Ortog et les Ténèbres @ 1969 Fleuve Noir | Illustration de couverture @ Gaston de Sainte-Croix | Scan couverture @ Jean-Michel Archaimbault, collection privée
Illustration et quatrième de couverture
... Sans transition, les nuées se déchirèrent. La Nef et sa nacelle flottaient à présent au coeur d'un néant blême, éclaboussé de lueurs. Des cent points cardinaux vint une pulsation géante au bord de l'insoutenable, comme d'un lourd martèlement sur des enclumes de chair. Et dans les lointains violacés tremblèrent de faux jours, des menaces de lumières vagues aussitôt disparues. Qu'était-ce que cette muraille formidable ? Le Chevalier assujettit sur son épaule la courroie du bouclier, comme on s'enveloppe d'un vêtement au sein de la tempête. II reconnaissait la marque de ces Titans du vide, qui maçonnaient des remparts infinis pour isoler les mondes...
Fiche de lecture
Vous aurez bientôt onze ans. Un secteur de votre mémoire conserve les impressions et les souvenirs procurés par une petite cinquantaine de romans d'Anticipation. Quelques semaines plus tôt, sur l'affichette présentant les publications Fleuve Noir pour le mois de février 1969, vous avez repéré une couverture à l'illustration très différente de celles que vous connaissez déjà, pour un titre chargé de mystère signé par un auteur au nom énigmatique. En deux ans et demi, vous ne l'avez vu apparaître qu'une fois sur un livre que vous n'avez pas réussi à lire car, à pas tout à fait neuf ans, vous étiez encore trop jeune.
Vous voici donc à attendre avec fébrilité l'arrivée de l'office Hachette au magasin de votre grand-père. Puis vous vous précipitez sur le carton dès qu'il est là et, enfin, vous tenez entre vos mains "Ortog et les ténèbres".
L'image est fascinante, mais que dire du texte de quatrième de couverture ? C'est du jamais lu, du jamais vu ! De saisissantes images naissent sur votre écran intérieur, le rêve et le voyage ont commencé... Vous n'en reviendrez jamais complètement, ni de ce choc initial, ni de la première lecture du roman dont, c'est évident, vous ne saisirez pas dès lors tout le sens, le romantisme désespéré, la richesse de style, les fulgurances, les arrière-plans philosophiques, métaphysiques et les perspectives multidimensionnelles.
Vous le relirez maintes fois au cours de votre vie, toujours sidéré de le redécouvrir, d'y trouver des choses que vous n'aviez pas encore vues, de sentir les mots et les phrases résonner avec de nouvelles musiques (au-delà du premier mouvement de la "Sonate au clair de lune", de Beethoven, à laquelle vous aurez très vite associé les premières pages du livre), de nouvelles expériences personnelles, d'approfondir votre perception des images, des personnages, de leur parcours et de leurs sentiments. Et vous tisserez peu à peu des échos avec d'autres œuvres littéraires, des mythes et des légendes, des cercles de l'Enfer de Dante à la quête d'Orphée.
Vous rendrez hommage à ce texte (ainsi qu'au premier volet, plus ancien, de la geste d'Ortog que vous lirez bien plus tard) dans votre premier roman que vous dédierez à Monsieur Steiner-Ruellan, cela va de soi. Vous rêverez d'écrire une suite au drame vécu par le héros, mais cinquante-quatre ans après votre découverte de ce chef-d'œuvre, vous n'aurez toujours pas osé vous aventurer "Aux larmes d'Ortog". Un jour peut-être, ici ou ailleurs, le moment viendra.
N'oubliez pas, "la mort est une virgule qui coupe l'éternité".
Vous voici donc à attendre avec fébrilité l'arrivée de l'office Hachette au magasin de votre grand-père. Puis vous vous précipitez sur le carton dès qu'il est là et, enfin, vous tenez entre vos mains "Ortog et les ténèbres".
L'image est fascinante, mais que dire du texte de quatrième de couverture ? C'est du jamais lu, du jamais vu ! De saisissantes images naissent sur votre écran intérieur, le rêve et le voyage ont commencé... Vous n'en reviendrez jamais complètement, ni de ce choc initial, ni de la première lecture du roman dont, c'est évident, vous ne saisirez pas dès lors tout le sens, le romantisme désespéré, la richesse de style, les fulgurances, les arrière-plans philosophiques, métaphysiques et les perspectives multidimensionnelles.
Vous le relirez maintes fois au cours de votre vie, toujours sidéré de le redécouvrir, d'y trouver des choses que vous n'aviez pas encore vues, de sentir les mots et les phrases résonner avec de nouvelles musiques (au-delà du premier mouvement de la "Sonate au clair de lune", de Beethoven, à laquelle vous aurez très vite associé les premières pages du livre), de nouvelles expériences personnelles, d'approfondir votre perception des images, des personnages, de leur parcours et de leurs sentiments. Et vous tisserez peu à peu des échos avec d'autres œuvres littéraires, des mythes et des légendes, des cercles de l'Enfer de Dante à la quête d'Orphée.
Vous rendrez hommage à ce texte (ainsi qu'au premier volet, plus ancien, de la geste d'Ortog que vous lirez bien plus tard) dans votre premier roman que vous dédierez à Monsieur Steiner-Ruellan, cela va de soi. Vous rêverez d'écrire une suite au drame vécu par le héros, mais cinquante-quatre ans après votre découverte de ce chef-d'œuvre, vous n'aurez toujours pas osé vous aventurer "Aux larmes d'Ortog". Un jour peut-être, ici ou ailleurs, le moment viendra.
N'oubliez pas, "la mort est une virgule qui coupe l'éternité".