Phare 23 | Beacon 23 | Hugh Howey | 2015

Par | 07/03/2023 | Lu 587 fois




Illustration et quatrième de couverture

Pendant des siècles, les gardiens de phare ont assuré la sécurité des bateaux. C’est un boulot solitaire et bien souvent ingrat, où l'ennui s'avère parfois plus difficile à endurer que l'instabilité des événements. Jusqu’à ce que quelque chose se passe. Qu’un bateau soit en détresse...

Au XXIIIe siècle, on pratique toujours ce métier, mais dans l’espace. Un réseau de phares guide dans la Voie lactée des vaisseaux qui voyagent à plusieurs fois la vitesse de la lumière. Ces engins ont été conçus pour être d’une solidité à toute épreuve. Ils ne connaissent jamais d’avaries. En théorie du moins...

Après la trilogie
 Silo , Hugh Howey revient avec un roman au suspense haletant. Dans un monde en proie aux aliens et à la guerre interstellaire, il met en scène le destin d’un homme rongé par un mal tout aussi redoutable : l’infinie solitude des confins de l’espace.

Fiche de lecture

Un roman court, des chapitres brefs, et des situations qui s’enchaînent assez rapidement. On peut reprocher au récit que le gardien de phare solitaire se trouve quand même assez souvent visité, je dirais même qu’il voit plus de monde aux confins de la Galaxie que moi dans mon exil normand. Finalement, la solitude n’est pas tout à fait le sujet du roman. C’est plutôt comment une gueule cassée, planquée le plus loin possible des hommes, gère le retour de flamme.
 
Parce que le narrateur est un héros de guerre, façon Ender, qui ne supporte pas les choix qu’il a dû faire lors du dernier grand conflit entre les humains et les Ryphs. Pour ceux qui en auraient encore besoin, c’est un bon rappel qu’une guerre ne finit jamais bien, qu’il n’y a pas des méchants d’un côté et des gentils de l’autre, que ça corrompt n’importe quelle âme et qu’on fera forcément quelque chose de dégueulasse à un moment ou à un autre.
 
J’ai aimé les allusions perlées, tout au long du récit, aux aventures maritimes, que ce soit le phare ou les naufrageurs, les pirates, etc. Après quelques recherches, j’ai retrouvé la photo dont parle le narrateur, qu’il regarde si souvent quand il est seul : il semblerait que ce soit le phare de la Jument, à Ouessant. 

Le rapport aux aliens est assez naturel, c’est appréciable également que l’auteur nous fasse grâce d’une étude entomologique et culturelle complète de toutes les races qu’on pourrait croiser. Il y a malgré tout Cricket, une sorte d’hybride panthère-doberman-marsupilami, que le narrateur se traîne comme un caniche. C’est mignon, ça illustre qu’on est quand même dans une histoire mignonne. Les sentiments et les situations sont souvent assez édulcorés.
 
L’ayant lu dans une phase assez compliquée, forcément j’ai aimé lire des trucs comme « j’ai envie de me raccrocher à quelque chose de beau, de le serrer contre moi en pleurant, de l’étouffer sous mon affection pour que, peut-être, il ne m’abandonne jamais », ou encore : « doit-on blesser ceux qu’on aime pour les garder près de soi ? » Rétrospectivement, je reconnais que c’est cucul, que finalement c’est une histoire d’amour, mais c’est ce qui m’a fait enchaîner chacun des chapitres, sans m’en rendre compte.
Phare de la Jument et le gardien Théodore Malgorn, Ouessant | Photo @ 1989 Jean Guichard https://www.jean-guichard.com/bienvenue-sur-le-site-officiel-de-jean-guichard

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