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Rock Machine | Little heroes | Norman Spinrad | 1987

Par | 11/11/2011 | Lu 789 fois




Dans l'univers virtuel, pourquoi se priver de créer des vedettes synthétiques quand on est MUZIK, la mégasociété du showbiz, autant dire le diable ? Avec l'aide de Glorianna O'Toole, la Grand-Mère Terrible du Rock'n Roll, rescapée de l'Âge d'Or, de Bobby Rubin, génie du synthétiseur d'images, et de Sally Gennaro, une oreille d'or. Seulement voila, Cyborg Sally, la vamp électronique, ne retournerait jamais dans les coulisses. Elle allait faire la révolution, et pas seulement celle de la musique...

Fiche de lecture

Dans une société du début de XXI siècle, rongée par une importante crise financière (tiens tiens, on ne se sent pas dépaysés !), le bas peuple se bat pour survivre, alors que les nantis protégés de leurs vigiles mènent la grande vie. Dans un New-York assez trash, les quartiers chics, les boutiques de luxe, les tours de lumières voisinent avec les ghettos, les sans-abris, la soupe populaire, les cramés du câble, les boites de nuit sordides ou les sniffeurs de poudre synthétique disputent aux rats un morceau de piste de danse. Et dans cet univers glauque, il y a la société Muzik ! Muzik qui crée à tour de bras des PA (personnalités artificielles) qui vendent des millions de disques de hits musicaux formatés, étudiés pour plaire au peuple, et vendre, vendre toujours plus... Mais voila, un moment, les ventes retombent, alors le PDG de Muzik fait appel en désespoir de cause, à la Grand Mère Terrible du Rock'n Roll ; Glorianna O'Toole, qui fut une rock star dans sa jeunesse. Sa mission, insuffler à nouveau l'esprit du rock'n roll dans des stars créées au départ de bits, d'octets et d'algorithmes... On lui adjoindra Bobby Rubin (un génie des magiciels), et Sally Gennaro (une oreille absolue, et musicienne de talent). Ajoutons à cela, le Front de Libération de la Réalité, et ses vendeurs de virus informatiques destinés à déstabiliser l'édifice financier américain, et la fine équipe du Slimy's Mary, Paco et Dojo en tête, et une bande de révolutionnaires entendant bien démontrer au peuple comme il se fait berner en long, en large et en travers... Une révolution aux accents de rock'n roll...

759 pages de pur bonheur.

Une histoire admirablement ficelée, tout en finesse, écrite en 1987 par un Spinrad visionnaire. Tout y passe ; la science et la création informatique, la parodie du star-system et ses excès (il y a quelques scènes qui se passent dans la jet-set showbiz' de L.A. et de N.Y.C., et c'est pas piqué des hannetons !!), le formatage de hits et de stars qui vont avec (style Star Ac' et ce genre de daubes), les ravages de la dope avec un concept nouveau "le câble" et ses "cramés du câble", le piratage informatique, le trafic de virus informatiques, et une bonne révolution médiatique en mijotage...

Les personnages sont tous extraordinaires, à leurs manières, les petits héros de leur histoire...

Glorianna O'Toole ; la vieille rockeuse sur le retour. Bobby Rubin ; le tâcheron informatique qui rêve aux bombas jet-set. Sally Gennaro (la Pustule) ; musicienne de talent, mais affublée d'un physique ingrat. Paco Monaco ; le looser portoricain, videur du "Slimy's Mary" (traduction "Marie la baveuse"), la boite de nuit la plus sordide et glauque que la Grosse Pomme ait porté dans cette fiction. Dojo, le gros balaise nègre au grand coeur, patron du "Slimy's Mary. Karen Gold, la jolie blonde un peu paumée qui fourgue des virus informatiques à des clients bien en fonds du "Rêve Américain", une boite de nuit officielle de la société Muzik. Larry "Markowitsz" Coopersfield et tout ses gars et filles du Front de Libération de la Réalité. Et n'oublions pas tous les personnages d'arrière-plan, comme les nombreux PDG de Muzik (on ne reste pas longtemps sur le siège du PDG quand baissent les ventes...), les videurs, les vidés, les vigiles, les taximen et les réceptionnistes, et les fans de Red Jack et de Cyber Sally... Les références à la culture musicale anglo-saxonne des années '60 et '70 sont légions. Mr Spinrad en connait un brin à ce sujet visiblement, peut-être même plus que moi (sans me vanter, ce n’est pas moi qui le dit, un ami a un jour qualifié ma connaissance de la musique anglo-saxonne de "encyclopédique"). Les personnages sont attachants, parfois tendres, et souvent drôles. Il y a quelques passages sexe qui ne sont pas tristes du tout. Accord parental souhaité. Sex, drugs and rock'n roll !! Une parodie de société terriblement réaliste, qui donne à réfléchir, mais qui reste des plus agréable à la lecture, de par son cynisme, son humour, sa tendresse, son originalité, ses rebondissements, et toutes les frasques de ses nombreux acteurs...

Un extraordinaire conte moderne résonnant au rythme et au son du rock'n roll éternel !!!

The king is gone, but not forgotten
This is the story of a Johnny rotten
It's better to burn out than it is to rust
The king is gone but not forgotten

Hey hey my my
Rock and roll can never die
There's more to the picture
Than meets the eye.

Neil Young "My my, hey hey (out of the blue), sur le plus que génial album "Rust never sleeps", sorti en 1979 sur le label Reprise Records (Warner Bros.)

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