Un jeune Doge pour Venise | Alexandre Katenidis | 2023

Par | 09/05/2024 | Lu 323 fois


Un essai d’uchronie à encourager !



Illustration et quatrième de couverture

Un jeune Doge pour Venise @ 2023 Nombre 7 éditions
La vraie personnalité d'Indro Moscantonio

En 2015, Venise est resté un État souverain, et se dote d’un nouveau chef d’Etat, Indro Moscantonio, désireux de moderniser la fonction poussiéreuse et protocolaire de Doge.

Face à l’affichage d’ambitions de rénovation, il s’engage bien dans les combats électoraux et l’action politique.

Toutefois, son attitude est épiée et reste en apparence mystérieuse. Il se met en avant, se veut charmeur, mais affiche également un caractère réservé, distant, et verrouille la communication sur sa vie privée.

Des interrogations finissent par éclore sur sa motivation et sa personnalité profonde, les journalistes enquêtant à son sujet.

Genre : roman historique, uchronie

Fiche de lecture

Comme son titre l’indique, le roman, assez court, nous plonge dans les intrigues de palais d’une Sérénissime qui ne s’est pas effondrée en 1797 et qui a fait sécession de l’Italie suite à un référendum. Non, ici c’est une Venise moderne, connectée aux réseaux sociaux, qui voit accéder au pouvoir son nouveau doge Indro Moscantonio, dit « Indrello », lors des élections de 2015. En 2018, celui-ci se retire de la fonction suprême.

C’est donc l’histoire de ce mandat « qui aurait pu être » que nous raconte Alexandre Katenidis : avec ses passions, ses trahisons, ses intrigues politiques nationales et internationales.

Le style est très érudit : Alexandre Katenidis est un amoureux de Venise et un juriste passionné de droit public et cela se voit dans son ouvrage comme dans le reste de sa bibliographie (que je découvre petit à petit).

Cela peut refroidir : l’auteur se livre à des descriptions factuelles, dans un style aux longues phrases, de la vie politique vénitienne telle qu’il l’imagine.

S'il est très créatif dans les péripéties et les intrigues politiques qu’il fait vivre à son doge de fiction, l’auteur est trop descriptif : en lisant les descriptions du régime politique de Venise, j’ai l’impression de lire un ouvrage de droit constitutionnel. Cela me satisfait en tant que juriste, mais pas en tant qu’amateur de fiction. En amateur de fiction, je veux voir les scandales politiques, les controverses, les coups tordus et les intrigues.

Cependant, je conçois que l’exercice soit difficile tant la zone où Alexandre Katendinis nous plonge est grise. Si l'on peut regretter qu’il ne s’attarde pas sur le « point de divergence », base du genre uchronique, il nous dépeint des personnages et des intrigues politiques fascinants, dans une Venise ancrée dans notre siècle. Une République plus simplifiée et un État parlementaire moderne membres des institutions internationales contemporaine mais qui est très - trop (?) - traitée comme un ouvrage d'histoire politique, rédigé a posteriori et pas suffisamment comme une uchronie en tant que telle.

Néanmoins, une telle plume érudite mérite d’être encouragée dans ses efforts, car l'auteur nous montre avec talent que, contrairement à la chanson de Charles Aznavour, ce n’est pas triste, Venise !

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