Illustration et quatrième de couverture
« Derrière la brume, il n’y a très exactement plus rien, Monsieur Merlin. Et vous vous demandez sans doute comment c’est possible ou, ce qui revient au même, comment on a pu en arriver là. Comment et pourquoi. Eh bien, je vous appelle pour répondre à ces questions. »
D’aucuns savent qu’un simple coup de téléphone peut bouleverser l’existence. Il suffit d’un échange, d’une conversation, pour que le quotidien prenne soudain une toute nouvelle direction. D’autant plus quand la voix dans le combiné vous annonce qu’elle appelle du futur.
D’aucuns savent qu’un simple coup de téléphone peut bouleverser l’existence. Il suffit d’un échange, d’une conversation, pour que le quotidien prenne soudain une toute nouvelle direction. D’autant plus quand la voix dans le combiné vous annonce qu’elle appelle du futur.
Avant-propos
Il fut un temps, il y a longtemps, où je n’avais pas encore lu du « Arnauld Pontier ». Un temps ancien, incertain et pourtant divergeant, en tous cas un temps passé, à moins que ce ne fût celui d’un futur, voire d’un futur antérieur.
Depuis… eh bien, depuis tout a changé.
Ce diable d’auteur (je ne lui trouve pas d’autre qualificatif, tant pis pour lui) a le chic pour écrire à trois niveaux et j’apprécie énormément cela.
D’abord, bien sûr, il y a le récit qui ne vous emmène jamais là où vous l’attendiez alors que vous êtes au milieu de la rivière et des premiers chapitres. Mais se mêlent à cela les détails, les petits cailloux, les indices semés çà et là, ces apparences de vétilles auxquelles il faut prêter attention pour découvrir la direction qu’ils (i.e. notre homme de plume et ces détails) nous indiquent avec de plus en plus de précisions. Ces mêmes cailloux forment à eux seuls une sorte d’histoire dans l’histoire, presque aussi délectable que certaines charades à tiroirs. Ensuite viennent les verbes, les mots, les phrases où il y a des choix dépourvus d’innocence tant dans le vocabulaire, les tournures linguistiques, les allusions et les références avec cette pointe de culture, de connaissances et de recherches sur tel ou tel sujet (lisez Sur Mars ou Dehors les hommes tombent pour en être convaincu si vous ne l’étiez pas déjà) ; et, là, avec le verbe, c’est une troisième histoire qui se dessine.
De fait, Merlin, pardon, « Monsieur Merlin » respecte scrupuleusement ce canevas. Acquis et dédicacé lors des Imaginales 2022 (dès sa parution donc), je l’ai vu arriver de fort loin, en provenance de Sagittarius, et choir dans mes mains opportunément tendues. Hélas, je l’ai dévoré en moins d’une heure. Il est court, vif, incisif et bourré d’allusion et de références.
Pour tenir compte de cela, je vous propose deux versions de mon ressenti. Je vais commencer par une première relativement succincte et surtout light, suivie de quelques extraits du livre, avant de poursuivre par un second point de vue bien plus « barré » qui reprend un petit peu des détails placés sur le chemin du lecteur par l’auteur qui s’est visiblement délecté avec ce texte.
Depuis… eh bien, depuis tout a changé.
Ce diable d’auteur (je ne lui trouve pas d’autre qualificatif, tant pis pour lui) a le chic pour écrire à trois niveaux et j’apprécie énormément cela.
D’abord, bien sûr, il y a le récit qui ne vous emmène jamais là où vous l’attendiez alors que vous êtes au milieu de la rivière et des premiers chapitres. Mais se mêlent à cela les détails, les petits cailloux, les indices semés çà et là, ces apparences de vétilles auxquelles il faut prêter attention pour découvrir la direction qu’ils (i.e. notre homme de plume et ces détails) nous indiquent avec de plus en plus de précisions. Ces mêmes cailloux forment à eux seuls une sorte d’histoire dans l’histoire, presque aussi délectable que certaines charades à tiroirs. Ensuite viennent les verbes, les mots, les phrases où il y a des choix dépourvus d’innocence tant dans le vocabulaire, les tournures linguistiques, les allusions et les références avec cette pointe de culture, de connaissances et de recherches sur tel ou tel sujet (lisez Sur Mars ou Dehors les hommes tombent pour en être convaincu si vous ne l’étiez pas déjà) ; et, là, avec le verbe, c’est une troisième histoire qui se dessine.
De fait, Merlin, pardon, « Monsieur Merlin » respecte scrupuleusement ce canevas. Acquis et dédicacé lors des Imaginales 2022 (dès sa parution donc), je l’ai vu arriver de fort loin, en provenance de Sagittarius, et choir dans mes mains opportunément tendues. Hélas, je l’ai dévoré en moins d’une heure. Il est court, vif, incisif et bourré d’allusion et de références.
Pour tenir compte de cela, je vous propose deux versions de mon ressenti. Je vais commencer par une première relativement succincte et surtout light, suivie de quelques extraits du livre, avant de poursuivre par un second point de vue bien plus « barré » qui reprend un petit peu des détails placés sur le chemin du lecteur par l’auteur qui s’est visiblement délecté avec ce texte.
Fiche de lecture | Version courte
Je vous rassure nul besoin de reconnaître ou de comprendre toutes les références pour apprécier l’histoire et la plume (sans le masque). Le pitch est simple au départ : un personnage peint son autoportrait. Installé en haut d’un vieil immeuble de Paris, avec vue sur Notre-Dame et le square Vivaldi, notre « héros » reçoit un coup (aïe) de téléphone de la part d'un inconnu qui l’appelle « Monsieur Merlin » et l'informe qu’il le joint depuis le futur. Cet homme lui affirme aussi qu’il n’y a plus rien derrière cette brume qui cerne le quartier dans lequel loge et vit notre personnage. Pour autant, il serait nécessaire qu’il soit curieux et aille au-delà pour que le futur et ses enfants puissent exister. Ce qu’il a, semble-t-il, réussi, puisque ce M. Pibrock le contacte, afin de s’assurer qu’il effectue bien cette démarche.
À partir de là, nous voici plongés dans un univers où le passé [de qui ? de quoi ?] et un présent futuriste s’entremêlent, le premier avec des objets anciens [dont les dates ou références nous sont données] et le second par des équipements de pointe [livres écrits au laser sur des feuilles de titane, robots nettoyeurs automatiques, informatique haut de gamme, etc.].
Et, à chaque chapitre, des questions vont venir nous tarauder.
La première nous pousse à tenter de comprendre QUI est « Monsieur Merlin ». La seconde à découvrir qui se cache derrière Mr Pibrock et Mrs Robinson (j’avais presque envie de me passer le titre de Simon and Garfunkel en lisant son nom) et s’ils sont réellement du futur. La troisième de savoir ce qu’est cette brume qui cache les alentours du quartier de M. Merlin. La quatrième de comprendre pourquoi le temps et l’espace se mélangent avec eux-mêmes et quelle est l’importance d’une recherche de l’aiôn. La cinquième est liée au fait d’être perturbé par l’attitude d’Éléonore, étrange « petite amie » de « Monsieur Merlin ». Quant aux suivantes, chut ! Je vous laisse les découvrir. Peut-être seront-elles différentes des miennes…
Alors rassurez-vous : l’auteur va tout vous expliquer, touche par touche, comme un peintre qui révèle peu à peu le paysage qu’il brosse de son pinceau, ou comme un joueur pose une à une les pièces d’un puzzle pour nous offrir lentement l’image qu’il représente. Et il fait cela en ajoutant un peu plus de mystères avec chaque réponse avant de retirer soudain et totalement le voile qui recouvrait son tableau et l’incroyable aventure qu’il masquait.
C’est agréable, enlevé, autant qu’intrigant et attirant. Le style est parfait. Chaque scène de cette pièce de théâtre est digne d’un grand Corneille et d’un épisode extraordinaire de La quatrième Dimension.
Inutile d’espérer lire ce texte par petites étapes, genre chapitre par chapitre ; une fois happé, vous n’aurez comme dans « The Twilight Zone » d’autre choix que d’aller au bout. Bref, en un moment, pardon, en un mot : c’est parfait. J’ajouterai, en clin d’œil, que le générique de cette série colle on-ne-peut-mieux à cette novella :
« Au-delà des dimensions classiques où l’homme projette ses pas, il en est une où s’échappent ses pensées les plus folles. C’est une dimension aussi vaste que l’espace, aussi démesurée que le temps. Un reflet changeant entre l’ombre et la lumière. Un champ d’hypothèses entre la science et la superstition. Un terrain glissant entre l’abîme de nos frayeurs et la cime de nos connaissances. Sublimant l’imagination, faisant éclater le rationnel, nous l’appellerons simplement... Monsieur Merlin, ou même, osons-le, Arnauld Pontier » 😉
À partir de là, nous voici plongés dans un univers où le passé [de qui ? de quoi ?] et un présent futuriste s’entremêlent, le premier avec des objets anciens [dont les dates ou références nous sont données] et le second par des équipements de pointe [livres écrits au laser sur des feuilles de titane, robots nettoyeurs automatiques, informatique haut de gamme, etc.].
Et, à chaque chapitre, des questions vont venir nous tarauder.
La première nous pousse à tenter de comprendre QUI est « Monsieur Merlin ». La seconde à découvrir qui se cache derrière Mr Pibrock et Mrs Robinson (j’avais presque envie de me passer le titre de Simon and Garfunkel en lisant son nom) et s’ils sont réellement du futur. La troisième de savoir ce qu’est cette brume qui cache les alentours du quartier de M. Merlin. La quatrième de comprendre pourquoi le temps et l’espace se mélangent avec eux-mêmes et quelle est l’importance d’une recherche de l’aiôn. La cinquième est liée au fait d’être perturbé par l’attitude d’Éléonore, étrange « petite amie » de « Monsieur Merlin ». Quant aux suivantes, chut ! Je vous laisse les découvrir. Peut-être seront-elles différentes des miennes…
Alors rassurez-vous : l’auteur va tout vous expliquer, touche par touche, comme un peintre qui révèle peu à peu le paysage qu’il brosse de son pinceau, ou comme un joueur pose une à une les pièces d’un puzzle pour nous offrir lentement l’image qu’il représente. Et il fait cela en ajoutant un peu plus de mystères avec chaque réponse avant de retirer soudain et totalement le voile qui recouvrait son tableau et l’incroyable aventure qu’il masquait.
C’est agréable, enlevé, autant qu’intrigant et attirant. Le style est parfait. Chaque scène de cette pièce de théâtre est digne d’un grand Corneille et d’un épisode extraordinaire de La quatrième Dimension.
Inutile d’espérer lire ce texte par petites étapes, genre chapitre par chapitre ; une fois happé, vous n’aurez comme dans « The Twilight Zone » d’autre choix que d’aller au bout. Bref, en un moment, pardon, en un mot : c’est parfait. J’ajouterai, en clin d’œil, que le générique de cette série colle on-ne-peut-mieux à cette novella :
« Au-delà des dimensions classiques où l’homme projette ses pas, il en est une où s’échappent ses pensées les plus folles. C’est une dimension aussi vaste que l’espace, aussi démesurée que le temps. Un reflet changeant entre l’ombre et la lumière. Un champ d’hypothèses entre la science et la superstition. Un terrain glissant entre l’abîme de nos frayeurs et la cime de nos connaissances. Sublimant l’imagination, faisant éclater le rationnel, nous l’appellerons simplement... Monsieur Merlin, ou même, osons-le, Arnauld Pontier » 😉
Extraits des premiers chapitres :
Page 11 :
(NB : Je me suis reconnu dans cette phrase au travers des Gueules et de l’Enfer des Vers.)
Page 17 :
Page 22 :
Page 32 :
Page 11 :
Ce qu’il sait, c’est que la réalité n’est plus inaltérable, que le temps et l’espace ne sont pas ce qu’ils étaient : des bornes bien définies de cette réalité.
(NB : Je me suis reconnu dans cette phrase au travers des Gueules et de l’Enfer des Vers.)
Page 17 :
Mais je dois, au préalable, vous expliquer ce qui vous est arrivé. Car je vous parle depuis un futur qui n’existe que parce que vous existez.
Page 22 :
– Ce sont des pièces que j’entends tomber ?
– Effectivement.
– Vous êtes dans une cabine à pièces ?
– Non, j’appelle depuis ce téléphone, je vous l’ai dit.
– Il y a des cabines à pièces, dans le futur ?
– Non. Pas dans l’espace public.
Page 32 :
« Monsieur Merlin », quel drôle de nom. Est-ce véritablement le mien ? Ou est-ce un surnom ?
Et notez que cet opus ne comporte pas de calligrammes en nombre qui vous oblige à tourner les pages dans tous les sens pour les déchiffrer (enfin si, il en reste un, un seul à la fin de l’ouvrage, calligramme que je ne dévoilerai bien évidemment pas). Par contre, figure sur certaines pages une petite « illustration » du temps qui passe, de sa fuite, de son étirement, ou d’un ancien appel téléphonique reliant au futur.
Fiche de lecture | Version longue
Une présentation plus élaborée, mais aussi relativement barrée, je dois le reconnaître… Si vous avez peur d’avoir mal à la tête, arrêtez là. Vous en voilà prévenus…
Il y a moult questions dans cette histoire. Un autre est de se demander : « et si la causalité et ses effets étaient soudain inversés ? » Que nous resterait-il comme certitude ? Celle de la réalité ou celle de l’illusion ?
En lisant « Monsieur Merlin », certains pourraient croire que l’auteur se contente de jouer avec le temps, principalement avec sa forme infinie qu’est l’aiôn (qui nous donne aevus et aeon, avant de devenir éon), ignorant la facilité du seul Chronos (le temps qui s’écoule, vous savez un peu comme dans le sablier), mais liant ce dernier à Kairos (la durée, l’intervalle et l’opportunité). Car il faudra que M. Merlin puisse les découvrir et les saisir ces opportunités.
Si donc vous n’avez vu que cela, vous n’avez pas tourné convenablement le donut dans tous les sens afin d’en observer les divers éléments ni n’en avez étudié l’intérieur en mordant dedans.
Il y a moult questions dans cette histoire. Un autre est de se demander : « et si la causalité et ses effets étaient soudain inversés ? » Que nous resterait-il comme certitude ? Celle de la réalité ou celle de l’illusion ?
En lisant « Monsieur Merlin », certains pourraient croire que l’auteur se contente de jouer avec le temps, principalement avec sa forme infinie qu’est l’aiôn (qui nous donne aevus et aeon, avant de devenir éon), ignorant la facilité du seul Chronos (le temps qui s’écoule, vous savez un peu comme dans le sablier), mais liant ce dernier à Kairos (la durée, l’intervalle et l’opportunité). Car il faudra que M. Merlin puisse les découvrir et les saisir ces opportunités.
Si donc vous n’avez vu que cela, vous n’avez pas tourné convenablement le donut dans tous les sens afin d’en observer les divers éléments ni n’en avez étudié l’intérieur en mordant dedans.
Série-746 Wild & Wolf | 1963
Tout commence donc par un coup de fil que reçoit M. Merlin. Mais pas sur n’importe quel appareil, pas sur un de nos téléphones portables, tels qu’un iPhone, un Samsung, un Nokia ou que sais-je. Non, l’appel lui parvient sur un vieux téléphone de 1963 (un modèle à cadran, mais que l’on ne tourne pas comme sur des appareils tels que le CIT-1958, le CIT-1962 ou le Télic-1960, le téléphone crapaud ; ici, on presse les touches présentes dans ledit cadran). Attention, car tout est important dans les mots et les noms utilisés. Y compris le fait que M. Merlin va chercher à boire dans son Frigidaire, et non dans son réfrigérateur, ou qu’il écoute de la musique sur son Rééla Tentation de 1960.
« Transistor » Rééla Tentation | 1960
Mélangeant ainsi un certain passé [que nous connaissons plus ou moins selon nos âges respectifs, voire vénérables] et le futur possible, puisque les équipements de l’époque – du moins lorsqu’ils fonctionnaient, c’est-à-dire avant que n’arrive la brume – sont électroniques, que les livres sont imprimés à l’ultra-violet sur du papier de titane, que les ordinateurs sont des lames (tels qu'on en trouve aujourd’hui), que les imprimantes 3D sont bien réelles, que des robots nettoyeurs (les R-Net) s’occupent encore et toujours des espaces publics sans comprendre l’inanité de leurs efforts…
Or donc, car revenons à nos moutons ou plutôt à notre bac à sable, il ne s’agit pas que je vous fasse perdre le Nord quand même. Or donc, écris-je, M. Merlin est appelé par un inconnu lui affirmant qu’il vit dans son futur et qu’il est fier de pouvoir parler à celui grâce à qui ledit futur et ses enfants (ceux dudit Merlin ?) existent.
Tout va s’enchaîner à partir de là et de l’échange entre Monsieur Merlin et cet homme, un dénommé Dani Pibrock [c.-à-d. cornemuse en gaélique ou air de cornemuse écossaise, tel que joué par les bag-piper]. Cet inconnu va envoyer notre « intelligent animalcule » humain regarder ce qu’il y a de l’autre côté de la brume qui a envahi Paris et les abords du quartier où il loge. Pour être précis, Merlin est installé au coin des rues Lagrange et du Fouarre, près du Square Vivaldi, dans le 5e arrondissement avec vue sur la Seine et Notre-Dame dont les toits viennent d’être une nouvelle fois refaits après le terrible incendie d’il y a dix ans… ce qui ne nous permet certes pas de savoir quel jour et encore moins quelle année nous sommes, puisqu’il s’agit du dernier drame en date et que sa couverture est maintenant en synthéplast.
Bref, passé, présent – celui de M. Merlin – et futur – celui de M. Pibrock et de Mme Robinson [mais de quelle Robinson nous parle donc A. Pontier ? Est-ce celle de Simon & Garfunkel ? Ou est-elle en référence au héros de Daniel Defoe ? À moins que ce ne soit un clin d’œil au livre « Robinson philosophe » de JP Zarader ?].
Avec tout cela, l’auteur se joue du temps et de nous, balayant allègrement les définitions même de ce temps, telle, par exemple, celle indiquant qu’il s’agit d’une dimension dans laquelle les événements peuvent être ordonnés du passé au présent vers le futur.
C’est superbe, entraînant, chargé d’un peu plus de mystères à chaque page, avant que les voiles ne se lèvent un à un et ne découvrent un final grandiose en termes d’aventure et d’exploration. J’avoue que je me suis délecté de cette histoire, d’autant plus qu’elle résonnait pour moi un parfait écho à mon diptyque des vers [Les Gueules des Vers et L’enfer des Vers], d’une part avec le balancement du temps et l’errance qui se produit en cherchant à le comprendre, d’autre part avec le personnage central de ces récits syssoliennes.
Tiens, d’ailleurs en parlant de temporalité, de donuts et de chronique un peu barrée, vous connaissez sans doute l’illusion d’optique des cercles rotatifs dont je mets une image ci-dessous. Vous fixez le point noir et reculez avant de vous rapprocher. Les cercles bougent devant vous en sens inverse l’un de l’autre.
Or donc, car revenons à nos moutons ou plutôt à notre bac à sable, il ne s’agit pas que je vous fasse perdre le Nord quand même. Or donc, écris-je, M. Merlin est appelé par un inconnu lui affirmant qu’il vit dans son futur et qu’il est fier de pouvoir parler à celui grâce à qui ledit futur et ses enfants (ceux dudit Merlin ?) existent.
Tout va s’enchaîner à partir de là et de l’échange entre Monsieur Merlin et cet homme, un dénommé Dani Pibrock [c.-à-d. cornemuse en gaélique ou air de cornemuse écossaise, tel que joué par les bag-piper]. Cet inconnu va envoyer notre « intelligent animalcule » humain regarder ce qu’il y a de l’autre côté de la brume qui a envahi Paris et les abords du quartier où il loge. Pour être précis, Merlin est installé au coin des rues Lagrange et du Fouarre, près du Square Vivaldi, dans le 5e arrondissement avec vue sur la Seine et Notre-Dame dont les toits viennent d’être une nouvelle fois refaits après le terrible incendie d’il y a dix ans… ce qui ne nous permet certes pas de savoir quel jour et encore moins quelle année nous sommes, puisqu’il s’agit du dernier drame en date et que sa couverture est maintenant en synthéplast.
Bref, passé, présent – celui de M. Merlin – et futur – celui de M. Pibrock et de Mme Robinson [mais de quelle Robinson nous parle donc A. Pontier ? Est-ce celle de Simon & Garfunkel ? Ou est-elle en référence au héros de Daniel Defoe ? À moins que ce ne soit un clin d’œil au livre « Robinson philosophe » de JP Zarader ?].
Avec tout cela, l’auteur se joue du temps et de nous, balayant allègrement les définitions même de ce temps, telle, par exemple, celle indiquant qu’il s’agit d’une dimension dans laquelle les événements peuvent être ordonnés du passé au présent vers le futur.
C’est superbe, entraînant, chargé d’un peu plus de mystères à chaque page, avant que les voiles ne se lèvent un à un et ne découvrent un final grandiose en termes d’aventure et d’exploration. J’avoue que je me suis délecté de cette histoire, d’autant plus qu’elle résonnait pour moi un parfait écho à mon diptyque des vers [Les Gueules des Vers et L’enfer des Vers], d’une part avec le balancement du temps et l’errance qui se produit en cherchant à le comprendre, d’autre part avec le personnage central de ces récits syssoliennes.
Tiens, d’ailleurs en parlant de temporalité, de donuts et de chronique un peu barrée, vous connaissez sans doute l’illusion d’optique des cercles rotatifs dont je mets une image ci-dessous. Vous fixez le point noir et reculez avant de vous rapprocher. Les cercles bougent devant vous en sens inverse l’un de l’autre.
Exemple de cercles rotatifs
Vous pouvez aussi utiliser les illusions de Serpents du professeur Kitaoka, qui a donc créé les Rotating Snakes dont voici un exemple. Il vous suffit de fixer le centre et de rechercher la bonne distance de vision pour qu’ils donnent l’étrange impression de bouger l’un par rapport à l’autre…
"Impossible-figure rotating snakes 2" © Akiyoshi Kitaoka 2009
Si l’on accepte qu’un cercle puisse se considérer comme une figure sans « fin », on pourrait penser que, partant d’un point du cercle et progressant le long de ce dernier, nous finirons forcément par revenir à ce point de départ, mais aussi que nous pourrions continuer à suivre ledit cercle « éternellement ». Aiôn du passé sur un cercle, aiôn du futur sur l’autre. Et, au milieu, le présent écrasé entre eux deux, chacun influençant l’autre d’étrange manière… Y aurait-il concomitance du passé et du futur par le présent ?
Si vous avez mal à la tête, vous me le dites, n’est-ce pas ?
Allons, je cesse là, je ne veux pas vous faire perdre le nord : ne vous posez plus de question, quittez donc votre écran et filez plutôt acquérir puis lire ce petit bijou, vous ne le regretterez pas.
Ah tiens si, quand même, une dernière qu’il faudra ressortir quand vous aurez dévoré cette nouvelle afin de la comprendre :
Savez-vous que le patronyme de Merlin est, non seulement celui d’un magicien de légende, mais aussi le nom d’un satellite scientifique franco-allemand ? Si vous ne le connaissez pas, faites une petite recherche sur le web en tapant « satellite scientifique Merlin » 😉
Si vous avez mal à la tête, vous me le dites, n’est-ce pas ?
Allons, je cesse là, je ne veux pas vous faire perdre le nord : ne vous posez plus de question, quittez donc votre écran et filez plutôt acquérir puis lire ce petit bijou, vous ne le regretterez pas.
Ah tiens si, quand même, une dernière qu’il faudra ressortir quand vous aurez dévoré cette nouvelle afin de la comprendre :
Savez-vous que le patronyme de Merlin est, non seulement celui d’un magicien de légende, mais aussi le nom d’un satellite scientifique franco-allemand ? Si vous ne le connaissez pas, faites une petite recherche sur le web en tapant « satellite scientifique Merlin » 😉