Illustration et quatrième de couverture
Bienvenue à Quality Land, le pays de tous les superlatifs !
Tu vibres déjà ? Il y a de quoi ! Dans le futur, tout fonctionne à merveille : les algorithmes se chargent d’optimiser le travail, les loisirs et les relations. Quality Partner sait qui te correspond le mieux. Ton véhicule autonome sait où tu veux aller. Et si tu es inscrit sur The Shop, on t’envoie tous les articles que tu désires sans que tu aies besoin de les commander. Super pratique ! Plus personne n’est obligé de prendre des décisions difficiles – car à Quality Land, il n’y a qu’une seule réponse à toutes les questions : OK !
Pourtant, Peter Chômeur est taraudé par l’impression que quelque chose cloche dans sa vie. Si le système est vraiment si parfait, pourquoi trouve-t-on des drones ayant le mal de l’air ou des robots de combat souffrant de stress post- traumatique ? Pourquoi les machines sont-elles de plus en plus humaines et les humains, de plus en plus mécaniques ?
Dystopie réjouissante dans la veine de Kurt Vonnegut et Philip K. Dick, satire drôlissime – et un tout petit peu inquiétante – sur les promesses et les pièges du numérique, Quality Land a déjà conquis plus d’un million de lecteurs à travers le monde.
Tu vibres déjà ? Il y a de quoi ! Dans le futur, tout fonctionne à merveille : les algorithmes se chargent d’optimiser le travail, les loisirs et les relations. Quality Partner sait qui te correspond le mieux. Ton véhicule autonome sait où tu veux aller. Et si tu es inscrit sur The Shop, on t’envoie tous les articles que tu désires sans que tu aies besoin de les commander. Super pratique ! Plus personne n’est obligé de prendre des décisions difficiles – car à Quality Land, il n’y a qu’une seule réponse à toutes les questions : OK !
Pourtant, Peter Chômeur est taraudé par l’impression que quelque chose cloche dans sa vie. Si le système est vraiment si parfait, pourquoi trouve-t-on des drones ayant le mal de l’air ou des robots de combat souffrant de stress post- traumatique ? Pourquoi les machines sont-elles de plus en plus humaines et les humains, de plus en plus mécaniques ?
Dystopie réjouissante dans la veine de Kurt Vonnegut et Philip K. Dick, satire drôlissime – et un tout petit peu inquiétante – sur les promesses et les pièges du numérique, Quality Land a déjà conquis plus d’un million de lecteurs à travers le monde.
Fiche de lecture
Un grand cru burlesque que ce roman SF allemand, Quality Land !
Bienvenue au Pays de la Qualité, où tout va pour le mieux, puisque l’IA ne commet jamais d’erreur. Dès les premières pages, vous êtes accueilli par une notice qui vous met au parfum à propos de ce monde forcément merveilleux, tourné vers le progrès sans limite. Par la suite, (comme dans le roman La grande Porte, de Frederik Pohl), des insertions multiples sur pages noires, articles ou publicités farfelues vous baignent aux embouchures de l’absurde, tel : « Vous avez un problème ? On peut vous aider. » L’espèce d’appli fictive s’intitule : « Crime as a service ».
Nous visitons donc le meilleur des mondes. Rien à voir avec certaines contrées voisines, comme Quantity Land 5, où l’on interdit bêtement tout ce qui est jugé stupide : défilé de carnaval, chauffage en terrasse, religion, tri de déchets, critique du gouvernement.
Dans le beau monde futuriste de Quality Land, chaque humain est classé par une cote de niveau, laquelle varie selon le succès ou l’infortune. Ce niveau plus les données sur ses goûts et ses besoins confinent tout citoyen dans sa bulle parfaite, en harmonie avec son identité web, si bien que chacun désire ce qu’il a déjà désiré et côtoie qui pense, aime ou déteste comme lui.
On vous livre un bien avant que vous ne l’ayez demandé ? Ne vous en étonnez pas. Quelle prévention ! Et quelle justesse : les algorithmes ne peuvent se tromper. Donc vous êtes comblé, comme tous les habitants de ce paradis. Difficile de rêver mieux : vous êtes au sommet de l’utopie. Voyez plutôt cette femme qui regarde sa série préférée (sélectionnée sur mesure) ; une actrice y porte un chemisier des plus ravissants. Facile, hop ! par télécommande vocale elle achète le même modèle à sa taille. Livraison rapide. Ou bien, sur demande, une voiture autoguidée entretient la conversation avec son passager, en mode humour si souhaité, sur un fond musical de son choix. En cas d’accident imminent, le véhicule calcule l’impact le plus moral (percuter un groupe d’enfants ou un entrepreneur indispensable). Grâce à la génétique statistique, le gynécologue est en mesure d’énumérer à la future mère les problèmes qui s’abattront sur sa progéniture. Le docteur pourra du reste donner le profil psychologique du fœtus, la nature de sa carrière, ses dons et ses tares. Ainsi, chaque existence est tracée à l’avance par de savantes anticipations.
Dans ce monde magique, les machines intelligentes construisent des machines encore plus intelligentes qu’elles. Et ainsi de suite. Sans compter que chaque génération d’engins s’auto-améliore… De tels automates évolués s’affirmeront supérieurs aux meilleurs architectes, aux meilleurs poètes, aux meilleurs médecins. Omniscients, tout-puissants, ces super-intelligences finiront par devenir Dieu en personne.
Sauf que, tout de même, cet Éden comporte une double faille.
La première, c’est le problème de Peter. De niveau inférieur, Peter s’intègre mal au système de Quality Land. Déjà, il vit mal les rencontres érotiques qui nécessitent comme paperasse un contrat de consentement mutuel. De métier, notre homme est ferrailleur, chargé de compresser en cube les robots défectueux ou obsolètes. Mais apitoyé par certains d’entre eux, il leur accorde un sursis illimité dans sa cave, si bien qu’il s’entoure d’une bande de joyeux drilles. Cependant, le plus gros souci de Peter, c’est qu’il se plaint de son profil pétrifié par les algorithmes. Il estime que ce profil officiel ne correspond pas du tout à son identité. Ainsi, il ne comprend pas pourquoi on lui a livré un dauphin rose vibro-masseur.
La seconde faille, ce sont les activistes briseurs de machines. Cette imperfection dans Quality Land se révélera gravissime au sommet de la hiérarchie sociale, quand, universellement sali par une vidéo qui le trahit dans une posture sexuelle ridicule, l’un des pontes du pays se mue en terroriste. Il fera exploser d’une bombe vengeresse le nouveau président de Quality Land, un bel androïde si prometteur.
Un grand merci à Jean-François Thomas qui, grâce à son article dans Galaxies SF (no 74), m’a fait découvrir cet écrivain original et talentueux.
Bienvenue au Pays de la Qualité, où tout va pour le mieux, puisque l’IA ne commet jamais d’erreur. Dès les premières pages, vous êtes accueilli par une notice qui vous met au parfum à propos de ce monde forcément merveilleux, tourné vers le progrès sans limite. Par la suite, (comme dans le roman La grande Porte, de Frederik Pohl), des insertions multiples sur pages noires, articles ou publicités farfelues vous baignent aux embouchures de l’absurde, tel : « Vous avez un problème ? On peut vous aider. » L’espèce d’appli fictive s’intitule : « Crime as a service ».
Nous visitons donc le meilleur des mondes. Rien à voir avec certaines contrées voisines, comme Quantity Land 5, où l’on interdit bêtement tout ce qui est jugé stupide : défilé de carnaval, chauffage en terrasse, religion, tri de déchets, critique du gouvernement.
Dans le beau monde futuriste de Quality Land, chaque humain est classé par une cote de niveau, laquelle varie selon le succès ou l’infortune. Ce niveau plus les données sur ses goûts et ses besoins confinent tout citoyen dans sa bulle parfaite, en harmonie avec son identité web, si bien que chacun désire ce qu’il a déjà désiré et côtoie qui pense, aime ou déteste comme lui.
On vous livre un bien avant que vous ne l’ayez demandé ? Ne vous en étonnez pas. Quelle prévention ! Et quelle justesse : les algorithmes ne peuvent se tromper. Donc vous êtes comblé, comme tous les habitants de ce paradis. Difficile de rêver mieux : vous êtes au sommet de l’utopie. Voyez plutôt cette femme qui regarde sa série préférée (sélectionnée sur mesure) ; une actrice y porte un chemisier des plus ravissants. Facile, hop ! par télécommande vocale elle achète le même modèle à sa taille. Livraison rapide. Ou bien, sur demande, une voiture autoguidée entretient la conversation avec son passager, en mode humour si souhaité, sur un fond musical de son choix. En cas d’accident imminent, le véhicule calcule l’impact le plus moral (percuter un groupe d’enfants ou un entrepreneur indispensable). Grâce à la génétique statistique, le gynécologue est en mesure d’énumérer à la future mère les problèmes qui s’abattront sur sa progéniture. Le docteur pourra du reste donner le profil psychologique du fœtus, la nature de sa carrière, ses dons et ses tares. Ainsi, chaque existence est tracée à l’avance par de savantes anticipations.
Dans ce monde magique, les machines intelligentes construisent des machines encore plus intelligentes qu’elles. Et ainsi de suite. Sans compter que chaque génération d’engins s’auto-améliore… De tels automates évolués s’affirmeront supérieurs aux meilleurs architectes, aux meilleurs poètes, aux meilleurs médecins. Omniscients, tout-puissants, ces super-intelligences finiront par devenir Dieu en personne.
Sauf que, tout de même, cet Éden comporte une double faille.
La première, c’est le problème de Peter. De niveau inférieur, Peter s’intègre mal au système de Quality Land. Déjà, il vit mal les rencontres érotiques qui nécessitent comme paperasse un contrat de consentement mutuel. De métier, notre homme est ferrailleur, chargé de compresser en cube les robots défectueux ou obsolètes. Mais apitoyé par certains d’entre eux, il leur accorde un sursis illimité dans sa cave, si bien qu’il s’entoure d’une bande de joyeux drilles. Cependant, le plus gros souci de Peter, c’est qu’il se plaint de son profil pétrifié par les algorithmes. Il estime que ce profil officiel ne correspond pas du tout à son identité. Ainsi, il ne comprend pas pourquoi on lui a livré un dauphin rose vibro-masseur.
La seconde faille, ce sont les activistes briseurs de machines. Cette imperfection dans Quality Land se révélera gravissime au sommet de la hiérarchie sociale, quand, universellement sali par une vidéo qui le trahit dans une posture sexuelle ridicule, l’un des pontes du pays se mue en terroriste. Il fera exploser d’une bombe vengeresse le nouveau président de Quality Land, un bel androïde si prometteur.
Un grand merci à Jean-François Thomas qui, grâce à son article dans Galaxies SF (no 74), m’a fait découvrir cet écrivain original et talentueux.