Ce texte a été initialement publié dans le recueil Contes roses (volume 2) chez Les Artistes Fous en 2022. Je vous propose de le découvrir ci-dessous.
Je vous souhaite une bonne lecture, cependant attention, c'est un peu hard 😉
Southeast Jones
Je vous souhaite une bonne lecture, cependant attention, c'est un peu hard 😉
Southeast Jones
Un coup vite fait
Je descendis du Passe-Partout et posai mon barda ; c’était bon de retrouver le plancher des vaches et de respirer à nouveau de l’air non recyclé. Dix mois que je n’avais revu la Terre ; la prospection sur Beta 3 d’Andromède, ça payait un max, mais putain que c’était long ! Pas d’alcool, et surtout, pas de femmes… j’avais besoin des deux. Je sortis rapidement du périmètre et me dirigeai vers la première d’une de mes nombreuses escales : le bar de Joe.
Chose étonnante, y avait pas grand monde, mais je repérai immédiatement mon premier coup. La fille était visiblement bourrée ; plutôt gironde, avec une paire de nibards qui vous aurait mis les deux yeux au beurre noir pour peu qu’elle se retourne un peu trop vite. Ses pieds chaussés de tiagues usées étaient posés sur la table, tandis que ses jambes étaient si écartées que sa chatte – rasée – s’exposait au tout-venant. Je sifflai entre mes dents et lançai un regard interrogateur au taulier.
- Arrive ! me cria le zigue en me montrant une bouteille de mon tord-boyau préféré.
Faut pas m’appâter avec ça, moi, le pur malt, je peux pas y résister.
- C’est qui la poule ? Une pute en goguette ?
- Jamais vue, elle est arrivée vers quatre heures avec le long-courrier d’Andromède, mais elle écluse grave, me confia Joe en me servant. Elle en est à sa troisième bouteille de gin depuis ce matin ! Elle picole, s’endort une heure, se réveille brusquement, puis reboit un coup. Après, elle se choisit un mec, l’embarque dans les gogues du parking, et quand elle a fini ses p’tites affaires, elle recommence à biberonner.
Je m’envoyai une lampée derrière la cravate sans quitter la fille des yeux. « Y a de quoi faire. » dis-je platement.
- J’en voudrais pas, même avec une queue de billard, s’esclaffa Joe, et puis, y a toujours bobonne qui veille au grain ! »
- Arrête, tu vas me faire chialer ! Faut que je m’la fasse !
- Tant mieux pour toi, à ta place, je laisserais courir, elle s’est déjà fait huit mecs aujourd’hui, j’parie que si je regardais en dessous de la table, j’y trouverais une belle flaque de foutre ! Maintenant, tu fais ce que tu veux avec ta bite, mais moi…
- Je sais, « même pas avec une queue de billard » ! Garde ma bouteille, j’arrive.
Je pris mon verre et me dirigeai vers la fille...
Elle émergea alors que j’arrivais, me jeta un regard vitreux, se servit et fit cul sec avant de murmurer d'une voix rauque : « t’es à croquer toi, on tire un coup ? »
J’hésitai en voyant ses yeux jaunes, et le teint presque blafard de sa peau, quant à sa bouche, légèrement plus grande que la norme… elle devait faire des merveilles avec. J’eus un frisson ; non humaine, me dis-je, peut-être une hybride, on ne connaissait pas encore très bien les planètes du secteur Andromédien. Les spatiaux fraîchement émoulus jetaient parfois leur gourme sur ce qui ressemblait de près ou de loin à une femme, sous l’œil goguenard des anciens ; ça faisait partie du bizutage. Je haussai mentalement les épaules, qu’importe, alienne ou pas, elle semblait avoir tout ce qu’il fallait, là où il fallait, alors, pourquoi pas ?
Elle me prit par la main, me guida jusqu’aux waters, et sans prendre la peine de fermer la porte, baissa mon futal, avant de me faire asseoir sur le pot, et de s’enfiler sans plus attendre. Je cherchai ses lèvres, mais ne trouvai qu’une gueule monstrueuse et démesurée qui se referma sur mon visage. Ma dernière pensée fut stupide : j’avais pas mis de capote !
Chose étonnante, y avait pas grand monde, mais je repérai immédiatement mon premier coup. La fille était visiblement bourrée ; plutôt gironde, avec une paire de nibards qui vous aurait mis les deux yeux au beurre noir pour peu qu’elle se retourne un peu trop vite. Ses pieds chaussés de tiagues usées étaient posés sur la table, tandis que ses jambes étaient si écartées que sa chatte – rasée – s’exposait au tout-venant. Je sifflai entre mes dents et lançai un regard interrogateur au taulier.
- Arrive ! me cria le zigue en me montrant une bouteille de mon tord-boyau préféré.
Faut pas m’appâter avec ça, moi, le pur malt, je peux pas y résister.
- C’est qui la poule ? Une pute en goguette ?
- Jamais vue, elle est arrivée vers quatre heures avec le long-courrier d’Andromède, mais elle écluse grave, me confia Joe en me servant. Elle en est à sa troisième bouteille de gin depuis ce matin ! Elle picole, s’endort une heure, se réveille brusquement, puis reboit un coup. Après, elle se choisit un mec, l’embarque dans les gogues du parking, et quand elle a fini ses p’tites affaires, elle recommence à biberonner.
Je m’envoyai une lampée derrière la cravate sans quitter la fille des yeux. « Y a de quoi faire. » dis-je platement.
- J’en voudrais pas, même avec une queue de billard, s’esclaffa Joe, et puis, y a toujours bobonne qui veille au grain ! »
- Arrête, tu vas me faire chialer ! Faut que je m’la fasse !
- Tant mieux pour toi, à ta place, je laisserais courir, elle s’est déjà fait huit mecs aujourd’hui, j’parie que si je regardais en dessous de la table, j’y trouverais une belle flaque de foutre ! Maintenant, tu fais ce que tu veux avec ta bite, mais moi…
- Je sais, « même pas avec une queue de billard » ! Garde ma bouteille, j’arrive.
Je pris mon verre et me dirigeai vers la fille...
Elle émergea alors que j’arrivais, me jeta un regard vitreux, se servit et fit cul sec avant de murmurer d'une voix rauque : « t’es à croquer toi, on tire un coup ? »
J’hésitai en voyant ses yeux jaunes, et le teint presque blafard de sa peau, quant à sa bouche, légèrement plus grande que la norme… elle devait faire des merveilles avec. J’eus un frisson ; non humaine, me dis-je, peut-être une hybride, on ne connaissait pas encore très bien les planètes du secteur Andromédien. Les spatiaux fraîchement émoulus jetaient parfois leur gourme sur ce qui ressemblait de près ou de loin à une femme, sous l’œil goguenard des anciens ; ça faisait partie du bizutage. Je haussai mentalement les épaules, qu’importe, alienne ou pas, elle semblait avoir tout ce qu’il fallait, là où il fallait, alors, pourquoi pas ?
Elle me prit par la main, me guida jusqu’aux waters, et sans prendre la peine de fermer la porte, baissa mon futal, avant de me faire asseoir sur le pot, et de s’enfiler sans plus attendre. Je cherchai ses lèvres, mais ne trouvai qu’une gueule monstrueuse et démesurée qui se referma sur mon visage. Ma dernière pensée fut stupide : j’avais pas mis de capote !
Source
Texte @ Southeast Jones, tous droits réservés