Et si, soixante ans plus tard, des zones d’ombre subsistaient encore dans le drame du 11 septembre 2001 ?
Issue d’une famille new-yorkaise traumatisée par les attentats, Katherine Devonshire, une jeune historienne, en est pour sa part persuadée.
Mais le temps presse, car les derniers acteurs de cette tragédie atteignent un à un le crépuscule de leur vie. Et où chercher les vérités enfouies si ce n’est au tréfonds de leur mémoire ? Dans ces territoires secrets et reculés auxquels l’évulsion donne désormais accès ?
Hélas, la loi interdit ce nouveau procédé, jugé par trop liberticide. Restent les lecteurs de mémoire clandestins, une voie périlleuse que la jeune femme, obstinée, n’hésite pas à emprunter.
Issue d’une famille new-yorkaise traumatisée par les attentats, Katherine Devonshire, une jeune historienne, en est pour sa part persuadée.
Mais le temps presse, car les derniers acteurs de cette tragédie atteignent un à un le crépuscule de leur vie. Et où chercher les vérités enfouies si ce n’est au tréfonds de leur mémoire ? Dans ces territoires secrets et reculés auxquels l’évulsion donne désormais accès ?
Hélas, la loi interdit ce nouveau procédé, jugé par trop liberticide. Restent les lecteurs de mémoire clandestins, une voie périlleuse que la jeune femme, obstinée, n’hésite pas à emprunter.
Fiche de lecture
Voilà une œuvre d’anticipation très « inhabituelle » pour moi. Je me suis plongé dans les premières pages et j’ai eu du mal à devoir le reposer de temps à autre – les contingences de la vie quotidienne n’ayant pas accepté de se plier à mes caprices. Lu en quelques heures, ce roman m’a laissé une étrange impression par bien des questions qu’il soulève.
Le thème, fil rouge et point d’orgue à la fois, est bien évidemment la journée du 11 septembre 2001. Ayant vécu ce drame par les médias lors d’un événement important avec plusieurs collègues, j’ai, comme beaucoup, été profondément marqué par ce que j’ai vu et, le texte, a réveillé pas mal d’émotions à reparler de tout cela, avec un focus sur les jumpers et « the falling man » assez bouleversant.
Sur quelques jours précédents le 11 septembre, soixante ans après ces événements, puis lors de cette date anniversaire, nous suivons une famille traumatisée par cette tragédie, celle des Atkins et Atkins-Scott.
En 2061, une technologie particulière, celle de l’évulsion, permet de « récupérer » la mémoire d’une personne dans les minutes suivant son décès – à condition qu’elle ait été préparée à cela par des médicaments spécifiques. Cette mémoire est alors travaillée et mise en forme par des « lecteurs » qui la rendent visualisable au travers de livrets pour que les proches du mort puissent revenir-revoir-découvrir les meilleurs souvenirs ou des moments marquants de sa vie (ce qui m’a bien sûr fait penser au film Final Cut avec Robin Williams).
Évidemment, tout le monde n’a ni les moyens ni l’envie ou la possibilité de réaliser cela, d’autant que cette « technologie » est prohibée et que les organisations qui pratiquent cela le font dans la clandestinité.
Justement Clarence Atkins-Scott est membre de l’un de ses groupes, chargée du recrutement d’infirmiers capables de préparer les personnes âgées à cette opération d’évulsion (si vous ne connaissez pas le terme, il signifie arrachement, extraction). Or, sans qu’elle le sache, sa cousine, Katherine, historienne, fait partie du même groupe. Mais cette dernière poursuit des objectifs bien particuliers. Elle est obsédée par le 11 septembre, la recherche de la « vérité » – pour elle, ce n’est pas sans raison que tant de théories du complot soient apparues à ce sujet. Or, leur grand-mère Destiny garde dans sa mémoire de nombreuses informations qui pourraient conforter Katherine dans ses idées. En effet, le mari et le beau-frère, décédés, sont des héros des opérations de secours et Grâce, enfant rejetée, première fille de Destiny et mère de Clarence, porte d’immenses blessures morales, conséquences des traumatismes de cette période.
Le cadre est planté.
La force du roman repose sur deux éléments clefs (de mon point de vue très subjectif).
D’une part, les éclairages qui sont faits çà et là sur notre condition humaine ; ainsi prend-on un sale coup au moral avec les premiers chapitres et une triste réalité : celle de la vieillesse, avec la déchéance physique des corps et la déliquescence des esprits que nous serons toutes et tous amenés certainement à connaître si nous vivons jusqu’à un âge avancé. Tout au long du roman, de nombreux éléments poussent ainsi à la réflexion, dont celui des jumpers, rebaptisés fallers (ceux qui tombent, en hommage au falling man) à cette époque.
D’autre part, les caractères des protagonistes. Franchement, j’ai souvent eu envie d’en baffer ou secouer, râlant pour leur égoïsme, leurs mensonges autant que le mépris qu’ils affichent les uns envers les autres… Ce qui laisse comprendre que l’autrice a su rendre crédibles ses personnages. Ajoutons-y aussi les plus faibles parmi les vieillards, les blessés et vulnérables.
Le roman nous fait osciller, sans cesse, entre 2001 et 2061. Pas de héros ou d’héroïne, pas de grandeur mise en avant, Hélène Cruciani nous lance dans des tragédies humaines, familiales et intime.
Je ne vais pas détailler deux éléments qui m’ont arraché une petite grimace, un rendu technologique pour l’un, comportemental pour l’autre. Ils servent l’histoire et sont suffisamment bien présentés pour qu’on les accepte, me permettant de fermer les yeux.
Si la fin est assez abrupte, elle est logique ; l’étendre ou la délayer n’aurait sans doute rien apporté de plus.
En conclusion, voilà un récit qui m’a vraiment entraîné, en associant une tragédie, devenue internationale, et un drame familial. Un chouette mélange d’anticipation et d’histoire réelle, avec une galerie de personnages chargés d’autant de qualités que de défauts, qui ne laissent guère indifférent. Si vous ne l’avez pas dans votre PAL, à ajouter sans hésiter de mon point de vue si vous appréciez cette « dimension humaine » d’un roman.
Le thème, fil rouge et point d’orgue à la fois, est bien évidemment la journée du 11 septembre 2001. Ayant vécu ce drame par les médias lors d’un événement important avec plusieurs collègues, j’ai, comme beaucoup, été profondément marqué par ce que j’ai vu et, le texte, a réveillé pas mal d’émotions à reparler de tout cela, avec un focus sur les jumpers et « the falling man » assez bouleversant.
Sur quelques jours précédents le 11 septembre, soixante ans après ces événements, puis lors de cette date anniversaire, nous suivons une famille traumatisée par cette tragédie, celle des Atkins et Atkins-Scott.
En 2061, une technologie particulière, celle de l’évulsion, permet de « récupérer » la mémoire d’une personne dans les minutes suivant son décès – à condition qu’elle ait été préparée à cela par des médicaments spécifiques. Cette mémoire est alors travaillée et mise en forme par des « lecteurs » qui la rendent visualisable au travers de livrets pour que les proches du mort puissent revenir-revoir-découvrir les meilleurs souvenirs ou des moments marquants de sa vie (ce qui m’a bien sûr fait penser au film Final Cut avec Robin Williams).
Évidemment, tout le monde n’a ni les moyens ni l’envie ou la possibilité de réaliser cela, d’autant que cette « technologie » est prohibée et que les organisations qui pratiquent cela le font dans la clandestinité.
Justement Clarence Atkins-Scott est membre de l’un de ses groupes, chargée du recrutement d’infirmiers capables de préparer les personnes âgées à cette opération d’évulsion (si vous ne connaissez pas le terme, il signifie arrachement, extraction). Or, sans qu’elle le sache, sa cousine, Katherine, historienne, fait partie du même groupe. Mais cette dernière poursuit des objectifs bien particuliers. Elle est obsédée par le 11 septembre, la recherche de la « vérité » – pour elle, ce n’est pas sans raison que tant de théories du complot soient apparues à ce sujet. Or, leur grand-mère Destiny garde dans sa mémoire de nombreuses informations qui pourraient conforter Katherine dans ses idées. En effet, le mari et le beau-frère, décédés, sont des héros des opérations de secours et Grâce, enfant rejetée, première fille de Destiny et mère de Clarence, porte d’immenses blessures morales, conséquences des traumatismes de cette période.
Le cadre est planté.
La force du roman repose sur deux éléments clefs (de mon point de vue très subjectif).
D’une part, les éclairages qui sont faits çà et là sur notre condition humaine ; ainsi prend-on un sale coup au moral avec les premiers chapitres et une triste réalité : celle de la vieillesse, avec la déchéance physique des corps et la déliquescence des esprits que nous serons toutes et tous amenés certainement à connaître si nous vivons jusqu’à un âge avancé. Tout au long du roman, de nombreux éléments poussent ainsi à la réflexion, dont celui des jumpers, rebaptisés fallers (ceux qui tombent, en hommage au falling man) à cette époque.
D’autre part, les caractères des protagonistes. Franchement, j’ai souvent eu envie d’en baffer ou secouer, râlant pour leur égoïsme, leurs mensonges autant que le mépris qu’ils affichent les uns envers les autres… Ce qui laisse comprendre que l’autrice a su rendre crédibles ses personnages. Ajoutons-y aussi les plus faibles parmi les vieillards, les blessés et vulnérables.
Le roman nous fait osciller, sans cesse, entre 2001 et 2061. Pas de héros ou d’héroïne, pas de grandeur mise en avant, Hélène Cruciani nous lance dans des tragédies humaines, familiales et intime.
Je ne vais pas détailler deux éléments qui m’ont arraché une petite grimace, un rendu technologique pour l’un, comportemental pour l’autre. Ils servent l’histoire et sont suffisamment bien présentés pour qu’on les accepte, me permettant de fermer les yeux.
Si la fin est assez abrupte, elle est logique ; l’étendre ou la délayer n’aurait sans doute rien apporté de plus.
En conclusion, voilà un récit qui m’a vraiment entraîné, en associant une tragédie, devenue internationale, et un drame familial. Un chouette mélange d’anticipation et d’histoire réelle, avec une galerie de personnages chargés d’autant de qualités que de défauts, qui ne laissent guère indifférent. Si vous ne l’avez pas dans votre PAL, à ajouter sans hésiter de mon point de vue si vous appréciez cette « dimension humaine » d’un roman.