Bleu Nuit éditeur | Illustration de couverture de Wojtek Siudmak
Si vous pouviez faire revenir quelqu’un du passé, qui choisiriez-vous : Alexandre le Grand ? Jésus-Christ ? Léonard de Vinci ? Napoléon ?
Pour le milliardaire libanais Elias Zainoun, la question ne se pose pas. Ce serait Mozart, afin de lui permettre d’écrire un opéra d’après la célèbre pièce La Tempête de Shakespeare. Et maintenant que le voilà devenu riche héritier d’une multinationale fondée par son père, pourquoi ne pas utiliser une partie de ces fonds pour concrétiser un incroyable voyage temporel ?
Mais cette "opération", anodine en apparence, masque plus de dangers qu’il n’y paraît. De fait, Mozart n’a pas seulement été le plus grand génie de l’histoire de la musique. Ses biographes ont occulté de nombreux aspects de sa personnalité, dont son appartenance à la franc-maçonnerie. Et il est des boîtes de Pandore qu’il vaut probablement mieux ne pas ouvrir…
Pour le milliardaire libanais Elias Zainoun, la question ne se pose pas. Ce serait Mozart, afin de lui permettre d’écrire un opéra d’après la célèbre pièce La Tempête de Shakespeare. Et maintenant que le voilà devenu riche héritier d’une multinationale fondée par son père, pourquoi ne pas utiliser une partie de ces fonds pour concrétiser un incroyable voyage temporel ?
Mais cette "opération", anodine en apparence, masque plus de dangers qu’il n’y paraît. De fait, Mozart n’a pas seulement été le plus grand génie de l’histoire de la musique. Ses biographes ont occulté de nombreux aspects de sa personnalité, dont son appartenance à la franc-maçonnerie. Et il est des boîtes de Pandore qu’il vaut probablement mieux ne pas ouvrir…
Note
Opération Mozart est une version revue et corrigée de La Tempête de Mozart (2012) du même auteur.
Fiche de lecture
Commençons par le mauvais côté des choses : je dois avoir un petit fond maso pour avoir pris et m’être mis à lire ce roman. Pourquoi ? Parce que si j’ai des goûts très éclectiques en musique – exception faite du rap et du grégorien que je n’aime pas –, il y a des compositeurs classiques que j’adore, par exemple Brahms et Chopin, et d’autres avec lesquels je n’ai jamais, mais alors jamais, accroché. Les trois principaux maudits sont Haydn, Bach et, surtout, Mozart.
Du coup, pourquoi me suis-je donc lancé à prendre en main un bouquin de SF – ou plutôt d’anticipation puisque cela se passe à notre époque – dont l’un des personnages est Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart lui-même ? Évidemment, vous pouvez l’appeler Wolfgang Amadeus, voire Wolfgang dans l’intimité. Ceci dit, la question reste posée…
Sur le principe, la trame de départ est « relativement » simple : Elias Zainoun, trentenaire austro-libanais, est fils du milliardaire libanais Lounis Zainoun et de la mélomane autrichienne Marie-Constance Baertschi. Son père, décédé, lui a transmis sa fortune grâce au groupe Zayn, outre, et surtout, la gestion de la Fondation Zainoun & Baertschi pour la Science et la Musique de Mozart (Olé !). Sa mère, âgée et malade, lui a laissé, elle, la lourde chape d’un amour exclusif et immodéré – irrationnel, dirais-je – non vers lui, mais pour l’unique génie de Mozart et de son œuvre. Mais surtout elle porte le regret que ledit Mozart n’ait pas écrit un opéra tiré de La Tempête, d’après la pièce de Shakespeare, opéra qu’il aurait peut-être commencé, mais dont aucune trace n’a jamais été retrouvée. Ceci est poussé à un tel degré d’obnubilation qu’Elias, en partie rejeté par sa mère, est obsédé lui aussi par ce « rêve maternel ».
Lorsque Janowsky, un drôle de zèbre, se présente à la Fondation avec le projet de créer une machine à voyager dans le temps et contre l’avis de ceux qui lui sont proches, Elias va bondir sur l’occasion et tout faire pour arracher Mozart à son époque afin de le sauver de la mort et de lui permettre de composer cet opéra.
Une opération tout ce qu’il y a de plus facile, n’est-ce pas ? Oui, enfin, notons quand même que tout doit se faire dans le plus grand secret. Que l’appareil (loin d’être la machine ultralégère d’H.G. Wells) va consommer des mégapaquets de gigawatts (Doc peut bien aller se rhabiller avec ses minuscules 2,21 gigowatts). Qu’Elias ne connaît aucun personnel compétent pour pratiquer un enlèvement discret en décembre 1791. Qu’il ne faut surtout pas créer de paradoxe temporel, sinon tout est fichu, fors l’honneur, mais ça ne compte pas. Qu’il n’était pas prévu que l’épouse et les mômes de Mozart… que… Purée, mais comment Elias compte-t-il réussir ? Si l’envie ne lui manque pas, il ne dispose que d’une équipe de bras cassés – sont doués dans leurs domaines respectifs, mais l’enlèvement au sérail, c’est pas leur truc – ainsi que d’une machine qui… n’a pas encore été créée et dont les plans initiaux n’étaient pas vraiment prévus pour transporter plusieurs Humains si loin dans le temps et les ramener ici.
J’ai, hélas, follement envie de rentrer dans le détail de l’histoire, mais je vais me retenir pour ne point divulgâcher quoi que ce soit de plus.
J’avoue que je me suis un tout petit peu ennuyé au début, non parce que c’est mal écrit, ou parce qu’on aurait pu écourter ou supprimer quoi que ce soit, mais parce qu’il fallait bien parler de ce fichu génie de Mozart et de son œuvre. Oui, sinon ce serait dur de comprendre les tenants, les aboutissants et les chemins de traverse de l’histoire. J’ai même tenté (si, si ! promis, juré, tout ça) d’écouter quelques-uns des morceaux cités, genre la « Sonate pour piano et violon nᵒ 18 en sol majeur K. 301/293ᵃ » dont Elias parle au début du deuxième chapitre.
– Et (voix du chœur) ça a marché ? ...
– Non (réponse du soprano) ! J’ai tenu quarante secondes sur les quinze minutes de sa durée…
Mais revenons plutôt à Wolfgang en chair, en mots et en notes de musique.
Donc passé l’entrée par ce court purgatoire mozartien (vous pourriez bien aimer à l’inverse), dès que le projet se met en place et que la machine à voyager dans le temps de ce cinglé de Janowsky va passer en mode construction, là, tout explose. Vu les contraintes que j’avais sur pas mal de projets, je m’étais fixé de lire ce roman à raison d’un ou deux chapitres par soirée. Tu parles, tiens ! J’ai été emporté, même si j’ai réussi à me limiter à trois, voire quatre chapitres by night. J’attendais les chapitres suivants – comme certains attendent leurs épisodes d’une série télé – avec plaisir et en me demandant quelles avanies ce « tordu et sadique » d’auteur allait faire subir à ses personnages.
De fait, on n’a pas le temps de s’ennuyer tant les twists, surprises et rebondissements sont nombreux. Plus encore, tous les personnages principaux – y compris Mozart et son gamin – gagnent en ampleur et profondeur au fur et à mesure que l’on avance ; je me suis pris à leur « parler », entre autres à Vladimir dont les blagues à deux balles étaient parfois soûlantes, preuve qu’il était bien « vivant ». J’avoue un grand coup de cœur pour Mayssa, l’assistante d’Elias, qui n’a rien d’une beauté de concours, mais qui est quand même la plus censée et la plus humaine du groupe. Même si, Isis m’en soit témoin, elle pète deux fois les plombs.
Si une partie des fils tissés permet de deviner facilement plusieurs pans du final, l’auteur a su garder quelques surprises jusqu’au bout. Et puis j’avais l’impression çà et là, face à cette « machine temporelle » de me retrouver dans un mélange de La machine à voyager dans le temps d’H.G. Wells et de Retour vers le futur de Robert Zemeckis.
Un reproche quand même ? Allez ! Parce qu’on peut toujours en faire. Il y a un point clef de l’histoire et du protocole de cette Opération Mozart qui, de mon point de vue, est dévoilé trop tard. La décision à prendre quant à ce que deviendra Mozart – et donc son avenir ou sa disparition – est primordiale, essentielle, indispensable et conditionne tout le projet. Or elle n’est présentée que parce que Mayssa y contraint finalement Elias à un moment donné et en plein milieu du roman. Trop tardivement de mon point de vue, même si l’auteur justifie correctement ce « retard » d’information.
Ah, je vais ajouter un détail qui m’a fait sourire : il y a un chat dans l’histoire. Si ! Si ! Et, forcément, il se nomme Lubanara, même s’il ne dispose d’aucune pierre philosophale (Der Stein der Weisen oder die Zauberinsel).
Voilà, au final, un livre qui m’a agréablement changé les idées. Moi qui, dans un autrefois encore récent, n’était pas fan des voyages dans le temps au sein des romans (pas de souci dans les BD comme Valérian et Laureline, Les Naufragés du temps, etc. ou dans certains films comme ce fameux Back to the future). Avec cela, les références à Mozart sont bien documentées – mais je n’en doutais pas un seul instant, après avoir été emballé par un chouette ouvrage de Yann Quero : « L’Impératrice secrète du Japon ».
Pourtant, je suis désolé de l’avouer à l’auteur : non, je n’aime pas plus l’œuvre de Mozart qu’auparavant. Ce n’est donc pas lui que je ferais revenir s’il m’en était donné l’occasion. Qui ? Bah, j’ai déjà répondu à cette question, il y a quelques années, au travers d’Importance toute relative.
Pas grave, j’ai aimé l’Opération Mozart. C’est ce qui compte.
Du coup, pourquoi me suis-je donc lancé à prendre en main un bouquin de SF – ou plutôt d’anticipation puisque cela se passe à notre époque – dont l’un des personnages est Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart lui-même ? Évidemment, vous pouvez l’appeler Wolfgang Amadeus, voire Wolfgang dans l’intimité. Ceci dit, la question reste posée…
Sur le principe, la trame de départ est « relativement » simple : Elias Zainoun, trentenaire austro-libanais, est fils du milliardaire libanais Lounis Zainoun et de la mélomane autrichienne Marie-Constance Baertschi. Son père, décédé, lui a transmis sa fortune grâce au groupe Zayn, outre, et surtout, la gestion de la Fondation Zainoun & Baertschi pour la Science et la Musique de Mozart (Olé !). Sa mère, âgée et malade, lui a laissé, elle, la lourde chape d’un amour exclusif et immodéré – irrationnel, dirais-je – non vers lui, mais pour l’unique génie de Mozart et de son œuvre. Mais surtout elle porte le regret que ledit Mozart n’ait pas écrit un opéra tiré de La Tempête, d’après la pièce de Shakespeare, opéra qu’il aurait peut-être commencé, mais dont aucune trace n’a jamais été retrouvée. Ceci est poussé à un tel degré d’obnubilation qu’Elias, en partie rejeté par sa mère, est obsédé lui aussi par ce « rêve maternel ».
Lorsque Janowsky, un drôle de zèbre, se présente à la Fondation avec le projet de créer une machine à voyager dans le temps et contre l’avis de ceux qui lui sont proches, Elias va bondir sur l’occasion et tout faire pour arracher Mozart à son époque afin de le sauver de la mort et de lui permettre de composer cet opéra.
Une opération tout ce qu’il y a de plus facile, n’est-ce pas ? Oui, enfin, notons quand même que tout doit se faire dans le plus grand secret. Que l’appareil (loin d’être la machine ultralégère d’H.G. Wells) va consommer des mégapaquets de gigawatts (Doc peut bien aller se rhabiller avec ses minuscules 2,21 gigowatts). Qu’Elias ne connaît aucun personnel compétent pour pratiquer un enlèvement discret en décembre 1791. Qu’il ne faut surtout pas créer de paradoxe temporel, sinon tout est fichu, fors l’honneur, mais ça ne compte pas. Qu’il n’était pas prévu que l’épouse et les mômes de Mozart… que… Purée, mais comment Elias compte-t-il réussir ? Si l’envie ne lui manque pas, il ne dispose que d’une équipe de bras cassés – sont doués dans leurs domaines respectifs, mais l’enlèvement au sérail, c’est pas leur truc – ainsi que d’une machine qui… n’a pas encore été créée et dont les plans initiaux n’étaient pas vraiment prévus pour transporter plusieurs Humains si loin dans le temps et les ramener ici.
J’ai, hélas, follement envie de rentrer dans le détail de l’histoire, mais je vais me retenir pour ne point divulgâcher quoi que ce soit de plus.
J’avoue que je me suis un tout petit peu ennuyé au début, non parce que c’est mal écrit, ou parce qu’on aurait pu écourter ou supprimer quoi que ce soit, mais parce qu’il fallait bien parler de ce fichu génie de Mozart et de son œuvre. Oui, sinon ce serait dur de comprendre les tenants, les aboutissants et les chemins de traverse de l’histoire. J’ai même tenté (si, si ! promis, juré, tout ça) d’écouter quelques-uns des morceaux cités, genre la « Sonate pour piano et violon nᵒ 18 en sol majeur K. 301/293ᵃ » dont Elias parle au début du deuxième chapitre.
– Et (voix du chœur) ça a marché ? ...
– Non (réponse du soprano) ! J’ai tenu quarante secondes sur les quinze minutes de sa durée…
Mais revenons plutôt à Wolfgang en chair, en mots et en notes de musique.
Donc passé l’entrée par ce court purgatoire mozartien (vous pourriez bien aimer à l’inverse), dès que le projet se met en place et que la machine à voyager dans le temps de ce cinglé de Janowsky va passer en mode construction, là, tout explose. Vu les contraintes que j’avais sur pas mal de projets, je m’étais fixé de lire ce roman à raison d’un ou deux chapitres par soirée. Tu parles, tiens ! J’ai été emporté, même si j’ai réussi à me limiter à trois, voire quatre chapitres by night. J’attendais les chapitres suivants – comme certains attendent leurs épisodes d’une série télé – avec plaisir et en me demandant quelles avanies ce « tordu et sadique » d’auteur allait faire subir à ses personnages.
De fait, on n’a pas le temps de s’ennuyer tant les twists, surprises et rebondissements sont nombreux. Plus encore, tous les personnages principaux – y compris Mozart et son gamin – gagnent en ampleur et profondeur au fur et à mesure que l’on avance ; je me suis pris à leur « parler », entre autres à Vladimir dont les blagues à deux balles étaient parfois soûlantes, preuve qu’il était bien « vivant ». J’avoue un grand coup de cœur pour Mayssa, l’assistante d’Elias, qui n’a rien d’une beauté de concours, mais qui est quand même la plus censée et la plus humaine du groupe. Même si, Isis m’en soit témoin, elle pète deux fois les plombs.
Si une partie des fils tissés permet de deviner facilement plusieurs pans du final, l’auteur a su garder quelques surprises jusqu’au bout. Et puis j’avais l’impression çà et là, face à cette « machine temporelle » de me retrouver dans un mélange de La machine à voyager dans le temps d’H.G. Wells et de Retour vers le futur de Robert Zemeckis.
Un reproche quand même ? Allez ! Parce qu’on peut toujours en faire. Il y a un point clef de l’histoire et du protocole de cette Opération Mozart qui, de mon point de vue, est dévoilé trop tard. La décision à prendre quant à ce que deviendra Mozart – et donc son avenir ou sa disparition – est primordiale, essentielle, indispensable et conditionne tout le projet. Or elle n’est présentée que parce que Mayssa y contraint finalement Elias à un moment donné et en plein milieu du roman. Trop tardivement de mon point de vue, même si l’auteur justifie correctement ce « retard » d’information.
Ah, je vais ajouter un détail qui m’a fait sourire : il y a un chat dans l’histoire. Si ! Si ! Et, forcément, il se nomme Lubanara, même s’il ne dispose d’aucune pierre philosophale (Der Stein der Weisen oder die Zauberinsel).
Voilà, au final, un livre qui m’a agréablement changé les idées. Moi qui, dans un autrefois encore récent, n’était pas fan des voyages dans le temps au sein des romans (pas de souci dans les BD comme Valérian et Laureline, Les Naufragés du temps, etc. ou dans certains films comme ce fameux Back to the future). Avec cela, les références à Mozart sont bien documentées – mais je n’en doutais pas un seul instant, après avoir été emballé par un chouette ouvrage de Yann Quero : « L’Impératrice secrète du Japon ».
Pourtant, je suis désolé de l’avouer à l’auteur : non, je n’aime pas plus l’œuvre de Mozart qu’auparavant. Ce n’est donc pas lui que je ferais revenir s’il m’en était donné l’occasion. Qui ? Bah, j’ai déjà répondu à cette question, il y a quelques années, au travers d’Importance toute relative.
Pas grave, j’ai aimé l’Opération Mozart. C’est ce qui compte.