Mister Babadook | The Babadook | 2014

Par | 16/08/2014 | Lu 1173 fois




Affiche et synopsis

Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu'elle n'arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé « Mister Babadook » se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le « Babadook » est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations...

Note

« Mister Babadook » est le premier long métrage de Jennifer Kent. Unanimement salué par la critique spécialisée lors de sa sortie, il était présenté comme un film arrivant à tenir tête à INSIDIOUS et CONJURING, deux films qui pour moi sont à n’en pas douter les meilleurs films du genre de ces dernières années. 

Présentation

Amélia est veuve depuis le terrible accident de voiture qui couta la vie à son compagnon 6 ans plus tôt. Pour ne rien arranger, cet accident survînt le jour de la naissance de leur fils, Samuel, enfant qu’elle élève désormais seule, non sans difficultés. Le jeune garçon est en effet en proie à de violents cauchemars et semble s’inventer un monde imaginaire fait de magie et de monstres invisibles.
 
Alors qu’Amélia lit une histoire à son fils pour l’endormir comme elle le fait chaque soir, celle-ci fait la découverte d’un mystérieux livre rouge au cœur de sa bibliothèque. Intitulé « Mister Babadook », le livre est composé de nombreuses languettes à tirer, chacune dévoilant des illustrations d’un noir terrifiant. Mais, interpelée par les menaces à peine dissimulées de l’histoire et son caractère sanglant, Amélia décide finalement de ranger le livre pour ne pas aggraver les terreurs de son fils.
 
Malheureusement il est déjà trop tard pour Samuel qui, persuadé de voir chaque nuit le Babadook arriver pour le tuer comme cela est écrit dans le livre, décide de prendre les choses très au sérieux et de s’armer mortellement en conséquence. Amélia quant à elle se retrouve très rapidement dépassée par les événements et court après le sommeil. Mais les événements étranges qui semblent se multiplier autour d’Amélia et de son fils sont-ils réellement liés à du surmenage ?

« Mister Babadook » est pour moi le meilleur film d’épouvante de cette année 2014.  S’il revisite une peur ancestrale qui est celle des enfants pour les monstres des armoires, « Mister Babadook » y apporte une réelle touche de modernité et évite avec brio les clichés récurrents de nombreux autres films du genre.
 
Contrairement à INSIDIOUS ou CONJURING dont je parlais plus haut, il n’y a pas de réel répit, l’action étant uniquement focalisée sur deux personnages qui sont tour à tour sujets à des événements mystérieux. L’avantage de « Conjuring » était qu’il permettait au spectateur de quitter la maison et ainsi d’être certain qu’aucune apparition ne viendrait le surprendre l’espace de quelques minutes, l’occasion donc pour lui de souffler avant de réattaquer les choses sérieuses. Tel n’est pas le cas dans « Mister Babadook » puisque l’action est principalement concentrée dans un lieu confiné : la maison d’Amélia et de Samuel.
 
A cela s’ajoute un double isolement. L’isolement social tout d’abord puisque tant Samuel que sa mère peinent à s’intégrer en société. Amélia tout d’abord, qui ne parvient pas à se remettre du décès de son compagnon, est une femme incomprise, même de sa propre sœur. Le caractère turbulent de son fils Samuel et son incapacité à le gérer la mettent donc inévitablement à l’écart. Samuel quant à lui, de par son imagination débordante et son obsession à dire à qui veut l’entendre que le Babadook existe, est marginalisé par les autres enfants. Cet isolement social se répercutera par la suite entre Amélia et son propre fils qui, incapables de se comprendre mutuellement, s’isoleront inconsciemment au sein de leur réalité respective.
 
L’isolement spatial arrive également progressivement par la déscolarisation de Samuel et la prise de congés par Amélia suite à un surmenage intenable. Les personnages se retrouvent donc isolés du reste du monde mais aussi d’eux-mêmes dans des réalités antagonistes et au sein d’un espace sombre et confiné. Le contraste est d’ailleurs sciemment orchestré puisque la réalisatrice a déclaré avoir fait en sorte de représenter les protagonistes de manière sombre dans un environnement extérieur lumineux et inversement.
 
Si l’architecture intérieure de la maison est finalement assez classique dans ce genre de films (une cave, un seul étage, plusieurs chambres avec de grandes penderies, des portes qui s’ouvrent à l’opposé des lits…), on ne pourra que saluer les jeux d’ombres et de clairs obscurs qui renforcent indéniablement l’atmosphère pesante et angoissante de la maison. Le physique des acteurs, notamment de celui incarnant Samuel, relativement atypiques, ne manqueront pas d’ajouter une dimension singulière à l’ensemble.
 
A l’instar de « Insidious », les événements paranormaux arrivent crescendo sans pour autant que ne soit dévoilé ce qui se tapit dans l’ombre. C’est d’ailleurs toute la saveur de l’épouvante face à l’horreur. Car, si le second ne peut se cacher de montrer du sang, de la violence et des boyaux, le premier est quant à lui bien plus discret. Le spectateur a alors davantage peur de ce qu’il ne voit pas, de ce qu’il imagine. Dans un film comme « Mister Babadook », tout est dans la suggestion et celle-ci est millimétrée avec justesse.
 
Côté « musiques », celles-ci servent le film avec brio et ne dénotent pas avec l’ensemble. Mais, l’une des forces du film vient véritablement du livre du Babadook, véritable œuvre d’art à elle toute seule, pleine de finesse et de créativité. A ce titre, il convient d’indiquer que le livre a été réalisé intégralement pour le film et qu’il ne s’agit pas là d’images de synthèse.
 
Enfin, le spectateur ne manquera pas d’être surpris par la fin, tant celle-ci est… particulière et ne manque pas d’originalité. N’hésitez pas à vous laisser tenter mais ayez le cœur bien accroché car si le Babadook a des similitudes physiques avec Mama, le film est à mon sens bien plus angoissant. Dans La Dame en noir, les retours au village vous octroyaient du répit, il en allait de même dans The Innkeepers avec l’accueil de l’hôtel. Tel n’est pas le cas dans « Mister Babadook », les personnages étant presque toujours confinés dans l’horreur. Quant aux inconditionnels des films d’épouvante, ceux-ci ne manqueront pas de remarquer toutes les références cachées, véritable bonus de ce film. Bon visionnage !

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