Nou3 | We3 | G. Morrison, F. Quitely | 2004

Très bonne présentation ! J'ai l'ai lu récemment et je partage ce qui a été dit.
Le scénario est une énième transposition du thème de Rambo, et ça marche à chaque fois. Au nom de valeurs abstraites, plus grandes que nous-mêmes, une institution emploie des méthodes inhumaines, puis cherche à mettre sous le tapis les instruments de cette barbarie pour préserver sa morale immaculée.
La scène d’ouverture est une mission commando qui se termine par l’annihilation pure et simple d’un obscur dictateur. Le résultat est trop bien mené, les « biorgs » qui ont fait le sale boulot risquent de faire peur à l’électorat, il faut les supprimer. Bien sûr la scientifique en charge de leur suivi ne peut pas se conformer à la chaîne de commandement militaire, et va leur laisser une chance de prendre le maquis.
Les individus concernés sont des animaux de compagnie qu’on croyait morts, ceux dont on voit la frimousse placardés dans le voisinage. « Avez-vous vu Minette ? » La petite chatte tigrée est devenue un agent furtif, un chat-ninja redoutable, dont le vocabulaire se résume à « chef nul ». Les deux autres ne sont pas mieux. Le dispositif de communication révèle qu’ils n’aspirent qu’à très peu de choses : maison, faim, bon chien. Mais ils n’ont ni foyer, ni nourriture, ni soin, ni reconnaissance, alors ils fuient. Leur expression brute, sans copule ni déterminant, sans grammaire, montre l’immédiateté de leur conscience, mais laisse supposer que la réflexivité réside aussi dans la sensibilité.
On réduit souvent la vie animale à une absence de conscience, sans intentionnalité, de là nous la qualifions d’amoral. NOU3 illustre que l’affect participe de la raison pratique et de la faculté de juger. Ces animaux augmentés n’ont rien d’humain, les auteurs parviennent à ne pas en faire trop des visions anthropomorphiques, ils gardent leur immédiateté à eux-mêmes, et prouvent qu’on peut toucher au bien par ce seul angle de l’affect.
Plus largement, je salue l’idée de ne recourir qu’à des animaux domestiques, et de ne pas être allé chercher des fauves. C’est une idée qu’on retrouve dans LAMB de Jóhannsson : l’animal domestiqué se trouve dans un entre deux intenable, entre l’humain et le sauvage. Nous portons sur eux un regard ambivalent, ils nous sont familiers et pourtant autres. Finalement, ils sont comme nous, à la fois des animaux et autre chose.
Cela vaut pour les hommes comme pour les animaux : l’individu a beaucoup à partagé, mais il y aura toujours une part de lui qui échappe, qui...

Très bonne présentation ! J'ai l'ai lu récemment et je partage ce qui a été dit.
Le scénario est une énième transposition du thème de Rambo, et ça marche à chaque fois. Au nom de valeurs abstraites, plus grandes que nous-mêmes, une institution emploie des méthodes inhumaines, puis cherche à mettre sous le tapis les instruments de cette barbarie pour préserver sa morale immaculée.
La scène d’ouverture est une mission commando qui se termine par l’annihilation pure et simple d’un obscur dictateur. Le résultat est trop bien mené, les « biorgs » qui ont fait le sale boulot risquent de faire peur à l’électorat, il faut les supprimer. Bien sûr la scientifique en charge de leur suivi ne peut pas se conformer à la chaîne de commandement militaire, et va leur laisser une chance de prendre le maquis.
Les individus concernés sont des animaux de compagnie qu’on croyait morts, ceux dont on voit la frimousse placardés dans le voisinage. « Avez-vous vu Minette ? » La petite chatte tigrée est devenue un agent furtif, un chat-ninja redoutable, dont le vocabulaire se résume à « chef nul ». Les deux autres ne sont pas mieux. Le dispositif de communication révèle qu’ils n’aspirent qu’à très peu de choses : maison, faim, bon chien. Mais ils n’ont ni foyer, ni nourriture, ni soin, ni reconnaissance, alors ils fuient. Leur expression brute, sans copule ni déterminant, sans grammaire, montre l’immédiateté de leur conscience, mais laisse supposer que la réflexivité réside aussi dans la sensibilité.
On réduit souvent la vie animale à une absence de conscience, sans intentionnalité, de là nous la qualifions d’amoral. NOU3 illustre que l’affect participe de la raison pratique et de la faculté de juger. Ces animaux augmentés n’ont rien d’humain, les auteurs parviennent à ne pas en faire trop des visions anthropomorphiques, ils gardent leur immédiateté à eux-mêmes, et prouvent qu’on peut toucher au bien par ce seul angle de l’affect.
Plus largement, je salue l’idée de ne recourir qu’à des animaux domestiques, et de ne pas être allé chercher des fauves. C’est une idée qu’on retrouve dans LAMB de Jóhannsson : l’animal domestiqué se trouve dans un entre deux intenable, entre l’humain et le sauvage. Nous portons sur eux un regard ambivalent, ils nous sont familiers et pourtant autres. Finalement, ils sont comme nous, à la fois des animaux et autre chose.
Cela vaut pour les hommes comme pour les animaux : l’individu a beaucoup à partagé, mais il y aura toujours une part de lui qui échappe, qui lui est propre et qu’il est beau de ne pas pouvoir saisir. Il est beau de voir quelqu’un se libérer de ses chaînes et trouver la paix. 1, 2 et 3 défoncent comme des pros tous les enfouraillés qui veulent les occire, et ça fait plaisir à voir.