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Stryges | Philippe Lemaire | 2018

Par | 30/09/2020 | Lu 433 fois




Illustration et quatrième de couverture

Gêné par son embonpoint, le Directeur dut modifier sa position sur le siège pour parvenir à tendre une feuille pliée en trois qu’il venait d’extraire de la poche intérieure de sa veste. Sans lui accorder le moindre regard, Gwladys se saisit du morceau de papier tendu et prit rapidement connaissance du contenu relativement bref. Rédigé par les services de la Direction Financière, le pli stipulait que dorénavant, l’entreprise exigerait de ses clients le paiement comptant des frais d’obsèques afin d’éradiquer définitivement les conséquences désastreuses des trop nombreux impayés. Lucie ne put retenir un sourire blasé en rendant la lettre au gros homme.

Elles sont vraiment curieuses ces pierres pouquelées de Vauville. Rien de tel que cette lande sauvage en bord de mer pour oublier les frasques de ce fichu Directeur d’agence, mais quel endroit étrange quand même. C’est incroyable qu’un si vieux dolmen puisse receler autant d’énergie. A croire qu’il est hanté !

 « Le pays sis par delà la forêt est tout.
C’est le pays de l’ours comme c’est celui du loup,
Cette terre maudite où est ensevelie la goule.
La reine rouge grâce à qui le sang des humains coule,
Pour réchauffer les veines glacées de Lil Itu. »

Fiche de lecture

Gwladys travaille dans une entreprise de pompes funèbres sous le joug d’un directeur véreux, autoritaire et à ses yeux, dégoûtant. Afin de régler les modalités d’un contrat d’obsèques, elle se rend à Vauville chez Madame Lebarbanchon où elle découvre une amulette ancestrale posée sur sa cheminée. La vieille dame lui donne quelques explications et lui parle des pierres pouquelées de Vauville.
 
Plus tard, à la suite d’une confrontation avec son détestable directeur, la jeune femme part en voiture se changer les idées et se rend à ces fameux petits dolmens sur les hauteurs de Vauville. Dès l’approche de ces petits monticules de pierres, une voix, un esprit en détresse, entre en contact avec elle. Une lourde décision est demandée à Gwladys par cet esprit intrigant et la jeune dame accepte après plusieurs hésitations. S’en suit aussitôt un voyage temporel de 3000 ans en arrière et l’aventure commence…

Première petite appréhension :

Pour des raisons personnelles et assez lointaines, je suis en général assez réticent aux histoires d’esprits. Je regarde d’ailleurs ce genre de film avec passablement de « distance ».

Je commence donc ma lecture et m’aperçois dès les premières lignes que l’on est dans l’univers d’une société de pompes funèbres – qui n’est forcément pas un sujet très attirant - et que l’on en vient en plus - et assez rapidement - à l’arrivée de cet esprit intrigant parlant à cette charmante et volontaire dame qu’est Gwladys. Déjà au premier jet de lecture, je me demande dans quoi je me suis lancé ; seulement voilà, ces petits dolmens de pierres sont bien curieux…

Deuxième petite appréhension :

Le thème de la réincarnation est également évoqué aussitôt. On peut alors dire que l’auteur ne chipote pas et plonge ses lecteurs précisément dans le contexte par les explications de cet esprit perdu dans les méandres d’un entre-deux mondes. Non pas l’entre-deux mondes entre vie et mort, mais plutôt entre vie et vies suivantes.

Ayant des idées bien personnelles sur le sujet et la croyance, je me suis une nouvelle fois demandé dans quelle lecture je m’étais lancé. Seulement voilà encore, Gwladys accepte de faire cet intrigant voyage temporel pour aider cet intrigant esprit…

Un voyage surprenant :

« … bien avant que les Romains ne soient venus instaurer un semblant de civilisation. »
 
Un bon de 3000 ans en arrière et me voilà plongé dans des paysages alternant entre montagnes, forêts luxuriantes et vastes étendues de plaines, parfaitement détaillés. Tout y est décrit comme de véritables photos prises sur place; les détails des forêts, des animaux, des différentes tribus très primitives rencontrées, il en va de la hutte en torchis et à rudimentaire ouverture en guise de cheminée, à la primitive bâtisse de pierre et de bois. Le style vestimentaire de cette époque, ainsi que les peaux pestilentielles portées par ces peuples aux cheveux plaqués par la crasse, sont savamment décrits.
 
Au fur et à mesure de ma lecture, je n’ai pu m’empêcher de revoir les images de Farcry Primal, ce fameux jeu vidéo auquel jouait mon fiston : une gestion de la vie d’un personnage au temps préhistorique où, dans des paysages fabuleux entre montagnes et forêts luxuriantes, il faut survivre en fabriquant ses propres armes de bois, en amadouant ou combattant certaines tribus rencontrées, tout en cueillant et chassant pour se nourrir. Je prends l’exemple de ce jeu car, sur le moment, aucun film précis à énoncer sur cette époque ne me vient en tête.
 
J’ai vraiment été embarqué avec cette chère et vaillante Gwladys qui s’est vue obligée d’assumer, bien malgré elle, cette nouvelle vie de sauvage. Je suis même allé voir sur Internet si ce village de Vauville et ses pierres pouquelées existaient réellement, ce qui est le cas.

Troisième petite appréhension :

Et là je devrais dire « très petite » appréhension, car arrive également le thème du vampirisme ; un concept qui ne me déplaît pas malgré les nombreux films qui traitent déjà de ce sujet livré à tellement de sauces que j’ai un peu peur d’être déçu.

Seulement voilà, l’auteur aborde ce thème d’une façon vraiment réfléchie, immersive, tout en finesse…

Un formidable périple :

Stryges est un formidable voyage dans le temps. Un petit détail reste malgré tout un peu interpellant, mais j’ai compris que l’on pouvait s’en faire soi-même la réponse.
 
Une merveilleuse épopée, une immersion dans un autre temps qui peut presque faire penser aux aventures de Persée dans Le Choc des Titans (1981) où l’on rencontre multitudes de personnages et créatures intrigantes (notamment un certain trio nettement plus sympathique ici).
 
On est plongé dans cette aventure du début à la fin, sans longueur ni lassitude. On accompagne cette attachante et courageuse Gwladys avec ses compagnons d’aventure, parfois craignant pour elle, parfois nous arrachant un petit sourire. On voyage et, après avoir terminé la lecture de la dernière page, de la dernière ligne et, après avoir refermé le livre, on se dit : « … ».
 
Car oui, la fin est assez imprévue. Cela reste dans la tête et fait réfléchir…

Christobal Columbus
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