Résumé
La carte en main, il exposa nettement la situation | Par Adrien Marie — http://jv.gilead.org.il/rpaul/Un%20hivernage%20dans%20les%20glaces/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=33912526
Une expédition de secours s'organise et met les voiles vers le nord pour tenter de retrouver des hommes disparus en mer dans des circonstances héroïques. Equipés de manteaux de fourrure et de traîneaux à chiens, les personnages devront, comme le titre de la nouvelle l'indique, passer l'hiver emprisonnés dans les glaces du Groenland...
Fiche de lecture
A Dunkerque, la jeune Marie et Jean Cornbutte, son futur beau-père, attendent impatiemment le retour au bercail imminent de Louis Cornbutte, parti en mer - il y a plusieurs mois de cela - avec son équipage à bord de la Jeune-Hardie, un beau brick appartenant à son paternel. Les bans ont été publiés et le mariage de Marie et Louis doit être célébré dès que ce dernier mettra pied à terre.
Mais lorsque le brick arrive au port, au grand dam de Jean et de Marie, le fils et fiancé n’est pas en vue. André Vasling, le capitaine en second, leur annonce une affreuse nouvelle : Louis Cornbutte est mort. C’est en voulant sauver les matelots d’une goélette en perdition à proximité du Maelström, gouffre maritime situé au sud des îles Lofoten (Norvège), que le jeune homme a péri, emporté par les flots.
Ivre de chagrin, Jean Cornbutte ne peut se résoudre à l’idée que son fils soit mort. En effet, il est convaincu que toutes les recherches nécessaires pour le retrouver n’ont pas été effectuées. Il décide alors de reprendre le commandement de son brick et pour ce long voyage de plusieurs mois, le fait approvisionner de viandes salées, de biscuits, de barils de farine, de pommes de terre, de porc, de vin, d’eau-de-vie, de café, de thé et de tabac. Aussitôt prête, la Jeune-Hardie met le cap en direction du lieu du naufrage.
Jean Cornbutte sait qu’il devra probablement porter ses recherches au-delà de la mer du Nord. Mais ce qu’il ignore encore, c’est qu’une passagère clandestine est montée à bord de son brick. Commence alors un long périple sur les mers glacées…
Mais lorsque le brick arrive au port, au grand dam de Jean et de Marie, le fils et fiancé n’est pas en vue. André Vasling, le capitaine en second, leur annonce une affreuse nouvelle : Louis Cornbutte est mort. C’est en voulant sauver les matelots d’une goélette en perdition à proximité du Maelström, gouffre maritime situé au sud des îles Lofoten (Norvège), que le jeune homme a péri, emporté par les flots.
Ivre de chagrin, Jean Cornbutte ne peut se résoudre à l’idée que son fils soit mort. En effet, il est convaincu que toutes les recherches nécessaires pour le retrouver n’ont pas été effectuées. Il décide alors de reprendre le commandement de son brick et pour ce long voyage de plusieurs mois, le fait approvisionner de viandes salées, de biscuits, de barils de farine, de pommes de terre, de porc, de vin, d’eau-de-vie, de café, de thé et de tabac. Aussitôt prête, la Jeune-Hardie met le cap en direction du lieu du naufrage.
Jean Cornbutte sait qu’il devra probablement porter ses recherches au-delà de la mer du Nord. Mais ce qu’il ignore encore, c’est qu’une passagère clandestine est montée à bord de son brick. Commence alors un long périple sur les mers glacées…
Une partie de la carte des voyages de Jules Verne annotée par mes soins | Source : Jules Verne, voyageur extraordinaire (livre), photo issue de mon édition privée
La Jeune-Hardie ne se trouvait plus qu’à trois encâblures du port, lorsqu’un pavillon noir monta à la corne de brigantine… Il y avait un deuil à bord ! Un sentiment de terreur courut dans tous les esprits et dans le cœur de la jeune fiancée. Le brick arrivait tristement au port, et un silence glacial régnait sur son pont. Bientôt il eut dépassé l’extrémité de l’estacade. Marie, Jean Cornbutte et tous les amis se précipitèrent vers le quai qu’il allait accoster, et, en un instant, ils se trouvèrent à bord. « Mon fils ! » dit Jean Cornbutte, qui ne put articuler que ces mots. Les marins du brick, la tête découverte, lui montrèrent le pavillon de deuil.
(Jules Verne, Un Hivernage dans les Glaces, 1874)
Un Hivernage dans les Glaces est une nouvelle de jeunesse de Jules Verne, éditée dans la revue Le Musée des Familles au printemps 1855, puis reprise dans le recueil Le Docteur Ox, avec un texte différent, aux éditions Hetzel en 1874, soit très exactement cent ans avant ma naissance !
Je l’ai déjà dit plusieurs fois et je le répète encore et encore : Jules Verne était un conteur hors-pair ! Et avec Un Hivernage dans les Glaces, il ne déroge point à cette règle.
Composée de seize mini-chapitres, cette nouvelle prend sa source à Dunkerque sous le signe du pavillon noir, puis nous fait voir les projets de Jean Cornbutte, avant de nous embarquer à bord du brick en direction de la Norvège, puis au-delà dans les passes des mers arctiques jusqu'à l'île de Liverpool, pour continuer encore plus loin vers les mers polaires jusqu'à ce que les glaces finissent par se refermer autour de la Jeune-Hardie et qu'un hivernage soit installé. Le reste du voyage se fera sous forme d'explorations à pieds ou en traîneaux sur la neige et les glaces avec des températures allant parfois jusqu'à 30 à 35 degrés Celsius inférieurs à zéro.
Bon sang, quelle histoire incroyable ! Une fois commencée, je n’ai plus pu lâcher cette passionnante nouvelle. Que de détails pour cette lutte pour la survie durant cet hivernage dans les glaces du Groenland ! C’est incroyable. C’est comme si Jules Verne lui-même avait vécu ce périple et en avait fait un compte-rendu précis. En mer ou sur la terre ferme, ce récit est époustouflant et d'une grande crédibilité. Et alors ce petit vent de traîtrise dans l’air qui vient pimenter ce voyage déjà – ô combien difficile -, c’est comme une rondelle de citron dans un verre de rhum : le petit goût acide qui fait grimacer la frimousse (en parlant de citrons, si vous vous apprêtez à réaliser une telle épopée, pensez à en embarquer, c’est efficace contre le Scorbut).
Et ces trois personnages principaux, nom d’une pipe ! Nous avons tout d’abord Jean Cornbutte, la soixantaine, marin aguerri, intelligent, bienveillant, vaillant et fort, qui poursuit sa quête sans jamais faillir. Il veut retrouver son fils coûte que coûte aux mépris de tous les dangers. Puis il y a cette jeune femme, Marie. Elle est courageuse, forte et réfléchie. C’est la mascotte de l’équipage, leur ange gardien. Elle joue un rôle important dans cette histoire. Et c’est un fait à souligner, car dans les récits de cette époque, généralement les dames avaient plutôt leur place en cuisine ou dans leur atelier de couture. Donc Jules Verne l’a bien mise en valeur. Et pour finir, il y a le capitaine en second, le fourbe André Vasling. Si au départ il cache bien son jeu, avec le temps, il va se révéler au grand jour comme étant un ennemi redoutable. Et ça pue bon les relents d’une mutinerie !
A propos du Maelström évoqué au début de ce récit et aux abords duquel Louis Cornbutte a été porté disparu, cet endroit est un mythe parmi les sites verniens. Il est évoqué dans plusieurs romans de Jules Verne. Comme exemple le plus connu, ce tourbillon dont aucun navire n’a jamais pu sortir sert de cadre à la perte présumée du célèbre Nautilus du capitaine Nemo en 1869 dans Vingt Mille Lieues sous les Mers.
De par les thèmes qu’il aborde, ce texte n’est pas sans rappeler – pour mon plus grand plaisir - d’autres textes de l’auteur : Les Aventures du Capitaine Hatteras, Un Drame au Mexique et Les Révoltés de la Bounty pour ce qui est de la lutte pour la survie et de la traîtrise et, en ce qui concerne la recherche d’un être aimé, Les Enfants du Capitaine Grant et Mistress Branican.
En conclusion, ce récit m’a énormément plu. J’ai lu cette nouvelle durant la canicule de l’été 2022. J’en suis ressortie toute rafraîchie, secouée aussi, les yeux brillants de mille feux, avec le sentiment d’avoir vécu une grande aventure.
Je l’ai déjà dit plusieurs fois et je le répète encore et encore : Jules Verne était un conteur hors-pair ! Et avec Un Hivernage dans les Glaces, il ne déroge point à cette règle.
Composée de seize mini-chapitres, cette nouvelle prend sa source à Dunkerque sous le signe du pavillon noir, puis nous fait voir les projets de Jean Cornbutte, avant de nous embarquer à bord du brick en direction de la Norvège, puis au-delà dans les passes des mers arctiques jusqu'à l'île de Liverpool, pour continuer encore plus loin vers les mers polaires jusqu'à ce que les glaces finissent par se refermer autour de la Jeune-Hardie et qu'un hivernage soit installé. Le reste du voyage se fera sous forme d'explorations à pieds ou en traîneaux sur la neige et les glaces avec des températures allant parfois jusqu'à 30 à 35 degrés Celsius inférieurs à zéro.
Bon sang, quelle histoire incroyable ! Une fois commencée, je n’ai plus pu lâcher cette passionnante nouvelle. Que de détails pour cette lutte pour la survie durant cet hivernage dans les glaces du Groenland ! C’est incroyable. C’est comme si Jules Verne lui-même avait vécu ce périple et en avait fait un compte-rendu précis. En mer ou sur la terre ferme, ce récit est époustouflant et d'une grande crédibilité. Et alors ce petit vent de traîtrise dans l’air qui vient pimenter ce voyage déjà – ô combien difficile -, c’est comme une rondelle de citron dans un verre de rhum : le petit goût acide qui fait grimacer la frimousse (en parlant de citrons, si vous vous apprêtez à réaliser une telle épopée, pensez à en embarquer, c’est efficace contre le Scorbut).
Et ces trois personnages principaux, nom d’une pipe ! Nous avons tout d’abord Jean Cornbutte, la soixantaine, marin aguerri, intelligent, bienveillant, vaillant et fort, qui poursuit sa quête sans jamais faillir. Il veut retrouver son fils coûte que coûte aux mépris de tous les dangers. Puis il y a cette jeune femme, Marie. Elle est courageuse, forte et réfléchie. C’est la mascotte de l’équipage, leur ange gardien. Elle joue un rôle important dans cette histoire. Et c’est un fait à souligner, car dans les récits de cette époque, généralement les dames avaient plutôt leur place en cuisine ou dans leur atelier de couture. Donc Jules Verne l’a bien mise en valeur. Et pour finir, il y a le capitaine en second, le fourbe André Vasling. Si au départ il cache bien son jeu, avec le temps, il va se révéler au grand jour comme étant un ennemi redoutable. Et ça pue bon les relents d’une mutinerie !
A propos du Maelström évoqué au début de ce récit et aux abords duquel Louis Cornbutte a été porté disparu, cet endroit est un mythe parmi les sites verniens. Il est évoqué dans plusieurs romans de Jules Verne. Comme exemple le plus connu, ce tourbillon dont aucun navire n’a jamais pu sortir sert de cadre à la perte présumée du célèbre Nautilus du capitaine Nemo en 1869 dans Vingt Mille Lieues sous les Mers.
De par les thèmes qu’il aborde, ce texte n’est pas sans rappeler – pour mon plus grand plaisir - d’autres textes de l’auteur : Les Aventures du Capitaine Hatteras, Un Drame au Mexique et Les Révoltés de la Bounty pour ce qui est de la lutte pour la survie et de la traîtrise et, en ce qui concerne la recherche d’un être aimé, Les Enfants du Capitaine Grant et Mistress Branican.
En conclusion, ce récit m’a énormément plu. J’ai lu cette nouvelle durant la canicule de l’été 2022. J’en suis ressortie toute rafraîchie, secouée aussi, les yeux brillants de mille feux, avec le sentiment d’avoir vécu une grande aventure.
Nota Bene
1) L’édition Books on Demand (voir illustration ci-dessous) est truffée de coquilles, donc si vous souhaitez lire cette nouvelle en version papier et que vous êtes un tantinet pointilleux, je vous invite à vous procurer une autre édition.
2) Si vous lisez au format numérique, je vous recommande Jules Verne Œuvres complètes aux éditions Arvensa. Les textes sont soignés et accompagnés de belles gravures (voir illustrations ci-dessous).
3) Tous les textes de Jules Verne sont du domaine public, donc vous pouvez les lire gratuitement sur la toile, si vous êtes près de vos sous.
2) Si vous lisez au format numérique, je vous recommande Jules Verne Œuvres complètes aux éditions Arvensa. Les textes sont soignés et accompagnés de belles gravures (voir illustrations ci-dessous).
3) Tous les textes de Jules Verne sont du domaine public, donc vous pouvez les lire gratuitement sur la toile, si vous êtes près de vos sous.
Edition : Books on Demand, 2022 | Photo @ Koyolite Tseila | Collection privée