Illustration et quatrième de couverture
Prisonniers de la fatalité de l'amour, incarnée par le philtre qu'ils ont absorbé, deux amants luttent à la fois contre la société féodale et contre les tensions intérieures qui les consument. Ce célèbre roman médiéval est à l'origine du mythe de l'amour absolu, où à l'ivresse des sentiments se mêle un goût de folie et de mort...
Autre(s) article(s) :
Le roman de Tristan et Iseut se trouvant sur ma table de chevet | Edition de 1981
Présentation
"Seigneurs, vous plaît-il d'entendre un beau conte d'amour et de mort ? C'est de Tristan et d'Iseut la reine. Ecoutez comment à grand'joie, à grand deuil ils s'aimèrent, puis en moururent un même jour, lui par elle, elle par lui. Aux temps anciens, le roi Marc régnait en Cornouailles..."
Marc est roi des Cornouailles et souhaite que Tristan, son neveu, qu'il considère comme un fils, lui succède au trône. Des seigneurs s'opposent à cette décision, préférant une succession directe. Mais notre bon roi a - pour l'heure - d'autres préoccupations : il veut épouser la femme à qui appartient le cheveu d'or déposé à son château par deux hirondelles. Tristan se souvient d'Iseut, la fille du roi d'Irlande, et pense que c'est à elle qu'appartient ce cheveu. Il part donc pour l'Irlande dans le but de ramener Iseut au roi Marc. Après quelques péripéties, Tristan finit par pouvoir ramener Iseut en Grande-Bretagne. Brangien, la serveuse d'Iseut, est du voyage. Elle a concocté un philtre d'amour destiné aux nouveaux mariés le soir de leur nuit de noces. Mais un soir du voyage, Tristan a soif, et pensant qu'il s'agit d'eau, il boit la potion et en offre à Iseut. L'effet est instantané. Et dès lors, leur amour devient absolu... Prisonniers de la fatalité de l'amour, incarnée par le philtre qu'ils ont absorbé, les amants luttent à la fois contre la société féodale et contre les tensions intérieures qui les déchirent. Ils ne cesseront de se battre que pour se rejoindre dans la mort…
J'ai découvert l'histoire de Tristan et d'Iseut en 1991, j'avais alors 17 ans. Depuis, cet ouvrage trône sur ma table de chevet, à portée de mains, me permettant ainsi d'en relire régulièrement des passages. Les pages de mon édition de 1991 étant usées et quelque peu jaunies par le temps, je viens de me procurer l'édition Larousse que l'on voit ci-dessus. Une belle édition permettant d'approfondir certains points du récit.
Ce magnifique récit conté par Joseph Bédier m'a profondément touchée, d'une manière que je ne m'explique pas. Peut-être tout simplement ai-je succombé à l'enchantement, tout comme Tristan et Iseut ? Mon âme a été troublée par leur épopée, leurs joies, leurs peines et leur mort. De plus, le cadre se situant - entre autres - au nord-ouest de l'Angleterre me séduit. A diverses étapes du roman, on trouve également une influence gréco-romaine qui n'est pas pour me déplaire.
Plus qu'un récit, c'est un poème qui est né d'une légende. C'est bien un poème, en effet, bien qu'il soit écrit en belle et simple prose. Joseph Bédier est le digne continuateur de vieux trouveurs qui ont essayé de transvaser dans le cristal léger de notre langue l'enivrant breuvage qui causa jadis l'amour et la mort des deux amants de Cornouailles.
Pour trouver l'origine de la légende de Tristan et Iseut, il faut remonter loin, chez les Celtes. C'est en Bretagne, en Cornouailles, en Irlande et au Pays de Galles que vivaient ces derniers. Au Moyen Âge, c'était un récit oral qui s'est propagé dans différents pays, raison pour laquelle on en trouve des versions rédigées en français, en allemand, en anglais, mais aussi en scandinave. A cet époque l'imprimerie n'existait pas, alors le récit se transmettait donc oralement, et c'est grâce à des poètes nomades que cette histoire s'est répandue en Europe. Suivant l'auditoire, et son intérêt pour le récit, celui-ci pouvait prendre des tournures différentes. C'est pourquoi certaines parties ont été enrichies suivant l'auditoire devant lesquelles elles étaient racontées.
Ce n'est qu'au XIIème siècle que la légende de Tristan et Iseut fait finalement son entrée dans la littérature écrite. Et là, il y a deux textes qui sont particulièrement connus, tous les deux écrits en anglo-normand et en vers octosyllabiques : celui de Béroul de 4500 vers et celui de Thomas de 3000 vers. Le texte de Béroul est plus long, mais il manque le début et la fin. Celui de Thomas est plus court, mais on y trouve des épisodes absents de la version de Béroul, ce qui permet de compléter le récit.
C'est à la fin du XIXème siècle que Joseph Bédier (1864-1938) s'intéresse aux différentes versions de Tristan et Iseut. En tant que médiéviste (spécialiste du Moyen Âge), il s'attelle à une tâche immense : regrouper les textes de cette légende, dont bien sûr ceux de Béroul et Thomas, mais aussi ceux de Gottfried de Strasbourg et d'Eilhart d'Oberg. Joseph Bédier analyse le tout et reconstitue cet immense puzzle dans le but de présenter un roman ayant un début, des aventures et une fin. C'est un travail de titan que d'unifier le tout et d'en gommer les imperfections. Il termine enfin cette fastidieuse tâche en 1900. C’est cette version que j'ai lue et que je vous invite à découvrir ici, un roman de style médiéval.
Cette oeuvre qui est le fruit de plusieurs auteurs de pays différents est une abondance d'influences multiples : celtiques, mythologiques, romans courtois, chansons de geste (célébration en vers des exploits épiques des héros)...
Bref, Tristan et Iseut est un mythe qui a une dimension universelle (!) et pour ma part, je ne m'en lasse pas. Dès la première lecture, se fut un immense coup de coeur.
Marc est roi des Cornouailles et souhaite que Tristan, son neveu, qu'il considère comme un fils, lui succède au trône. Des seigneurs s'opposent à cette décision, préférant une succession directe. Mais notre bon roi a - pour l'heure - d'autres préoccupations : il veut épouser la femme à qui appartient le cheveu d'or déposé à son château par deux hirondelles. Tristan se souvient d'Iseut, la fille du roi d'Irlande, et pense que c'est à elle qu'appartient ce cheveu. Il part donc pour l'Irlande dans le but de ramener Iseut au roi Marc. Après quelques péripéties, Tristan finit par pouvoir ramener Iseut en Grande-Bretagne. Brangien, la serveuse d'Iseut, est du voyage. Elle a concocté un philtre d'amour destiné aux nouveaux mariés le soir de leur nuit de noces. Mais un soir du voyage, Tristan a soif, et pensant qu'il s'agit d'eau, il boit la potion et en offre à Iseut. L'effet est instantané. Et dès lors, leur amour devient absolu... Prisonniers de la fatalité de l'amour, incarnée par le philtre qu'ils ont absorbé, les amants luttent à la fois contre la société féodale et contre les tensions intérieures qui les déchirent. Ils ne cesseront de se battre que pour se rejoindre dans la mort…
J'ai découvert l'histoire de Tristan et d'Iseut en 1991, j'avais alors 17 ans. Depuis, cet ouvrage trône sur ma table de chevet, à portée de mains, me permettant ainsi d'en relire régulièrement des passages. Les pages de mon édition de 1991 étant usées et quelque peu jaunies par le temps, je viens de me procurer l'édition Larousse que l'on voit ci-dessus. Une belle édition permettant d'approfondir certains points du récit.
Ce magnifique récit conté par Joseph Bédier m'a profondément touchée, d'une manière que je ne m'explique pas. Peut-être tout simplement ai-je succombé à l'enchantement, tout comme Tristan et Iseut ? Mon âme a été troublée par leur épopée, leurs joies, leurs peines et leur mort. De plus, le cadre se situant - entre autres - au nord-ouest de l'Angleterre me séduit. A diverses étapes du roman, on trouve également une influence gréco-romaine qui n'est pas pour me déplaire.
Plus qu'un récit, c'est un poème qui est né d'une légende. C'est bien un poème, en effet, bien qu'il soit écrit en belle et simple prose. Joseph Bédier est le digne continuateur de vieux trouveurs qui ont essayé de transvaser dans le cristal léger de notre langue l'enivrant breuvage qui causa jadis l'amour et la mort des deux amants de Cornouailles.
Pour trouver l'origine de la légende de Tristan et Iseut, il faut remonter loin, chez les Celtes. C'est en Bretagne, en Cornouailles, en Irlande et au Pays de Galles que vivaient ces derniers. Au Moyen Âge, c'était un récit oral qui s'est propagé dans différents pays, raison pour laquelle on en trouve des versions rédigées en français, en allemand, en anglais, mais aussi en scandinave. A cet époque l'imprimerie n'existait pas, alors le récit se transmettait donc oralement, et c'est grâce à des poètes nomades que cette histoire s'est répandue en Europe. Suivant l'auditoire, et son intérêt pour le récit, celui-ci pouvait prendre des tournures différentes. C'est pourquoi certaines parties ont été enrichies suivant l'auditoire devant lesquelles elles étaient racontées.
Ce n'est qu'au XIIème siècle que la légende de Tristan et Iseut fait finalement son entrée dans la littérature écrite. Et là, il y a deux textes qui sont particulièrement connus, tous les deux écrits en anglo-normand et en vers octosyllabiques : celui de Béroul de 4500 vers et celui de Thomas de 3000 vers. Le texte de Béroul est plus long, mais il manque le début et la fin. Celui de Thomas est plus court, mais on y trouve des épisodes absents de la version de Béroul, ce qui permet de compléter le récit.
C'est à la fin du XIXème siècle que Joseph Bédier (1864-1938) s'intéresse aux différentes versions de Tristan et Iseut. En tant que médiéviste (spécialiste du Moyen Âge), il s'attelle à une tâche immense : regrouper les textes de cette légende, dont bien sûr ceux de Béroul et Thomas, mais aussi ceux de Gottfried de Strasbourg et d'Eilhart d'Oberg. Joseph Bédier analyse le tout et reconstitue cet immense puzzle dans le but de présenter un roman ayant un début, des aventures et une fin. C'est un travail de titan que d'unifier le tout et d'en gommer les imperfections. Il termine enfin cette fastidieuse tâche en 1900. C’est cette version que j'ai lue et que je vous invite à découvrir ici, un roman de style médiéval.
Cette oeuvre qui est le fruit de plusieurs auteurs de pays différents est une abondance d'influences multiples : celtiques, mythologiques, romans courtois, chansons de geste (célébration en vers des exploits épiques des héros)...
Bref, Tristan et Iseut est un mythe qui a une dimension universelle (!) et pour ma part, je ne m'en lasse pas. Dès la première lecture, se fut un immense coup de coeur.
Le Château de Neuschwanstein | Par Jeff Wilcox — https://www.flickr.com/photos/jeffwilcox/95436233/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2268610
Musique et peintures
À partir de cette légende, Richard Wagner a composé un opéra intitulé Tristan und Isolde (1865). Lors d'un voyage en Allemagne, je suis allée visiter le célèbre château de Neuschwanstein, situé à Schwangau en Bavière. Neuchwanstein est l'un des châteaux que le roi Louis II de Bavière s'est fait construire au XIXème siècle. Le roi était un mécène du compositeur Richard Wagner, auquel il vouait un véritable culte. C'est pourquoi, dans la chambre à coucher de son palais, j'ai pu découvrir et admirer avec un immense plaisir des peintures représentant diverses scènes de la légende de Tristan et Iseut. Mais le roi était mégalomane, et après avoir été déclaré fou en juin 1886, il fut interné quelques jours avant de mourir dans des circonstances jamais élucidées...