Le grand pouvoir du Chninkel, intégrale noir et blanc @ 1988 Casterman, Jean Van Hamme, Grzegorz Rosiński
Ce volume contient :
- Le Commandement
- Le Choisi
- Le Jugement
- Le Commandement
- Le Choisi
- Le Jugement
Fiche de lecture
Daar est un monde en guerre perpétuelle, menée par les Trois Immortels qui s'affrontent à chaque croisée des Soleils. J'on, un Chninkel, petit être de la taille d'un lutin, est chargé par U'n, le maître créateur des mondes, qui lui apparaît sous la forme d'un grand parallélépipède noir (référence à Kubrick), de rétablir la paix sur Daar, faute de quoi la planète sera engloutie dans une apocalypse de feu. Afin que J'on puisse réussir, U'n lui confie le « Grand Pouvoir », sans toutefois en préciser la nature.
J'on est un anti-héros, un être qui n'a d'autre désir que de vivre en paix, caché et si possible avec une compagne aimant autant que lui les étreintes amoureuses.
Les péripéties de J'on commencent donc après cette rencontre avec le monolithe et diverses rencontres se succèdent, dont G'wel, dont il tombe amoureux quand elle ne voit en lui que le « Choisi » dont parlent les prophètes et qui doit délivrer son peuple de l'asservissement. (Source : Wikipédia)
***
J'ai lu la version en noir et blanc, version originale, puis la version colorisée, qui à mon avis dessert la puissance de l'histoire. Le monde du Chninkel est un monde brutal, sombre, terriblement incertain, un monde où la mort peut frapper sans prévenir. La nature n'y est pas resplendissante mais ignorée.
On est dans « Bilbo le hobbit » et l'univers de Tolkien.
L'U'n est le Dieu créateur et il est rancunier car, il y a bien longtemps, les Chninkel se sont laissés convertir à la religion créée par N'ôm l'hérésiarque. Jusque-là, les Chninkel vivaient sereinement et la nature les comblait de ses bienfaits. L'U'n a donc envoyé les trois Immortels et ses armées pour propager la barbarie, le sang, la mort, la souffrance, l'esclavage.
Dans sa quête, J'on va rencontrer un sage, sous la forme d'un arbre immense, Sualtam.
Sualtam apprend à J'on qu'avant la guerre, les Chninkel étaient maîtres de Daar, mais que, pour avoir vénéré des idoles à la gloire d'un de leurs rois, N'ôm l'Hérésiarque, ils avaient été punis par le maître créateur à être réduits en esclavage par trois nouvelles races chacune commandée par un Immortel.
Afin de connaître l'avenir, J'on va ensuite trouver Volga la Devineresse qui, en plus de le dépuceler, lui crie une nouvelle prophétie : « La paix reviendra... Quand les trois s'uniraaaaah... »
Il est clair pour moi que nous sommes là dans une critique des trois religions monothéistes. L'U'n, c'est le « Deus sive natura » de Spinoza. Les Chninkel se sont détournés de cette voie naturelle en adoptant une religion adorant chacune « leur » Dieu. »
Les références au Nouveau Testament sont évidentes : le Messie (le Choisi), la Cène avec les Anciens, gardiens séniles de la parole divine, la trahison par un proche, la crucifixion.
Il ne s'agit aucunement de prosélytisme, bien au contraire... Car l'U'n se révélera un Dieu si rancunier qu'il ne tiendra aucunement la promesse faite à J'on.
La fin du récit assène une claque monumentale et un tombereau de réflexions infinies, un trouble profond. Car c'est de nous, humains, dont il s'agit.
Une œuvre très actuelle par conséquent. Il ne s'agit plus d'imaginer que les trois religions monothéistes s'uniront mais que l'homme, d'où qu'il soit, prendra enfin conscience que la Terre est divine puisqu'elle dispense la vie. Nous sommes très loin encore de cette conscience universelle. Si tant est qu'elle arrive un jour.
Voilà pour le fond, tel que je l'interprète, ce qui bien entendu, n'est aucunement une vérité.
Quant à la forme, je la classe dans les œuvres magistrales de la bande dessinée.
Dix lectures ne feront pas le tour de tout ce qui s'y trouve.
J'on est un anti-héros, un être qui n'a d'autre désir que de vivre en paix, caché et si possible avec une compagne aimant autant que lui les étreintes amoureuses.
Les péripéties de J'on commencent donc après cette rencontre avec le monolithe et diverses rencontres se succèdent, dont G'wel, dont il tombe amoureux quand elle ne voit en lui que le « Choisi » dont parlent les prophètes et qui doit délivrer son peuple de l'asservissement. (Source : Wikipédia)
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J'ai lu la version en noir et blanc, version originale, puis la version colorisée, qui à mon avis dessert la puissance de l'histoire. Le monde du Chninkel est un monde brutal, sombre, terriblement incertain, un monde où la mort peut frapper sans prévenir. La nature n'y est pas resplendissante mais ignorée.
On est dans « Bilbo le hobbit » et l'univers de Tolkien.
L'U'n est le Dieu créateur et il est rancunier car, il y a bien longtemps, les Chninkel se sont laissés convertir à la religion créée par N'ôm l'hérésiarque. Jusque-là, les Chninkel vivaient sereinement et la nature les comblait de ses bienfaits. L'U'n a donc envoyé les trois Immortels et ses armées pour propager la barbarie, le sang, la mort, la souffrance, l'esclavage.
« Du Sep venait Barr-Find Main Noire et la masse écrasante de ses légions d'airain. Brutes sans visage, bardées de fer, juchées sur leurs pesants Womochs cracheurs de feu.
De L'Hor fondait Jargoth le Parfumé et l'escadre mortelle de ses archers volants. Cruels androgynes, fendant les airs sur les voiles végétales des Orphyx carnivores.
Du Far se ruait Zembria la Cyclope et la horde déchaînée de ses amazones borgnes. Féroces guerrières à la paupière cousue, emportées au massacre par le galop d'acier de leurs Traganes sauvages. »
Dans sa quête, J'on va rencontrer un sage, sous la forme d'un arbre immense, Sualtam.
Sualtam apprend à J'on qu'avant la guerre, les Chninkel étaient maîtres de Daar, mais que, pour avoir vénéré des idoles à la gloire d'un de leurs rois, N'ôm l'Hérésiarque, ils avaient été punis par le maître créateur à être réduits en esclavage par trois nouvelles races chacune commandée par un Immortel.
Afin de connaître l'avenir, J'on va ensuite trouver Volga la Devineresse qui, en plus de le dépuceler, lui crie une nouvelle prophétie : « La paix reviendra... Quand les trois s'uniraaaaah... »
Il est clair pour moi que nous sommes là dans une critique des trois religions monothéistes. L'U'n, c'est le « Deus sive natura » de Spinoza. Les Chninkel se sont détournés de cette voie naturelle en adoptant une religion adorant chacune « leur » Dieu. »
Les références au Nouveau Testament sont évidentes : le Messie (le Choisi), la Cène avec les Anciens, gardiens séniles de la parole divine, la trahison par un proche, la crucifixion.
Il ne s'agit aucunement de prosélytisme, bien au contraire... Car l'U'n se révélera un Dieu si rancunier qu'il ne tiendra aucunement la promesse faite à J'on.
La fin du récit assène une claque monumentale et un tombereau de réflexions infinies, un trouble profond. Car c'est de nous, humains, dont il s'agit.
Une œuvre très actuelle par conséquent. Il ne s'agit plus d'imaginer que les trois religions monothéistes s'uniront mais que l'homme, d'où qu'il soit, prendra enfin conscience que la Terre est divine puisqu'elle dispense la vie. Nous sommes très loin encore de cette conscience universelle. Si tant est qu'elle arrive un jour.
Voilà pour le fond, tel que je l'interprète, ce qui bien entendu, n'est aucunement une vérité.
Quant à la forme, je la classe dans les œuvres magistrales de la bande dessinée.
Dix lectures ne feront pas le tour de tout ce qui s'y trouve.