Décembre. La neige tombe en lourds flocons sur Gotham, Metropolis et toutes les vastes cités protégées par les grands super-héros de la Terre. Mais pour eux comme pour tout le monde, la magie des fêtes de fin d'année est à l'oeuvre. Deux numéros composent le sommaire, eux-mêmes constitués d'un chapelet d'histoires courtes où vous pourrez retrouver Superman, Batman, Flash, John Constantine, Wonder Woman, le Sergent Rock, les Chevaliers Atomiques ou encore Batgirl, Poison Ivy et Harley Quinn. Le tout orchestré par les plus grands auteurs, parmi lesquels Jeff Lemire, Giuseppe Camuncoli, Denny O'Neil, Steve Epting, Tom King, Francisco Francavilla, Joshua Williamson, Christopher Priest, Tom Grummett, Francis Manapul, Greg Rucka, Bilquis Evely, Bruce Timm, Paul Dini et tant d'autres, tous réunis au coin de la cheminée...
Fiche de lecture
En décembre 1994 sortait une anthologie courte ayant comme thème Noël, le titre original était « Batman Adventures Holiday Special ». Elle se conformait à la première série de Comic Books débutée lors du succès de la série télévisée d’animation de chez DC comics en 1992. Il y a donc 24 ans de ça nous découvrions alors sur papier une adaptation spéciale de la série animée sur certaines péripéties du « chevalier noir », et particulièrement sous la neige durant les fêtes de fin d’année.
A la base du concept graphique il y avait Bruce Timm et Éric Radomski, ceux-là même qui firent de cette série animée un véritable succès. L’attachement aux aventures de « l’homme chauve-souris » grandissant, j’affectionnais profondément « Batman la série animée » qui jusqu’en 1995 révolutionna la façon d’adapter pour la télévision le héros iconique.
Dans le monde des comics ce fut une incroyable révélation car le coup de crayon minimaliste et précis de Bruce s’enrichissait, grâce aux cadrages et plans intelligemment pensés, et surtout des scénarios au ton moderne de Paul Dini. La psychologie et les interrogations philosophiques des personnages assombrissaient autant qu’ils humanisaient les pires méchants de l’histoire de Gotham. En précisant que cette belle originalité stylistique empruntait aux univers « rétro-policier » façon Los-Angeles Noir des années 40 son atmosphère si évidente ; noire et mélancolique. Usant de chemins peu conventionnels je fus à l’époque incroyablement impressionné de la maturité des sujets traités ; malgré la cible média pointant l’adolescence, jamais cette tranche d’âge ne fut endommagée d’imbécillités.
C’est donc aujourd’hui que je découvre dans ce recueil la réimpression de tout ce monde sombre et fantastique. Ce récit complet propose 11 nouveaux chapitres (DC Holiday Special 2017) avec d’autres auteurs dont l’art, si impressionnant soit-il, ne dépasse jamais la réédition de ces contes de noël des années 90 qui leur font suite dans le magazine. Parce que nous palpons l’ingéniosité de ses créateurs (déjà ressentie dans le dessin animé) que ce retour du passé juxtaposé à ce qui se fait maintenant dénote toujours. De ce parti pris décalé et connu de tous, il reste la marque de fabrique et tout le savoir-faire de l’équipe de cette époque bénie ; cette différence définit sa force. La contrainte d’écriture, à la limite du sketch parodique, présente une imagination brute titillant l’humour noir et le drame. Jamais je n’aurais été attiré par cette revue BD (Récit complet BATMAN *10) sans la puissance illustrative de sa couverture dessinée par Mike Mignola avec Mr Freeze en position de gagnant face à un Batman saisi par la glace. Et c’est avec Victor Fries « à l’affiche » (Dr Freeze /Mr Zéro), personnage utilisé autrefois comme faire valoir de Batman ; dont les ressorts comiques l’installaient dans ce monde d’une manière à ce qu’il ne fut aux yeux de tous comme fade et secondaire (créé par Bill Finger, Sheldon Moldoff et Dave Wood, Batman * 121 en 1959) que j’ai compris la puissance scénaristique et l’audace que les auteurs avaient su appliquer sur la série animée en exploitant sa vie d’une manière tragique. De super vilain décérébré il passait à un authentique Dr « fou » dont les agissements obsessionnels n’existaient que vers un but précis, sauver sa femme Nora atteinte d’une grave maladie. Expert en cryogénie, il expérimenta son savoir sur elle avant que la terrible tragédie n’effectua des dégâts considérables sur lui et ne se termina sur une déclinaison sous diverses formes ayant comme centre d’intérêt : la mort et la vengeance (mort de sa femme, mort de son humanité, vengeance sur les responsables de son malheur).
A la base du concept graphique il y avait Bruce Timm et Éric Radomski, ceux-là même qui firent de cette série animée un véritable succès. L’attachement aux aventures de « l’homme chauve-souris » grandissant, j’affectionnais profondément « Batman la série animée » qui jusqu’en 1995 révolutionna la façon d’adapter pour la télévision le héros iconique.
Dans le monde des comics ce fut une incroyable révélation car le coup de crayon minimaliste et précis de Bruce s’enrichissait, grâce aux cadrages et plans intelligemment pensés, et surtout des scénarios au ton moderne de Paul Dini. La psychologie et les interrogations philosophiques des personnages assombrissaient autant qu’ils humanisaient les pires méchants de l’histoire de Gotham. En précisant que cette belle originalité stylistique empruntait aux univers « rétro-policier » façon Los-Angeles Noir des années 40 son atmosphère si évidente ; noire et mélancolique. Usant de chemins peu conventionnels je fus à l’époque incroyablement impressionné de la maturité des sujets traités ; malgré la cible média pointant l’adolescence, jamais cette tranche d’âge ne fut endommagée d’imbécillités.
C’est donc aujourd’hui que je découvre dans ce recueil la réimpression de tout ce monde sombre et fantastique. Ce récit complet propose 11 nouveaux chapitres (DC Holiday Special 2017) avec d’autres auteurs dont l’art, si impressionnant soit-il, ne dépasse jamais la réédition de ces contes de noël des années 90 qui leur font suite dans le magazine. Parce que nous palpons l’ingéniosité de ses créateurs (déjà ressentie dans le dessin animé) que ce retour du passé juxtaposé à ce qui se fait maintenant dénote toujours. De ce parti pris décalé et connu de tous, il reste la marque de fabrique et tout le savoir-faire de l’équipe de cette époque bénie ; cette différence définit sa force. La contrainte d’écriture, à la limite du sketch parodique, présente une imagination brute titillant l’humour noir et le drame. Jamais je n’aurais été attiré par cette revue BD (Récit complet BATMAN *10) sans la puissance illustrative de sa couverture dessinée par Mike Mignola avec Mr Freeze en position de gagnant face à un Batman saisi par la glace. Et c’est avec Victor Fries « à l’affiche » (Dr Freeze /Mr Zéro), personnage utilisé autrefois comme faire valoir de Batman ; dont les ressorts comiques l’installaient dans ce monde d’une manière à ce qu’il ne fut aux yeux de tous comme fade et secondaire (créé par Bill Finger, Sheldon Moldoff et Dave Wood, Batman * 121 en 1959) que j’ai compris la puissance scénaristique et l’audace que les auteurs avaient su appliquer sur la série animée en exploitant sa vie d’une manière tragique. De super vilain décérébré il passait à un authentique Dr « fou » dont les agissements obsessionnels n’existaient que vers un but précis, sauver sa femme Nora atteinte d’une grave maladie. Expert en cryogénie, il expérimenta son savoir sur elle avant que la terrible tragédie n’effectua des dégâts considérables sur lui et ne se termina sur une déclinaison sous diverses formes ayant comme centre d’intérêt : la mort et la vengeance (mort de sa femme, mort de son humanité, vengeance sur les responsables de son malheur).
Quel petit bijou (!) qui, en 13 planches vous émeut d’une manière très confortable, car c’est d’une simplicité à toute épreuve, une logique profondément humaine qui s’accroit en si peu de texte et de dialogues « encasés » devant nous. Tout s’anime sur un questionnement philosophique autour de « l’amour perdu » que l’on souhaiterait réanimer ; et qu’il ne s’évanouisse pas de sa mémoire de façon trop brutale. Parce que la rivalité entre les deux ennemis n’est pas aussi puissamment théâtralisée qu’avec les autres méchants du justicier (Le Joker, Bane, Double-Face, Le Pingouin etc…) que l’on s’attarde plus « tranquillement » sur leur combat, qui de fait, donne un ton plus dramatique. Leurs réflexions, sensiblement humaines, vouent aux réponses proposées quelque chose qui touche au sacré. Une sorte d’obsession qui s’impose par la disparition d’êtres chères et vous torture jusqu’à ce que vous décidiez ; soit que vous fassiez le bien ou soit que vous disposiez à provoquer le Mal.
La narration est principalement graphique, elle se visualise grâce aux cadrages, aux cases suivant une pensée et la développant jusqu’à sa conclusion d’une évidence touchante. Les points de vue ne subsistent que dans l’empathie et ce n’est pas en portant des masques (cachant les yeux pour Batman et un casque « vitré » pour Mr Freeze) que les agissements des deux personnages principaux s’opposant, bien qu’antagonistes, ne se ressemblent pas. En tirant « facilement » le fil de mon raisonnement, malgré les choix de vie, subits ou obligés de l’un et de l’autre, leur manière « d’exister » sont réciproquement identiques. Comme une dichotomie entre la raison et la passion, la symbolique du Yin et du Yang, alors que chacun doit surmonter l’épreuve du deuil, l’on se sent concerné par tous ces éléments qui raisonnent en chacun de nous, nous interpellent, que l’on soit bon ou mauvais. Batman est toujours à la limite d’une violence intrinsèque le mettant souvent en situation délicate où son basculement total dans le Noir est possible tandis que Mister Freeze prend parfois des décisions philanthropiques. Finalement l’un et l’autre se complètent et quelque part se comprennent.
La narration est principalement graphique, elle se visualise grâce aux cadrages, aux cases suivant une pensée et la développant jusqu’à sa conclusion d’une évidence touchante. Les points de vue ne subsistent que dans l’empathie et ce n’est pas en portant des masques (cachant les yeux pour Batman et un casque « vitré » pour Mr Freeze) que les agissements des deux personnages principaux s’opposant, bien qu’antagonistes, ne se ressemblent pas. En tirant « facilement » le fil de mon raisonnement, malgré les choix de vie, subits ou obligés de l’un et de l’autre, leur manière « d’exister » sont réciproquement identiques. Comme une dichotomie entre la raison et la passion, la symbolique du Yin et du Yang, alors que chacun doit surmonter l’épreuve du deuil, l’on se sent concerné par tous ces éléments qui raisonnent en chacun de nous, nous interpellent, que l’on soit bon ou mauvais. Batman est toujours à la limite d’une violence intrinsèque le mettant souvent en situation délicate où son basculement total dans le Noir est possible tandis que Mister Freeze prend parfois des décisions philanthropiques. Finalement l’un et l’autre se complètent et quelque part se comprennent.
Du recueil d’histoires Comics je n’ai voulu présenter, que, ce récit tendre se tournant sur une filiation improbable entre Batman et Mr Freeze. Les dessins comme l’histoire, soutenus par une colorisation pertinente, ont prouvé que l’imagination lorsqu’elle est identifiée comme originale réussit à convaincre et soulever une réelle émotion.
Depuis l’œuvre de Mary Shelley ; « Frankenstein ou le Prométhée moderne » (1918), la place du savant fou pris toute sa place dans la littérature puis la culture de genre. Cette figure devint incontournable dans la culture populaire et notamment dans le cinéma fantastique et de science-fiction. Au-delà du stéréotype et du trait grossi par le cliché de la folie, je remarque que le plus intéressant c’est la complexité psychologique de l’homme dépassé par son obstination à poursuivre ses travaux scientifiques, jusqu’au chaos. Mr Freeze n’a jamais été aussi intéressant dans BATMAN Adventures sous la plume de Paul Dini, ne serait-ce sous les coups de crayons de n’importe quels dessinateurs.
Depuis l’œuvre de Mary Shelley ; « Frankenstein ou le Prométhée moderne » (1918), la place du savant fou pris toute sa place dans la littérature puis la culture de genre. Cette figure devint incontournable dans la culture populaire et notamment dans le cinéma fantastique et de science-fiction. Au-delà du stéréotype et du trait grossi par le cliché de la folie, je remarque que le plus intéressant c’est la complexité psychologique de l’homme dépassé par son obstination à poursuivre ses travaux scientifiques, jusqu’au chaos. Mr Freeze n’a jamais été aussi intéressant dans BATMAN Adventures sous la plume de Paul Dini, ne serait-ce sous les coups de crayons de n’importe quels dessinateurs.