Retour sur Belzagor T1 @ 2017 Les Humanoïdes Associés
Ancienne colonie, la planète Belzagor a été rendue à ses deux espèces intelligentes. Des scientifiques décident d'assister à leur rituel secret, la cérémonie de la renaissance...
L'ex-lieutenant Eddie Gundersen revient sur Belzagor où il a laissé naguère ses illusions de jeunesse, la femme de sa vie et un passé honteux de colonisateur. Aujourd'hui la planète a été rendue à ses deux espèces intelligentes : les Nildoror et les Sulidoror. Endossant le rôle de guide d'une expédition scientifique aux confins des terres indigènes, Gundersen va se confronter à ses démons et régler ses comptes avec une planète qui ne lui avait pas livré tous ses secrets.
L'ex-lieutenant Eddie Gundersen revient sur Belzagor où il a laissé naguère ses illusions de jeunesse, la femme de sa vie et un passé honteux de colonisateur. Aujourd'hui la planète a été rendue à ses deux espèces intelligentes : les Nildoror et les Sulidoror. Endossant le rôle de guide d'une expédition scientifique aux confins des terres indigènes, Gundersen va se confronter à ses démons et régler ses comptes avec une planète qui ne lui avait pas livré tous ses secrets.
Retour sur Belzagor, l'intégrale @ 2019 Les Humanoïdes Associés
Fiche de lecture
Adapter en BD un roman tel que Les Profondeurs de la Terre est une entreprise aussi hardie que bienvenue. Relevant ce défi, Philippe Thirault et Laura Zuccheri réussissent à nous plonger dans l'univers de Robert Silverberg.
De tous les auteurs de science-fiction, Bob Silverberg est probablement le plus sensible à une forme de mysticisme. On peut le constater dans « Le Fils de l’Homme », Le livre des crânes, L’oreille interne ou « La Tour de verre » livres dans lesquels se conjuguent de multiples quêtes : celles du pouvoir temporel et le l'espérance, du salut de l’âme et de son accomplissement.
Cette dimension spirituelle imprègne « Les Profondeurs de la Terre » adapté ici sous le titre « Retour sur Belzagor » par le duo Laura Zuccheri au pinceau et Philippe Thirault au stylo. Dans un futur lointain, dans lequel la Terre a renoué avec ses vieux démons en faisant d’autres mondes ses colonies, les terriens se livrent à l'exploitation des ressources à leur portée sous les couleurs de protectorats. L’Histoire se répétant, une phase de décolonisation finit par s’enclencher et c’est à cette période que se situe l’action. Celle-ci a pour cadre la Terre de Holman, baptisée Belzagor par ses autochtones. Le personnage central de l'histoire, Edmund Gundersen, a travaillé jadis sur ce monde, sous les couleurs d’une compagnie dont l’objet consistait à recueillir le venin de serpents locaux aux propriétés régénératrices.
La Terre de Holman abrite deux populations indigènes intelligentes – les Nildorors proches des éléphants – et les Sulidorors, sortes de grands gorilles. Or Gundersen revient sur le sol qu’il a quitté des années plus tôt, possédé par une obsession faite de nostalgie du passé et d’aspiration informulée à un repentir. Il a jadis commis quelques fautes sur Belzagor – sans doute mineures au regard des excès de la colonisation, mais qui, transposées dans le contexte très particulier de ce monde, prennent une tournure conséquente. Il revient donc sur le théâtre de sa jeunesse au milieu d’un groupe de scientifiques (des touristes dans le livre original) et découvre une planète devenue indépendante, aux installations à la dérive, tenues par une poignée de terriens restés sur place. Gundersen s’apercevra vite qu’il n’a pas été oublié, ni par ses compatriotes, ni par les indigènes. Il va peu à peu s’engager sur la voie de la rédemption, s’éloignant de l’état d’esprit des humains à l’égard des Nildorors, qu’il partagea jadis en ne voyant en eux que des animaux à peine évolués. Silverberg braque un puissant projecteur sur les profondeurs de l’âme humaine, ses démons et ses peurs. Il met en lumière notre solitude, notre égocentrisme, notre mépris à l'égard d'une intelligence étrangère.
Cette approche philosophique est évidemment très difficile à restituer en images, et il faudra attendre le second volet de l'histoire pour savoir si nos auteurs ont su s'élever à la hauteur voulue pour entraîner le lecteur dans l'accomplissement de la Renaissance.
En effet, sur Belzagor, l’évolution a emprunté une direction qui échappe complètement aux terriens imbus de leur apparente supériorité, alors qu’ils ne suscitent que pitié et compassion de la part des Nildorors et des Sulidorors. Confronté à son passé, tenaillé par un remord qui prendra le pas sur sa fierté et son arrogance, Gundersen suivra le chemin de la Renaissance dans le prochain opus, acte qui transcende les natifs de la Terre de Holman et quelquefois des hommes. Il y trouvera sa Vérité, car, à l’instar de son ancien complice Kurtz auquel les auteurs ont prêté les traits de Robert Silverberg, selon qu’il se sera ou non purifié au cours de son pèlerinage, il deviendra un être nouveau, ange ou démon.
Messianisme, révélation, une vraie religiosité se dégage des pages du roman, tout entier tourné vers la rédemption. Ce sentiment est plutôt absent dans ce premier album et sans doute apparaîtra-t-il dans le prochain. Le trait de Laura Zuccheri est fin, détaillé, bien mis en valeur par Silvia Fabris, grande prêtresse des couleurs. La Terre de Holman est évoquée avec talent et le lecteur a vraiment l'impression d'en être un observateur invisible.
Lien utile :
👉 Accueil (humano.com)
De tous les auteurs de science-fiction, Bob Silverberg est probablement le plus sensible à une forme de mysticisme. On peut le constater dans « Le Fils de l’Homme », Le livre des crânes, L’oreille interne ou « La Tour de verre » livres dans lesquels se conjuguent de multiples quêtes : celles du pouvoir temporel et le l'espérance, du salut de l’âme et de son accomplissement.
Cette dimension spirituelle imprègne « Les Profondeurs de la Terre » adapté ici sous le titre « Retour sur Belzagor » par le duo Laura Zuccheri au pinceau et Philippe Thirault au stylo. Dans un futur lointain, dans lequel la Terre a renoué avec ses vieux démons en faisant d’autres mondes ses colonies, les terriens se livrent à l'exploitation des ressources à leur portée sous les couleurs de protectorats. L’Histoire se répétant, une phase de décolonisation finit par s’enclencher et c’est à cette période que se situe l’action. Celle-ci a pour cadre la Terre de Holman, baptisée Belzagor par ses autochtones. Le personnage central de l'histoire, Edmund Gundersen, a travaillé jadis sur ce monde, sous les couleurs d’une compagnie dont l’objet consistait à recueillir le venin de serpents locaux aux propriétés régénératrices.
La Terre de Holman abrite deux populations indigènes intelligentes – les Nildorors proches des éléphants – et les Sulidorors, sortes de grands gorilles. Or Gundersen revient sur le sol qu’il a quitté des années plus tôt, possédé par une obsession faite de nostalgie du passé et d’aspiration informulée à un repentir. Il a jadis commis quelques fautes sur Belzagor – sans doute mineures au regard des excès de la colonisation, mais qui, transposées dans le contexte très particulier de ce monde, prennent une tournure conséquente. Il revient donc sur le théâtre de sa jeunesse au milieu d’un groupe de scientifiques (des touristes dans le livre original) et découvre une planète devenue indépendante, aux installations à la dérive, tenues par une poignée de terriens restés sur place. Gundersen s’apercevra vite qu’il n’a pas été oublié, ni par ses compatriotes, ni par les indigènes. Il va peu à peu s’engager sur la voie de la rédemption, s’éloignant de l’état d’esprit des humains à l’égard des Nildorors, qu’il partagea jadis en ne voyant en eux que des animaux à peine évolués. Silverberg braque un puissant projecteur sur les profondeurs de l’âme humaine, ses démons et ses peurs. Il met en lumière notre solitude, notre égocentrisme, notre mépris à l'égard d'une intelligence étrangère.
Cette approche philosophique est évidemment très difficile à restituer en images, et il faudra attendre le second volet de l'histoire pour savoir si nos auteurs ont su s'élever à la hauteur voulue pour entraîner le lecteur dans l'accomplissement de la Renaissance.
En effet, sur Belzagor, l’évolution a emprunté une direction qui échappe complètement aux terriens imbus de leur apparente supériorité, alors qu’ils ne suscitent que pitié et compassion de la part des Nildorors et des Sulidorors. Confronté à son passé, tenaillé par un remord qui prendra le pas sur sa fierté et son arrogance, Gundersen suivra le chemin de la Renaissance dans le prochain opus, acte qui transcende les natifs de la Terre de Holman et quelquefois des hommes. Il y trouvera sa Vérité, car, à l’instar de son ancien complice Kurtz auquel les auteurs ont prêté les traits de Robert Silverberg, selon qu’il se sera ou non purifié au cours de son pèlerinage, il deviendra un être nouveau, ange ou démon.
Messianisme, révélation, une vraie religiosité se dégage des pages du roman, tout entier tourné vers la rédemption. Ce sentiment est plutôt absent dans ce premier album et sans doute apparaîtra-t-il dans le prochain. Le trait de Laura Zuccheri est fin, détaillé, bien mis en valeur par Silvia Fabris, grande prêtresse des couleurs. La Terre de Holman est évoquée avec talent et le lecteur a vraiment l'impression d'en être un observateur invisible.
Lien utile :
👉 Accueil (humano.com)