Odyssées, l'intégrale des nouvelles (The Collected Stories of Arthur C. Clarke) @ 2013 Bragelonne
Dans ce volume sont réunies 106 nouvelles, comprenant plusieurs récits inédits en français. On retrouve les classiques comme La Sentinelle (point de départ du film 2001 : l'odyssée de l'espace), Les Neuf Milliards de noms de Dieu, L'Étoile et Face-à-face avec Méduse, mais aussi des histoires moins connues qui révèlent d'autres facettes de l'auteur. Chantre de la conquête de l'espace - on a droit ici à un véritable Grand Tour du système solaire -, Clarke fut également prophète de l'ère des télécommunications universelles, explorateur des fonds sous-marins, humoriste et commentateur de l'aventure humaine dans un univers recelant encore bien des mystères.
Un ouvrage aussi complet que définitif, qui aura sa place dans la bibliothèque de tout amoureux de la science-fiction.
💜💜💜💜💜 Vacances sur la Lune (Holiday on the Moon, 1951)
Des vacances sur la Lune, ça vous dit ?
Lorsque Madame Martin reçoit un appel téléphonique très longue distance de la part de son mari, qui l’invite à venir passer des vacances sur la Lune, elle n’a pas vraiment le loisir de réfléchir à la question. Elle n’a pas le choix. En effet, M. Martin, qui est le directeur de l’Observatoire Lunaire, aujourd’hui centre de toute recherche astronomique, lui annonce qu’il ne peut malheureusement pas rentrer sur Terre comme c’était prévu, car il vient de faire une découverte absolument inouïe qui mérite toute son attention ! Il invite donc son épouse et ses deux enfants aînés à le rejoindre sur la Lune. La pauvre Mme Martin peut donc dire « adieu ! » aux vacances qu’elle avait prévu à Majorque avec sa famille. Et voilà, quelques jours plus tard, la petite famille embarque à bord du Centaurus, le vaisseau spatial qui va les conduire jusque sur la Lune, pour des vacances inoubliables.
Ce récit met surtout en avant Daphne, la fille aînée des Martin, et son intérêt grandissant pour l’astronomie.
Durant sa courte vie, Daphne avait vu l’homme partir à la conquête de l’espace, tout comme, des centaines d’années auparavant, Christophe Colomb et les grands explorateurs du Moyen Âge avaient découvert le monde. Les premières étapes de la conquête avaient été désormais franchies. Des petites colonies de chercheurs s’étaient établies sur Mars et Vénus, et sur la Lune. (Arthur C. Clarke)
C’est sous le pseudonyme de Charles Willis qu’Arthur C. Clarke écrivit cette nouvelle en 1951, soit bien avant la mission Apollo 11. De cette histoire, il dit :
Cette histoire résulte d'une partie de bras de fer avec la charmante éditrice d'un magazine pour jeunes femmes, Heiress. Elle fut publiée en feuilleton de quatre épisodes (de janvier à avril 1951) sous le nom de Charles Willis. Un demi-siècle plus tard, je ne peux me rappeler pourquoi j'ai pris un pseudonyme. J'avais peut-être peur de perdre mon image de macho... (Arthur C. Clarke)
Ici, contrairement à l’excellent Les Gouffres de la Lune du même auteur, pas de périples ou d’aventures lunaires. Le texte est sympathique et permet à Arthur C. Clarke d’exprimer ses idées sur un modèle de construction d’une base lunaire, de ses infrastructures, dont un observatoire, de ce que nous pourrions y observer comme phénomènes. Le tout accompagné d’une visite en car sur la face cachée de la Lune pour découvrir ce qu’elle pourrait y recéler. On a également le droit à de belles descriptions du sol lunaire, ainsi que de la manière de percevoir le cosmos depuis le satellite naturel de la Terre.
Sur les plaines désertes et silencieuses de la Lune, sous des cieux de velours où les étoiles brillaient de tous leurs feux jour et nuit et que pas la moindre trace de nuage ne ternissait, les astronomes pouvaient enfin travailler dans de parfaites conditions, sans jamais être dérangés par le voile de l’atmosphère qu’ils avaient toujours dû combattre sur Terre. (Arthur C. Clarke)
Une jolie réflexion sur la place de la race humaine au sein du cosmos. Une ouverture à la curiosité. Un récit pour celles et ceux qu’anime la quête du secret des étoiles.
💜💜💜🤍🤍 Retour sur soi (Playback, 1966)
Un monologue de William Vincent Neuberg, chef pilote à la Surveillance galactique, dont le vaisseau a explosé et qui tente de comprendre ce qu'il lui arrive.
Comment a-t-il pu survivre à cet accident ? Où se trouve-t-il ? Pourquoi personne ne lui répond-il ? Que reste-il de son corps ? Pourquoi ne peut-il plus sentir ses bras, ses jambes ?
Au fil de ses réflexions, son cerveau semble lui aussi le lâcher...
Un texte court qui fait froid dans le dos dès que l'on en saisit le propos.
Comment a-t-il pu survivre à cet accident ? Où se trouve-t-il ? Pourquoi personne ne lui répond-il ? Que reste-il de son corps ? Pourquoi ne peut-il plus sentir ses bras, ses jambes ?
Au fil de ses réflexions, son cerveau semble lui aussi le lâcher...
Un texte court qui fait froid dans le dos dès que l'on en saisit le propos.
💜🤍🤍🤍🤍 La plus longue histoire de science-fiction jamais contée (The Longest Science-fiction Story Ever Told, 1966)
Lorsqu’il a publié cette nouvelle dans son magazine, Frederik Pohl, son rédacteur en chef, s’est félicité d’avoir su mettre un nombre infini de mots dans une seule page. (Arthur C. Clarke)
Cette "nouvelle" consiste en deux paragraphes de cinq lignes dupliqués trois fois chacun sur la même page. Il s'agit d'une réponse négative d'un éditeur à un auteur à propos de la publication de son manuscrit de science-fiction.
J'imagine que c'est censé être humoristique ou même ironique ?
Bizarre que cela... 🥴😅
💜💜💜💜🤍 Le Vent qui vient du Soleil (The Wind from the Sun, 1964)
Histoire d’une course de voiliers, à la différence qu’elle a lieu dans l’espace et que l’on utilise des voiles solaires. Ce moyen de propulsion spatiale est de nos jours encore sérieusement envisagé. Le titre originel de la nouvelle était Sunjammer mais, Poul Anderson ayant eu la même idée presque au même moment(*), j'ai été obligé d’en trouver un autre. (Arthur C. Clarke)
Note : (*) La nouvelle Sunjammer de Poul Anderson est parue dans Analog en avril 1964.
Dans cette nouvelle, Arthur C. Clarke invite le lecteur à assister à un sport de milliardaires : une régate… solaire ! Dans les sombres prairies de l’espace, les hommes désormais naviguent en solitaire de la Terre à la Lune à la barre de voiliers, ainsi que l’avaient fait nos ancêtres lorsqu’ils faisaient la course autour du monde sur les océans de la Terre à bord de bateaux sophistiqués. Et tout ceci sans brûler une seule goutte de combustible, parce que la navigation est possible en captant l’énergie du soleil dans de gigantesques voiles.
Merton, constructeur de vaisseaux spatiaux de son métier, est l’un des concurrents de cette course dans l’espace. Et pour l’occasion, il s’est fabriqué son propre navire stellaire et il compte bien remporter la victoire, malgré les coups bas et tricheries de ses adversaires. Sauf que lorsque l’on joue sur un terrain de jeux de la taille du système solaire, il faut s’attendre à quelques éléments imprévus…
La chute est bien amenée et la conclusion est porteuse d’un message d’espoir pour tout amateur d’étoiles.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, qui est aussi un moyen pour cet auteur visionnaire d’étayer ses théories sur les diverses possibilités que pourraient offrir l’énergie solaire.