Galaxies SF no 83 | Illustration de couverture @ Frédéric Michaud | Photo @ Koyolite Tseila, édition privée
La visitation (Goliathus)
Un couple de fermiers dans la France profonde reçoivent la visite distante d'un astronef.
Déjà, le titre « La visitation » interpelle. À l’origine, visitation, terme chrétien, désigne la joyeuse rencontre entre deux femmes enceintes, la première de l’enfant Jésus, la seconde du futur prophète Saint-Jean-Baptiste. Inutile de dire que les deux imminentes mères se réjouissent chacune de porter un être qui va changer, voire sauver le monde.
Or, dans notre nouvelle, rien de tout cela. Bien que bouleversante, la visitation n’annonce rien de meilleur. L’expression réfère plutôt à une rencontre sans suite, avortée, entre un OVNI et un couple de fermiers.
Ce court texte d’une dizaine de pages captive par son style impressionnant, précis, son vocabulaire riche qui vous plonge dans la campagne profonde. Décor de terroir garanti, avec des personnages peu futés qui fleurent fort le bouc. L’ambiance rustique est encore relevée par une journaliste très locale, « experte du saugrenu en campagne ». En effet, celle-ci se montre très excitée à recueillir le témoignage du couple de paysans qu’a troublé la visite céleste d’un vaisseau spatial. Elle s’enthousiasme à la perspective d’écrire un article sur cet événement des plus singuliers. Quant aux époux, entre l’effroi et la colère, traumatisés par l’apparition peu naturelle, ils virent à la superstition rurale teintée de croyances plus ou moins catholiques.
Ce qui semble remarquable dans cette histoire, c’est la tournure stérile des événements, laquelle s’oppose à l’idée sous-jacente de fécondité suggérée par le titre. Les visiteurs ET sont les survivants d’une civilisation auto-annihilée ; le couple visité demeure sans descendance depuis la fausse-couche de madame ; parmi les effets de la présence étrange venue de l’espace, les fruits deviennent véreux, le petit d’une chèvre viendra au monde mort-né. Seule la journaliste semble s’obstiner à espérer une heureuse issue, la rencontre avec des étrangers d’un autre soleil.
Un très étrange récit qui roule les « r » du terroir, terroir au-dessus duquel, sans en avoir l’air, plane le vautour d’une certaine désolation. Quoi qu’il en soit, le Parisien Goliathus est bel et bien un auteur à suivre.
Cette nouvelle de science-fiction est au sommaire de la revue Galaxies SF no 83.
Déjà, le titre « La visitation » interpelle. À l’origine, visitation, terme chrétien, désigne la joyeuse rencontre entre deux femmes enceintes, la première de l’enfant Jésus, la seconde du futur prophète Saint-Jean-Baptiste. Inutile de dire que les deux imminentes mères se réjouissent chacune de porter un être qui va changer, voire sauver le monde.
Or, dans notre nouvelle, rien de tout cela. Bien que bouleversante, la visitation n’annonce rien de meilleur. L’expression réfère plutôt à une rencontre sans suite, avortée, entre un OVNI et un couple de fermiers.
Ce court texte d’une dizaine de pages captive par son style impressionnant, précis, son vocabulaire riche qui vous plonge dans la campagne profonde. Décor de terroir garanti, avec des personnages peu futés qui fleurent fort le bouc. L’ambiance rustique est encore relevée par une journaliste très locale, « experte du saugrenu en campagne ». En effet, celle-ci se montre très excitée à recueillir le témoignage du couple de paysans qu’a troublé la visite céleste d’un vaisseau spatial. Elle s’enthousiasme à la perspective d’écrire un article sur cet événement des plus singuliers. Quant aux époux, entre l’effroi et la colère, traumatisés par l’apparition peu naturelle, ils virent à la superstition rurale teintée de croyances plus ou moins catholiques.
Ce qui semble remarquable dans cette histoire, c’est la tournure stérile des événements, laquelle s’oppose à l’idée sous-jacente de fécondité suggérée par le titre. Les visiteurs ET sont les survivants d’une civilisation auto-annihilée ; le couple visité demeure sans descendance depuis la fausse-couche de madame ; parmi les effets de la présence étrange venue de l’espace, les fruits deviennent véreux, le petit d’une chèvre viendra au monde mort-né. Seule la journaliste semble s’obstiner à espérer une heureuse issue, la rencontre avec des étrangers d’un autre soleil.
Un très étrange récit qui roule les « r » du terroir, terroir au-dessus duquel, sans en avoir l’air, plane le vautour d’une certaine désolation. Quoi qu’il en soit, le Parisien Goliathus est bel et bien un auteur à suivre.
Cette nouvelle de science-fiction est au sommaire de la revue Galaxies SF no 83.