Un fil à travers les nuages | Anaïs Sorrentino | 2021

Par | 06/11/2023 | Lu 306 fois




Illustration et quatrième de couverture

Une ville morte. Des ruelles fantômes, des bâtisses creuses. Du toc. Un assemblage bancal de souvenirs reconstitués, pétrifiés, intemporels. Des âmes errantes.

Capucine, résidente aguerrie de ce monde désolé, en connaît les monstres. Elle guette les nuées à l’horizon. Elle évite les autres réfugiés, jusqu’au jour où elle rencontre Albin, un scaphandrier relié au ciel par le conduit de son casque, fil incongru s’élevant à travers les nuages. De la série d’évènements qui l’a propulsé ici, il ne garde que des souvenirs épars. Est-il mort ?

Nicholas se réveille au milieu d’une forêt, son smoking fichu, un portable qui ne capte pas, et plus qu’une seule cigarette en poche. Ses compagnons d’infortune semblent aussi fous les uns que les autres. Est-ce l’enfer ? Le purgatoire ?

Mais que fait une gamine comme Angelica dans un endroit pareil ?

Fiche de lecture

Aux Aventuriales, festival à teneur humaine, une amie ma conseillé de lire ce roman, « Un fil à travers les nuages », dAnaïs Sorrentino, et je ne peux que recommander sa lecture.
 
Albin, Capucine, Gaby, Nicholas, Roch, Sofia, Angelica se retrouvent à errer dans un univers étrange, une nature faite de bois, de prairies, parfois un chemin ou une maison, les histoires vont rassembler ces êtres en quête de mémoire : aucun ne se souvient de la raison de sa présence en ces lieux. Parfois un phare éclaire l'horizon sans que sa présence dans cet univers minéral ne réponde à la moindre nécessité, ou une montagne le barre, promettant des difficultés inattendues. Chacune/chacun vit normalement, à cela près qu’aucun n’a pas de besoin physiologique, à part le sommeil qui les emporte et leur fournit parfois un cauchemar, parfois un souvenir, une dispute avec une petite amie, une plongée en haute mer… Pas d’animaux dans ce décor, sauf parfois un chat en mal d’adoption. Et une propension à multiplier les blessures et les handicaps.
 
Le paysage se couvre parfois d’immenses oiseaux noirs, comme des corbeaux gigantesques, qui fondent sur les humains et les déchiquètent vivants. Seuls les chats semblent capables de sentir la survenue de leur nuée fatale…
 
L’univers et les personnages sont attachants, et la narratrice sait ménager ses révélations et ses sauts en avant. On navigue d’une situation à l’autre, souplement, et parfois un retournement de situation vous catapulte tout en mettant fin au récit ébauché…
 
Quelques défauts de jeunesse : une tendance – parfois - à tirer à la ligne, ou de tarder à donner une explication. Récemment, j’ai renoncé à lire un roman qui semble attirer à lui tous les prix, mais qui manque totalement d’énergie et qui se perd dans une SF très académique, et pour moi, ennuyeuse, alors que là, c’est vif, c'est énergique, le pari est tenu, et le lecteur cherche lui aussi l’issue.
 
Un joli talent, de la réflexion. L’autrice ne nous promet ni avenir radieux ni totalement nihiliste et une invitation à chercher ensemble une voie pour survivre à un quotidien qui ne promet pourtant qu’horreur et destruction…
 
Une lecture pétillante et pour tout dire rafraîchissante.

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