l’espace, avec un contexte géopolitique bien précis, qui relève du Space Opera.

J'apprécie la façon dont Leo a construit son intrigue, en dévoilant progressivement au moyen de flash-backs les raisons du voyage des deux jeunes femmes et la nature des Avarants, nouvelle race extraterrestre dans cette saga. Les technologies dont sont équipées les deux héroïnes, dont – entre autres - leurs montures et « oiseau informateur » robots, sont bien pensées. Je trouve également malin d’avoir placé en fin de BD une interview de Manon. Ceci permet d’en apprendre davantage sur la préparation de cette mission, sans venir tartiner les planches de trop de textes.

Si la trame narrative est bien amenée, en revanche, le Far West dans lequel évoluent les deux héroïnes, lui, ne m’a pas séduite plus que ça : une société d’hommes qui se figurent la femme idéale comme devant être docile et soumise et, qui regorge de gros mâles lourdauds qui ne pensent qu’à molester nos voyageuses. Ajoutez à cela la menace d’un retour à l’ignorantisme, des hommes vêtus tout de blanc qui se conduisent comme des truands afin de faire régner leur loi, des conflits politiques, pas mal de violence et un ton (celui de Manon) que je trouve un peu trop vindicatif. A mon goût, ça n’envoie pas vraiment du rêve...

Visuellement, j’aime toujours autant le dessin de Leo. Cependant, cette fois-ci je regrette le manque d'originalité dans la représentation de Bellatrix. Cette nouvelle planète ressemble trop à la Terre. Et puis la faune et la flore exotiques à la fois flamboyantes et dangereuses - signature de Leo ! - ne sont pas vraiment au rendez-vous.
 
Une partie de l’intrigue consiste en des questions qui me titillent l’esprit : comment se fait-il que des humains se trouvent sur Bellatrix ? Comment sont-ils arrivés là ? Et comment expliquer qu’ils aient plus ou moins la même évolution et les mêmes problèmes que ceux du XIXe siècle de l’ouest américain ? Là je ne peux m’empêcher de penser au scénario de Centaurus

Un autre aspect de l’intrigue réside dans l’apparition furtive de créatures extraterrestres, inconnues au bataillon, que Kim et Manon ont aperçues dans une grotte. Qui sont-elles ? Que font-elles là ? Est-ce qu’elles ont un lien avec les habitants de Bellatrix ou ce mystérieux vaisseau en orbite ?

Il est encore trop tôt pour le savoir…

Pour résumer, je dirais ceci : ce premier épisode de Bellatrix me plaît, même si je comptais sur plus d’originalité dans cette épopée de science-fiction. J’aurais aimé vivre une aventure dépaysante, comme les précédentes, qui m’embarque à des années-lumière de la Terre, et ne pas avoir la drôle d’impression que Leo s’est juste contenté de transposer le décor western sur une autre planète. Néanmoins, j'espère me tromper et que Leo nous réservera des surprises et des explications plausibles dans les prochains tomes. Bon, je dois dire aussi que les bons points, le suspense et les grandes inconnues, c’est LE plat signature de l’auteur ! J’attends donc de pied ferme la suite, en souhaitant qu’elle comblera mes attentes.
 
Petit aparté :

L’illustration de couverture de cette BD est rigolote : on dirait que Kim et Manon chevauchent devant Shag-Shag ! (le vieux robot-vaisseau explorateur intelligent des Mondes engloutis (1985-1987), un dessin animé de mon enfance) J’ignore s’il s’agit d’un clin d’œil à cette œuvre ou pas. Il est noter que cette navette des Avarants n’apparaît pas dans ce premier tome (où alors j’ai mal réglé ma longue-vue).



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