Titanic - Une catastrophe maritime

10 au 15 avril 1912 : croisière inaugurale et naufrage

Par | 01/03/2020 | Lu 1823 fois




Le Titanic à Southampton le 10 avril 1912 | Par Francis Godolphin Osbourne Stuart — http://www.uwants.com/viewthread.php?tid=3817223&extra=page%3D1, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2990792
Il y aurait tellement de choses à dire sur le Titanic et tant d'anecdotes à raconter ! Depuis sa construction en 1909, en passant par son lancement en 1911, puis sa mise en service en 1912, pour finir avec sa disparition le 15 avril de la même année, sans oublier les événements qui s'en suivirent, et enfin la géolocalisation de son épave en 1985 (ce qui permit enfin de faire toute la lumière sur les circonstances de l'accident). L'histoire complète du Titanic est à son échelle : colossale. Si je souhaitais tout expliquer, il me faudrait écrire un livre sur le sujet ! Et là n'est pas mon intention, d'autres s'étant déjà attelés à cette tâche.

C'est pourquoi, dans cet article, je vais me restreindre à narrer quelques faits de la période du 10 au 15 avril 1912, c'est-à-dire la croisière inaugurale du Titanic qui s'est tragiquement interrompue avec le naufrage du bâtiment.

Il existe beaucoup d'ouvrages sur le Titanic. Et je les ai presque tous lus. Il y a de très bonnes choses. Dans l'ensemble, ces livres permettent de rassembler un bon nombre d'informations sur l'histoire du Titanic. Si le sujet vous intéresse, alors je vous recommande tout particulièrement Le Drame du Titanic de Philippe Masson, présenté ci-dessous. Il est extrêmement bien documenté et construit. C'est d'ailleurs cette référence qui a servi à une grande partie de la rédaction de cet article.

Données techniques et caractéristiques

Longueur : 269 mètres Largeur : 28,5 mètres Hauteur par rapport à la ligne de flottaison : du sommet de l'étrave : 19 mètres de la passerelle de navigation : 22 mètres du pont des embarcations : 24 mètres des 4 cheminées : 42 mètres du nid de pie : 30 mètres des deux mâts : 64 mètres Tirant d'eau à pleine charge : 10,5 mètres Production de la vapeur : 6 compartiments de chaufferie 13'000 mètres-cube de charbon 12 soutes à charbon 29 chaudières 159 foyers Propulsion : 3 hélices à 4 pâles de diamètre de 7 mètres poids total des 3 hélices : 98 tonnes 2 machines alternatives à vapeur : 30'000 CV 1 turbine basse-pression : 16'000 CV vitesse de croisière : 21,5 noeuds à 22 noeuds vitesse maximale : 24 noeuds (jamais atteinte) Autres : Déplacement : 52'250 tonnes  Équipage : 885 membres (212 rescapés)   Passagers de première classe : 325 (203 rescapés) Passagers de seconde classe : 285 (118 rescapés) Passagers de troisième classe : 706 (178 rescapés) Total des passagers : 1316 (499 rescapés)   Total des personnes à bord : 2201 (711 rescapés)

Le Drame du Titanic

Le drame du Titanic @ 1998 Editions Tallendier
J'ai choisi de présenter en introduction à cet article le texte de la préface du livre Le Drame du Titanic de Philippe Masson, car ce passage - je trouve - présente bien le sujet :
Le 15 avril 1912, le Titanic de la White Star, le plus grand et le plus luxueux paquebot du monde, disparaissait dans l'Atlantique Nord, au cours de sa traversée inaugurale, au sud de Terre-Neuve, après avoir heurté un iceberg. L'émotion fut intense dans le monde entier et le drame du géant des mers prit l'allure d'une catastrophe internationale. Emotion d'autant plus vive que ce magnifique bâtiment, chef-d'œuvre de la technique, semblait marquer une étape décisive dans l'histoire de la construction navale et passait pour insubmersible.

Sous la pression des journaux et de l'opinion, se refusant à invoquer la fatalité, des commissions se livrèrent pendant des mois à des enquêtes approfondies, interrogeant des centaines de témoins. La catastrophe tenait-elle à une imprudence du commandant ou des officiers, à une construction défectueuse ou à une compétition commerciale à la limite du criminel ?

N'avait-elle pas été aggravée par l'insuffisance des moyens de sauvetage ou par le comportement douteux de certains navires alertés par T.S.F., qui n'avaient permis que de recueillir à peine plus de 700 rescapés ? Avec patience, on s'efforcera de déterminer l'origine du plus grand naufrage de l'histoire maritime, qui semblait brutalement remettre en cause un progrès ininterrompu depuis le milieu du XIXème siècle.

Le Titanic, c'est beaucoup plus qu'un drame de la mer. La nuit du 15 avril 1912 a pris des allures de légende, de mythe, qui conservent une extraordinaire résonnance. La disparition du géant des mers, le calme, l'étonnante abnégation dont ont fait preuve les passagers ont inspiré des opérettes, des chansons, des films, des romans, voir même des poèmes épiques. Aux USA en particulier, le souvenir du Léviathan constitue un des événements majeurs du monde contemporain, à la manière de la Guerre de Sécession. Il hante encore bien des consciences. Une « Société Historique du Titanic », en plein développement, recueille documents et souvenirs. Tous les cinq ans, à la date anniversaire du drame, ses adhérents, les « Enthousiastes », multiplient les manifestations et présence des derniers survivants (Nb : Le dernier survivant du naufrage du Titanic, Mme Millvina Dean, est mort au mois de mai 2009 à l'âge de 97 ans).

Le Titanic, c'est encore une étonnante résurrection, qui constitue une des plus éclatantes réussites de la recherche océanique et de l'archéologie sous-marine. En 1985-1986, à la suite d'une campagne de recherche admirable de rigueur, une équipe franco-américaine a pu retrouver l'épave par 4000 mètres de profondeur, en visiter certaines parties et rapporter d'étonnantes images du géant disparu, en grande partie intact et recouvert d'une abondante végétation aquatique. Contrairement aux espoirs de certains, le Titanic ne sera pas renfloué. Il continuera, comme un magnifique vaisseau fantôme, à reposer au fond de l'océan, dans un site classé comme mémorial maritime. Ce repos doit être à la mesure d'un drame qui dépasse le cadre de l'accident.

Pour beaucoup, la nuit du Titanic apparaît comme un signe du destin, un avertissement que l'homme, nouveau Prométhée, n'a pas voulu entendre et qui annonçait peut-être la fin d'une époque.
(Extrait de la préface du livre "Le Drame du Titanic", texte @Philippe Masson)

La route du Titanic : croisière inaugurale et naufrage

Itinéraire prévu pour le Titanic | Par Image originale:en:User:Gary Joseph, en:User:MechBrowman ; image vectorielle:Rogilbert — Image:TitanicRoute.png, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1716842

Mercredi 10 avril 1912, au début de l’après-midi :

Le Titanic appareille de Southampton avec à son bord, environ 950 passagers et 885 membres d'équipage. L'énorme bâtiment descend le chenal, double l'île de Wight par le Solent et pénètre dans la Manche.

Mercredi 10 avril 1912, le soir :

Le Titanic mouille en rade de Cherbourg et embarque une centaine de passagers.

Jeudi 11 avril 1912, vers midi :

Le paquebot effectue une dernière escale au large de l'Irlande, en face de Queenstown ; une bonne centaine de personnes montent encore à bord. Deux heures plus tard, le bateau avec ses 1316 passagers et ses 885 membres d'équipage appareille pour New York. Il longe la côte sud de l'Irlande.

Jeudi 11 avril 1912, à la tombée de la nuit :

Le Titanic pénètre dans l'Atlantique, où il commence vraiment son voyage inaugural.

14 avril, 09h00 :

Le Titanic a déjà parcouru 1 451 milles (2 335 kilomètres). Durant cette journée, il reçoit une dizaine de messages venant de plusieurs navires, parmi lesquels le Baltic et le Californian, lui signalant des avis de glace.

23h40 :

Les gabiers de vigie Fleet et Lee, installés dans la hune du grand mât à 30 mètres et reliée à la passerelle par téléphone, veillent attentivement la présence d'iceberg. On leur a recommandé la plus grande vigilance. Pour les deux officiers, la veille doit s'achever à minuit. En dépit de leur caban, le froid commence à les gagner. La température est tombée en dessous de zéro degré. Soudain, l'un et l'autre tressaillent, se penchent en avant, les yeux écarquillés. Aucun doute. Trois coups de cloches. Téléphone :
Iceberg droit devant !

Avant même de raccrocher, l'officier Murdoch commande :
Barre à gauche toute !
Simultanément, il actionne le transmetteur d'ordres à l'attention de la salle des machines :
Arrêt des machines, en arrière toute !

Pendant des secondes interminables, rien ne se produit. Le Titanic ne réagit pas. L'iceberg grandit, devient énorme. Le choc semble inévitable. Lentement, très lentement, enfin, l'étrave se déplace vers la gauche, de deux quarts à peine. Suffisamment pour que l'obstacle soit évité, du moins, en partie.

L'avant du Titanic heurte, ou plutôt racle l'iceberg, qui défile ensuite tout le long de la coque en faisant pleuvoir sur la plage avant et sur le pont des embarcations une grêle de petits blocs de glace. Le choc accompagné d'un très léger mouvement de roulis a été à peine perceptible. Tout au plus une légère vibration, un grincement.

Aussitôt, l'officier Murdoch se précipite vers le levier situé à droite de la barre qui commande la fermeture des cloisons étanches. Dans les fonds, des lumières rouges s'allument, des sonneries retentissent. En quelques secondes, les lourdes portes d'acier s'abattent.

Le capitaine Smith, qui était parti se coucher, arrive sur le pont. Il ordonne la fermeture des cloisons étanches. Murdoch lui apprend que c'est déjà fait.

L'énorme iceberg est déjà derrière. Il s'évanouit dans la nuit...

Le Titanic est maintenant arrêté et pivote lentement de 90° sur lui-même.

Le capitaine Smith donne l'ordre au quatrième Boxhall d'aller inspecter les fonds. Il fait reprendre la marche en avant lente. Il jette un œil sur l'habitacle de la timonerie. L'indicateur d'assiette affiche une gîte de 5 degrés. Le commandant fait alors à nouveau arrêter les machines. Boxhall revient de son inspection et déclare que tout paraît en ordre.

Sceptique, Smith lui demande de trouver le charpentier et de se livrer avec lui à une inspection approfondie des compartiments avant. Le quatrième officier n'a pas besoin d'aller bien loin. Il rencontre le charpentier sur le pont C et ce dernier lui annonce d'inquiétants dégâts : les premiers compartiments sont envahis par d'importantes voies d'eau.

Puis, petit à petit, c'est la catastrophe, l'impensable : l'eau monte et passe par-dessus les compartiments étanches. C'est mathématique, il n'y a rien à faire. L'avant du bateau va s'enfoncer de plus en plus.

Thomas Andrews, l'architecte du navire, pose son verdict et il est sans appel :
Le Titanic en a encore pour une heure, une heure et demie peut-être.

15 avril, 02h18 :

Les lumières du Titanic clignotent une dernière fois puis s'éteignent. Un instant plus tard, le paquebot se brise en deux. Alors que la partie avant coule, la partie arrière flotte pendant quelques instants et se remplit d'eau lentement.

02h20 :

La partie arrière du Titanic coule à son tour.
Dessin de Willy Stöwer sur la catastrophe | Par Willy Stöwer — Magazine Die Gartenlaube, en:Die Gartenlaube and de:Die Gartenlaube, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=97646

Malchance

Le Titanic a eu la malchance de heurter un iceberg imposant, dans le cadre d'une situation climatique exceptionnelle. Il a eu le malheur de naviguer par une nuit qui n'était pas comme les autres, sans brume, sans vent, sans la moindre houle. Les veilleurs et les hommes de la passerelle n'ont pu bénéficier de leur repère habituel, la frange d'écume qui signale la base des icebergs à bonne distance. 

L'iceberg a été aperçu à la fois trop tard et trop tôt.

Trop tard pour l'éviter.

Trop tôt pour ne pas tenter une manœuvre d'évitement qui a conduit à un choc latéral plus grave, plus pernicieux qu'une collision de plein fouet.

Il y avait 2201 personnes à bord du Titanic, dont 711 seulement ont pu être sauvées.

1490 personnes ont péri lors du naufrage du navire, ce qui fait de cet événement une des plus grandes catastrophes maritimes en temps de paix et la plus grande pour l'époque.

Gros titres

Dès que le naufrage du Titanic fut annoncé, la Presse s'est emparée du sujet pour en faire ses gros titres, dont certains sont vraiment n'importe quoi, voire même en contradiction les uns avec les autres. Ci-dessous, un aperçu de ces gros titres de journaux :
Gros titres des journaux de l'époque et coupures de presse | National Maritime Museum Cornwall, Falmouth | Photos @ Koyolite Tseila

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